Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Cluny (abbaye de), (suite)

Après le concordat de 1516, qui instaure le système de la commende permettant au roi de France de nommer les abbés (Mazarin a été abbé commendataire), l'abbaye périclite, d'autant plus qu'elle subit des destructions orchestrées par les protestants. En 1787, l'ancienne observance de Cluny est abolie. À la fin de l'année 1793, l'armée révolutionnaire brise les statues et le mobilier, et enlève le plomb de la toiture. En 1798, un marchand de Mâcon achète l'abbaye et la livre à la pioche des démolisseurs ; destructions et vandalisme se poursuivent jusqu'en 1823. Il ne subsiste aujourd'hui de la gigantesque abbaye de Cluny III, qui, jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, fut la plus grande église de la chrétienté médiévale (187 mètres du chevet au mur occidental, et 30 mètres de hauteur), que le croisillon sud du transept avec son clocher octogonal.

CNI (Centre national des indépendants),

force politique importante de la IVe République, héritière de la droite « orléaniste », selon l'historien René Rémond.

Le CNI, qui émerge d'une nébuleuse de courants modérés, très affaiblis à la Libération, est créé en 1949, grâce à Roger Duchet, maire de Beaune et conseiller de la République. Le 15 février 1951, il devient le (Centre national des indépendants et paysans (CNIP) avec l'apport des groupes du Parti paysan. Aux élections de juin, il obtient 97 élus, qui seront rejoints, l'année suivante, par 27 députés, transfuges gaullistes. Le CNIP comptera dans ses rangs des présidents du Conseil (Antoine Pinay, en mars 1952 ; Joseph Laniel, en juin 1953), un président de la République (René Coty, en décembre 1953), et plusieurs ministres. Ces succès s'expliquent par la peur du communisme en cette période de guerre froide, par l'affaiblissement du MRP, et par la popularité d'Antoine Pinay. Après la scission du Parti paysan en 1957, le CNI vote l'investiture du général de Gaulle le 1er juin 1958, et constitue le deuxième groupe parlementaire, après l'Union pour la nouvelle République (UNR), à l'issue des élections de novembre 1958. En 1962, les Indépendants, en majorité favorables à l'Algérie française, récusent la politique du général de Gaulle, et s'opposent à l'évolution du régime vers le présidentialisme. Aux élections législatives de novembre, alors qu'ils sont dans l'opposition, ils essuient un revers, d'autant que Valéry Giscard d'Estaing fait sécession et fonde un nouveau groupe - les Républicains indépendants -, qui appartient à la majorité présidentielle. Divisé, et concurrencé parles formations gaullistes, le CNI ne retrouvera jamais sa force d'antan. À partir des années quatre-vingt, il cherche des appuis, tant du côté du Front national que du RPR, avant de s'associer à l'UMP dont il se définit comme l'aile droite, et traverse une crise d'identité.

CNPF (Conseil national du patronat français),

organisme de liaison et de coordination des chefs d'entreprises françaises.

Héritier de la Confédération générale de la production française (CGPF), fondée en 1919, et réorganisée le 4 août 1936 sous le nom de Confédération générale du patronat français, le CNPF est créé le 12 juin 1946 sous l'impulsion de son premier président, Georges Villiers, dirigeant d'une entreprise métallurgique. À la différence des syndicats de salariés, organisés selon la loi de 1884, le CNPF se constitue dans le cadre de la loi de 1901 sur les associations. Il a en effet pour objectif de fédérer, au niveau national, des groupements professionnels (telle la Chambre syndicale des constructeurs d'automobiles) et des groupements territoriaux, unions patronales régionales ou locales. Il est, avec la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), la seule organisation d'envergure de ce type. Habilité, selon les statuts, « à discuter et à signer des accords communs pour l'ensemble ou la généralité des professions », le CNPF se voit confier, dès l'origine, un rôle de représentation du patronat face aux syndicats et aux pouvoirs publics, ainsi que l'illustre la mise au point des accords de Grenelle, en mai 1968. Au lendemain des grands mouvements sociaux de l'époque, le nouveau président du CNPF, Paul Huvelin (1966-1972), fait aboutir une réforme qui tend à réaffirmer le rôle du CNPF en tant qu'institution patronale « au service de l'entreprise ». Cette fonction de défense des entreprises se confirme lors du début de la crise économique, sous les présidences de François Ceyrac (1972-1981), puis d'Yvon Gattaz (1981-1986). Devenu peu à peu un interlocuteur obligé du gouvernement et des syndicats, soucieux de son image dans l'opinion, le CNPF développe, dans les années soixante-dix, une politique contractuelle confiée à sa commission sociale. Citons, entre autres, l'accord-cadre du 17 mars 1975 relatif à l'amélioration des conditions de travail, qui engage les professions et les entreprises. Défenseur opiniâtre de l'économie de marché et de la libre concurrence, le CNPF affiche volontiers son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique : « ni dans la majorité, ni dans l'opposition », selon la formule de François Ceyrac. Au début des années quatre-vingt, il se montre très critique envers toute nouvelle nationalisation, qualifiée par Yvon Gattaz d'acte « antiéconomique ». Au milieu de la décennie, le CNPF se définit comme le « parti de l'entreprise », et prend nettement position, sous la présidence de François Périgot (1986-1994), pour l'intégration européenne et la mondialisation de l'économie. La volonté de « modernisation » se traduit enfin par un changement de dénomination : en octobre 1998, le CNPF devient le Medef (Mouvement des entreprises de France), dont le président, Ernest-Antoine Seillière, entend réaffirmer avec vigueur les convictions libérales.

CNRS (Centre national de la recherche scientifique),

organisme public chargé de développer et de coordonner la recherche scientifique française.

Sa création, en octobre 1939, en remplacement du Service national de la recherche scientifique de 1936 (qui, lui-même, complétait l'action d'une Caisse nationale déjà existante), consacre une double évolution : la progressive autonomie des professions de la recherche par rapport à l'institution universitaire et la politique scientifique entamée par le Front populaire, à l'initiative de Jean Perrin, sous-secrétaire d'État à la Recherche scientifique, qui succède à Irène Joliot-Curie. L'un comme l'autre, à l'image de la majorité de la communauté scientifique, partagent l'idée d'une science émancipatrice et républicaine qui doit s'intégrer dans le grand mouvement culturel en œuvre. À peine créé, le CNRS est mis en veilleuse sous Vichy, puis, encore embryonnaire, reprend ses activités à la Libération. Mais c'est surtout après 1958, la Ve République étant soucieuse de rattraper le retard scientifique de la France, que le CNRS reçoit d'importants crédits. Pourtant, les pouvoirs gaulliste et postgaulliste manifestent leur déception face à une institution jugée trop peu rentable et, sans doute, trop ancrée à gauche. En 1982, le gouvernement socialiste fait des chercheurs du CNRS, jusqu'alors contractuels, des fonctionnaires.