Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Comte (Auguste), (suite)

Son enterrement au cimetière du Père-Lachaise, où sa tombe fera l'objet d'un culte, est suivi par quelques disciples et Proudhon. Après sa mort, Pierre Laffitte poursuit son œuvre, professant un enseignement positiviste à la Sorbonne, puis au Collège de France. En 1902, il lui fait élever une statue, placée devant la Sorbonne.

Conciergerie,

prison du Palais des rois de France, édifiée à Paris sur l'île de la Cité.

La Conciergerie est au Moyen Âge placée sous l'autorité du « concierge », officier royal responsable de l'ordre et de la gestion des bâtiments palatiaux. Au

XIVe siècle, le Palais est cédé au parlement, cour souveraine de justice. Composée de locaux disparates comprenant en bordure de Seine les quatre tours de la façade nord, la Conciergerie devient alors, et pour près de six siècles, la prison des inculpés en cours de jugement. En 1790, le parlement fait place au Tribunal criminel, puis, d'avril 1793 à août 1794, au Tribunal révolutionnaire. En dépit des massacres de prisonniers en septembre 1792, la Conciergerie est vite surpeuplée lors de la Terreur : en décembre 1793, on compte environ 500 détenus dans un espace prévu pour 300 personnes. À la fois lieu de concentration des détenus et point de départ des charrettes vers la guillotine, la « dernière prison » héberge en dix-sept mois plus de 2 600 condamnés à mort, dont la reine Marie-Antoinette d'août à octobre 1793, puis de nombreuses figures de la Révolution : les girondins Hébert, Danton et Desmoulins, jusqu'à Robespierre et ses partisans en août 1794. Au XIXe siècle, du royaliste Cadoudal à l'anarchiste Ravachol, plusieurs criminels de renom y sont internés. Désaffectée en 1914, la Conciergerie demeure un lieu de mémoire, qu'attire de nombreux visiteurs intéressés par son architecture palatiale et par les tragiques événements qui s'y sont déroulés. La commémoration du bicentenaire de la Révolution a été l'occasion de nouveaux réaménagements.

Concini (Concino),

favori de Marie de Médicis (Florence, vers 1575 - Paris 1617).

Concini devient rapidement célèbre, à Florence, pour ses escroqueries et ses débauches. Aussi, en 1600, son oncle, secrétaire d'État du grand-duc de Toscane, se débarrasse-t-il de cet intrigant en l'envoyant en France, avec la suite de Marie de Médicis, future femme d'Henri IV, dont il séduit et épouse la sœur de lait et femme de chambre, Leonora Galigaï. Bien de sa personne, ambitieux, habile et roué, il s'attire les grâces de la reine, qui le couvre de faveurs : en 1610, il devient conseiller d'État et premier gentilhomme de la Chambre du roi ; il achète, l'année suivante, le marquisat d'Ancre, et obtient, en 1613, le titre de maréchal de France sans jamais avoir commandé d'armée ; il est aussi nommé gouverneur de plusieurs provinces (Picardie, Normandie). Durant la régence de Marie de Médicis (1610/1617), il évince rapidement Sully (ministre et ami du défunt Henri IV), se retrouve ministre de fait, et exerce, grâce à un réseau d'espions, une autorité tyrannique. Louis XIII est tenu à l'écart du pouvoir. Mais la fortune scandaleuse de Concini, ses abus, l'incohérence de sa politique, son rang, valent rapidement à ce « parvenu » la haine de la noblesse et du jeune roi. Les grands du royaume tentent à plusieurs reprises, sans succès, de provoquer sa chute. Charles de Luynes, favori de Louis XIII, persuade celui-ci de s'émanciper et de faire assassiner Concini ; ce dernier est exécuté, le 24 avril 1617, par Vitry, capitaine des gardes du corps, dans la cour du Louvre. Le lendemain de ses funérailles, la population déterre son corps, le pend à un gibet sur le Pont-Neuf, et le découpe en morceaux. Sa femme, disgraciée et accusée de sorcellerie, est brûlée en place de Grève. « Je suis roi, maintenant », déclare Louis XIII, qui évince alors du pouvoir sa mère, la régente, et renvoie, momentanément, Richelieu. Personnage mystérieux, cruel et ambitieux, Concini a suscité des violences populaires telles que l'on n'en avait pas revu depuis les guerres de Religion.

concordat,

traité conclu entre le Saint-Siège et un État pour fixer les droits respectifs de l'Église et de cet État. À la fin du Moyen Âge, les rivalités qui opposent le pape et le roi au sujet du gouvernement de l'Église du royaume de France conduisent à négocier un accord aboutissant, en 1516, au concordat de Bologne, dont les principes demeurent en usage jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

De la nécessité d'un concordat.

• À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, le développement de la souveraineté royale vient contrarier la volonté théocratique du pape de contrôler l'ensemble de l'Église. Le roi de France, responsable de l'Église du royaume, en vertu du serment du sacre, estime devoir disposer de pouvoirs élargis, mais il se heurte aux prétentions pontificales. Les principaux points de litige portent sur la question financière des taxes que le monarque peut exiger du clergé, sur l'attribution des bénéfices ecclésiastiques - le roi aussi bien que le pape désirant choisir et nommer évêques et abbés à leur guise -, et sur un certain nombre de problèmes de compétences juridictionnelles. Le conflit qui oppose Philippe le Bel et Boniface VIII, entre 1296 et 1303, ouvre la voie au gallicanisme. Au cours du XIVe siècle, la présence des papes en Avignon et leur origine le plus souvent française facilitent l'entente avec la monarchie. Les problèmes sont alors réglés au cas par cas. Mais le grand schisme d'Occident (1378-1417), dans le contexte de la guerre de Cent Ans, fragilise cette entente et aiguise les rivalités. Peu à peu, un accord stable et définitif devient nécessaire.

Les premiers concordats.

• Lors du concile de Constance (1414-1418), qui met fin au schisme, la délégation du clergé français s'entend avec le nouveau pape Martin V, élu en 1417 : le principe de l'élection des évêques par les chanoines et de celle des abbés par les moines est admis ; les revenus prélevés sur le clergé sont partagés entre le pape et le roi. Ce premier concordat est immédiatement reconnu par les Bourguignons et par les Anglais, qui occupent le nord du royaume. Mais il ne satisfait pas le dauphin Charles, qui s'estime lésé. Toutefois, la guerre le contraint à reconnaître le traité en 1426, à l'issue de quelques modestes modifications obtenues du pape. En 1438, l'amélioration de la situation politique et militaire, et la tenue d'un nouveau concile à Bâle à partir de 1431, donnent l'occasion à Charles VII d'obtenir un accord plus favorable. Il réunit à Bourges une assemblée du clergé chargée d'élaborer un nouveau texte à partir des décisions du concile : la pragmatique sanction de Bourges, publiée le 7 juillet 1438, propose un règlement d'ensemble du gouvernement de l'Église de France. Dans les domaines financier et judiciaire, le pape perd l'essentiel de ses prérogatives, qui échoient au roi. Le principe des élections aux bénéfices ecclésiastiques majeurs est conservé. La pragmatique sanction ne convient pas au pape, qui la rejette vigoureusement ; elle ne satisfait pas non plus le roi, mais celui-ci s'en accommode ; Louis XI l'abolit en 1461, mais la rétablit dès 1463-1464, faute d'entente avec Rome. Dans la pratique, le principe de l'élection n'est guère appliqué : Louis XI, Charles VIII et Louis XII continuent de s'entendre avec les papes pour nommer leurs candidats.