Charles II le Chauve, (suite)
À la mort de Louis le Pieux, en 840, Lothaire tente de rétablir l'Empire à son seul profit. Unis dans l'adversité, Louis le Germanique et Charles le Chauve l'emportent sur leur frère, à Fontenoy-en-Puisaye, en 841. Leur alliance est renforcée à Strasbourg, le 14 février 842, par des « serments » très solennels que prononcent les deux rois et leurs troupes. Le 8 août 843, le traité de Verdun clôt des mois de négociations entre les trois frères. Cette « charte territoriale de l'Europe », selon les termes de l'historien Louis Halphen, consacre l'existence de trois lots indépendants, Lothaire conservant, en outre, le titre d'empereur. Charles le Chauve est donc roi, l'année de ses 20 ans, d'une France occidentale limitée au nord par l'Escaut, et à l'est par la Meuse, la Saône et le Rhône, dont la frontière s'écarte vers l'ouest.
Un royaume fragile.
• Même si, en principe, un « régime de fraternité » unit les trois rois, en réalité chacun affronte seul les difficultés locales. Charles est aux prises avec Pépin II, auquel il doit céder l'Aquitaine moyennant une promesse de fidélité, en 845, avant que la capture de ce dernier, en 852, mette fin au conflit. Les Bretons, conduits par Nominoë, puis par Erispoë, se livrent à d'incessantes incursions, à partir de 845. Enfin, les Normands attaquent la Bretagne et l'Aquitaine, puis pillent Paris, dont la défense est alors confiée à Robert le Fort, ancêtre des Capétiens.
La difficile succession de Lothaire, entre 855 et 858, permet à Louis le Germanique d'envahir le royaume de Charles en 858. Ce dernier est sauvé par l'intervention de l'archevêque de Reims, Hincmar. Finalement, les deux frères s'entendent pour attaquer la Lotharingie, qu'ils se partagent, en 870, au traité de Meersen. Affaibli par les révoltes régionales, redevable de son royaume à l'Église, Charles le Chauve doit aussi faire aux grands des concessions, dont la dernière, le capitulaire de Quierzy-sur-Oise, reconnaît, en 877, l'hérédité des charges.
En réalité, le haut clergé et la papauté se posent en arbitres de l'Occident, faisant et défaisant rois et empereurs. Ainsi, en 875, le pape Jean VIII fait appel à Charles le Chauve pour prendre la succession impériale. Mais le nouvel empereur manque de moyens pour restaurer l'Empire. Allant et venant entre l'Italie et la France, il tente, en vain, de s'emparer de la Lotharingie, réagit trop lentement aux appels du pape contre les Sarrasins, et se trouve pris en étau entre les exigences des grands, du pape et des héritiers carolingiens. Il meurt, en 877, au Mont-Cenis, laissant deux fils incapables de gouverner.