Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
M

mandat (territoires sous), (suite)

En 1958, les deux États n'adhèrent pas à la Communauté (groupement de la République française et d'anciennes colonies africaines) et la France ayant, de concert avec leurs gouvernements, demandé la levée du régime de tutelle, le Cameroun accède à l'indépendance le 1er janvier 1960, et le Togo, le 27 avril 1960.

Mandel (Georges Louis Rothschild, dit Georges),

homme politique (Chatou, Yvelines, 1885 - Fontainebleau 1944).

Fils d'artisan dont la famille (sans parenté avec la banque homonyme), quitte l'Alsace en 1871 pour rester française, il choisit de signer du nom de sa mère, et entre à 18 ans à l'Aurore. Sa connaissance parfaite du monde politique séduit Clemenceau, qui le couvre de sarcasmes mais l'intègre à son cabinet en 1906, et lui en confie la direction en 1917. Il est chargé de la censure de guerre, des fonds secrets, des rapports avec les élus et de l'orientation à donner aux préfets. En 1919, il est député de la Gironde, mais, avec le départ de Clemenceau, commence une période d'isolement. À nouveau député en 1928, il entre en 1934 dans le gouvernement Flandin, en tant que ministre des Postes. Jusqu'en juin 1936, il s'y montre autoritaire, cassant, mais efficace. Puis, en 1938, ministre des Colonies de Daladier, ce partisan d'une politique de fermeté face à Hitler et Mussolini prend d'énergiques mesures pour préparer la France à une guerre inéluctable. En mai 1940, ministre de l'Intérieur, il réprime tous les défaitismes, et, dans la débâcle, refuse l'armistice, veut continuer la lutte depuis le Maroc, où il se rend à bord du Massilia. Mais il y est arrêté puis condamné sans procès par le maréchal Pétain, est interné à partir de novembre 1941 dans la forteresse du Portalet. Livré aux Allemands en 1942, il est enfermé à Orianenbourg puis à Buchenwald, avant d'être renvoyé en France, où il est assassiné par la Milice en forêt de Fontainebleau.

Mandrin (Louis),

contrebandier (Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, en Dauphiné, vers 1725 - Valence 1755).

Fils aîné d'un commerçant aisé, il connaît une destinée tragique qui s'éclaire au travers de deux événements lourds de conséquences. En 1748, il subit d'importantes pertes financières en fournissant des mulets à l'armée. Se voyant refuser toute indemnisation, il en garde une haine tenace pour la Ferme générale qui gérait l'approvisionnement des troupes. Par ailleurs, en 1753, il commet un homicide en protégeant la fuite d'un ami réfractaire au service dans la Milice. Condamné à mort par contumace, il entre alors dans la clandestinité et s'engage dans la contrebande. Basé en Suisse et en Savoie, où il se fournit en tabac et en indiennes, produits lourdement taxés, voire interdits en France, il constitue une bande armée qui compte jusqu'à 400 contrebandiers. Il effectue alors, de la Franche-Comté à l'Auvergne, de longues tournées au cours desquelles il débite à bas prix ses marchandises. Il se distingue cependant rapidement des autres contrebandiers en défiant l'autorité du roi. Ses deux dernières expéditions (de septembre à la fin décembre 1754) lui valent en effet une renommée nationale, car il mène une guerre ouverte à la Ferme générale (pillage de recettes, d'entrepôts de sel ou de tabac, rançonnement de receveurs...).

Face à cette rébellion qui bénéficie d'un large soutien populaire, les autorités réagissent d'autant plus rapidement qu'elles l'interprètent comme une opération de déstabilisation menée en sous-main par l'Angleterre. Les premières tentatives de capture sont cependant des échecs : Mandrin, insaisissable, livre même, en fin stratège, une véritable bataille rangée à un détachement de troupes régulières qu'il met en déroute près du village de Gueunaud (Morvan). Ce n'est que grâce à la trahison de l'un de ses proches qu'il est arrêté clandestinement sur le territoire de la Savoie, au cours d'une opération qui provoque un grave incident diplomatique entre Versailles et Turin. Jugé sans délai par la Commission de Valence, un tribunal d'exception spécialisé dans la répression de la contrebande, il est roué vif dans cette ville le 26 mai 1755.

Débarrassées de Mandrin, les autorités vont s'employer à atténuer sa popularité dans une opinion publique qui n'approuve ni la fiscalité ni l'extrême sévérité des peines frappant la contrebande, activité considérée alors avec beaucoup d'indulgence. En effet, l'exécution provoque une floraison de textes imprimés qui, des simples complaintes aux pamphlets politiques contre la monarchie, populariseront l'image d'un Mandrin redresseur de torts et pourfendeur de percepteurs. Ni la censure, ni les biographies agréées et édifiantes ne parviendront cependant à empêcher son héroïsation. Largement diffusées par le colportage, ces biographies à bon marché nourriront même, en dépit d'un discours ambivalent, une image légendaire de bandit justicier et assureront par leurs multiples rééditions jusqu'à la fin du XIXe siècle l'entrée de Mandrin au panthéon des rebelles.

Mangin (Charles),

général (Sarrebourg, Moselle, 1866 - Paris 1925).

Diplômé de Saint-Cyr, Charles Mangin accomplit la première partie de sa carrière dans l'infanterie coloniale, et sert notamment en Afrique et en Indochine. Technicien de la colonisation, au même titre qu'un Gallieni ou un Joffre, il fait partie de la colonne Marchand qui, en 1898, se heurte aux Britanniques, à Fachoda, au Soudan. Pendant la Première Guerre mondiale, cet officier fougueux et impatient, adepte de la méthode offensive, se distingue lors de la bataille de Verdun. D'octobre à décembre 1916, il organise les grandes attaques qui permettent de reprendre aux Allemands le terrain perdu depuis février. En 1917, alors que le général Nivelle est commandant en chef, Mangin dirige l'armée qui donne l'assaut au Chemin des Dames. L'échec de cette offensive lui vaut la réputation, imméritée, d'avoir fait massacrer en vain les troupes placées sous ses ordres, et entraîne son limogeage. Réintégré à la fin de 1917, Mangin est placé à la tête de la Xe armée, qui parvient à arrêter l'une des dernières offensives allemandes sur le front occidental, en juin 1918. Durant ce même mois, il donne le signal de la contre-offensive alliée, conduisant ses troupes de succès en succès. Au lendemain des hostilités, il dirige les forces d'occupation sur la rive gauche du Rhin, avant d'être nommé à l'inspection générale des troupes coloniales.