Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Treilhard (Jean-Baptiste),

homme politique (Brive-la-Gaillarde, Corrèze, 1742 - Paris 1810).

Avocat de renom au parlement de Paris, il met ses compétences juridiques au service de la Révolution. Député du Tiers en 1789, il est de tous les débats à la Constituante et participe à divers comités de l'Assemblée, notamment au comité ecclésiastique, pour lequel il présente le rapport sur la suppression des ordres monastiques et la restitution de leurs biens à la nation. Par la suite, il réagit peu aux événements et préfère le travail de cabinet. Élu député à la Convention, il siège au premier Comité de salut public (avril-juin 1793), remplit quelques missions dans les départements, participe aux travaux du Comité de législation mais demeure prudent dans ses positions politiques jusqu'à la chute de Robespierre. Nommé à plusieurs reprises au Comité de salut public (1794-1795), il siège ensuite au Conseil des Cinq-Cents (1795-1797) - où il prononce un discours fameux de « haine à la royauté » - puis est élu pour peu de temps au Directoire (1798). Après s'être rallié au coup d'État du 18 brumaire (novembre 1799), il devient un fidèle de Napoléon. Féru de législation et d'organisation judiciaire, il prend alors une part active à la rédaction de plusieurs codes, notamment le Code civil. Conseiller d'État, comte d'Empire puis ministre d'État en 1809, il meurt d'épuisement. Il est inhumé au Panthéon.

Trente (combat des),

épisode de la rivalité franco-anglaise et de la guerre de Cent Ans qui se déroule le 25 mars 1351.

Entre 1341 et 1364, la Bretagne est ravagée par une guerre de succession opposant Charles de Blois, soutenu par le roi de France Jean II le Bon, à Jean de Montfort, allié aux Anglais. Lors d'une trêve, Jean de Beaumanoir, commandant le château de Josselin pour le parti de Blois, demande à l'Anglais Richard Bramborough, commandant la place voisine de Ploërmel, de cesser les razzias. Les deux hommes décident de régler l'affaire par un combat sur la lande, à « trente contre trente ». « Combat à volonté » - chacun choisit ses armes -, le combat des Trente relève plus du tournoi que de la guerre. Durant une journée et devant des « spectateurs », les guerriers s'affrontent dans une furieuse mêlée, interrompue par une trêve, qui s'achève sur la victoire de Beaumanoir. Bramborough est tué au combat, et les Anglais faits prisonniers sont invités à racheter leur liberté contre rançon. Ce fait d'armes, sans incidence sur la suite de la guerre, eut néanmoins un grand retentissement dans le pays.

Trente (concile de),

dix-neuvième concile œcuménique de l'Église catholique, dont les vingt-cinq sessions se déroulèrent entre 1545 et 1563, dans la ville de Trente, en Italie du Nord.

l marque une étape essentielle dans l'histoire du catholicisme européen et français. Depuis la fin du XVe siècle, l'idée d'engager une rénovation du christianisme par la réunion d'un concile fait son chemin. Mais les vicissitudes politiques, notamment le conflit entre François Ier et Charles Quint, empêchent sa tenue. En 1541, le colloque théologique de Ratisbonne signifie l'échec définitif d'une réintégration des luthériens dans l'Église romaine. Le concile, enfin ouvert par Paul III en 1545, consacre la rupture. En mars 1547, il est transféré à Bologne à cause de la peste, puis suspendu sine die en 1549 parce que l'empereur exige son retour à Trente, terre d'Empire. Rouvert en 1551 par Jules III, il est interrompu en 1552 en raison de la reprise de la guerre entre l'empereur et les princes protestants allemands. Paul IV en convoque enfin les dernières sessions, de 1562 à 1563.

En 1547, l'évêque Pietro Bertramo résumait ainsi l'ambition du concile : « [Il] n'aidera pas ceux qui sont déjà perdus à l'Église, il aidera au moins ceux qui sont en passe d'être perdus. » L'Église de France s'y rallie, en dépit des traditions gallicanes du royaume.

Une réforme cléricale.

• Lors du concile, une majorité italienne se dégage pour élaborer une théologie et une discipline opposées à celles des protestants : l'Écriture sainte et la tradition sont fixées comme sources de la foi, le libre arbitre de l'homme est proclamé, les œuvres sont considérées à l'égal de la foi, et les sept sacrements sont maintenus. L'affirmation de la transsubstantiation symbolise l'ecclésiologie tridentine. Lors de la messe, le sacrifice réel du Christ exalte la mission de ceux qui ont reçu l'ordination. Le clerc est sanctifié en vertu même de sa fonction et doit donc donner l'exemple de la sainteté à ses ouailles. En outre, il est encadré par une hiérarchie de droit divin. Seuls les évêques sont aptes à administrer la confirmation et l'ordination. L'institution du séminaire, l'obligation de résider dans le diocèse et d'effectuer une visite paroissiale annuelle, la publication d'un bréviaire et d'un catéchisme officiels, ponctuent l'effort disciplinaire et « centraliseur ».

Le compromis français.

• La position française à l'égard du concile de Trente est complexe. Fort de sa mainmise sur l'Église gallicane, François Ier redoute que le concile soit une tribune de contestation pour les opposants au concordat de Bologne (1516), qui a conféré au roi la nomination des évêques. Il se méfie aussi de Charles Quint, qui attend de la réunion du concile le règlement de la crise religieuse. De même, Henri II utilise le concile comme un simple instrument contre l'empereur : il soutient ainsi les représentants de l'Église lorsqu'ils désirent transférer la réunion à Bologne et s'oppose à son retour à Trente, sous Jules III. Enfin, en 1561, le projet de concile national avancé par Catherine de Médicis est en contradiction avec le concile œcuménique. Mais Charles de Guise, cardinal de Lorraine et chef du parti catholique, opte pour Trente. Lors de la reprise des sessions en 1562, un seul prélat français est présent. En revanche, lors de la clôture, la délégation est portée à vingt-sept sur deux cent trente-sept présents. Elle fixe un compromis avec la papauté. « En échange du respect de son particularisme, elle se range dans le camp de la Réforme catholique, qui, pour elle, est la seule Contre-Réforme efficace » (Alain Talon). Le cardinal de Lorraine participe à l'élaboration de la motion finale selon laquelle le pape est « évêque de l'Église universelle ».