Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Barthélemy (François, marquis de),

diplomate et homme politique (Aubagne, Bouches-du-Rhône, 1747 - Paris 1830).

 La protection de son oncle, auteur du célèbre Voyage du jeune Anacharsis en Grèce (1788) et familier de Choiseul, lui ouvre les portes de la diplomatie : il occupe divers postes en Europe (Stockholm, Vienne, Londres), mais refuse le ministère des Affaires étrangères en 1791, et se voit nommé ambassadeur auprès des cantons suisses à la fin de l'année.

Il réussit à faire face à une situation difficile : mauvaises relations avec les Suisses, aggravées après les massacres du 10 août 1792 ; présence d'émigrés et de réfugiés ; heurts avec son premier secrétaire ; obligation de s'installer dans un hôtel de la petite ville de Baden, près de Zurich. Grâce à ses capacités de négociateur et d'organisateur des échanges commerciaux (plus ou moins clandestins) entre les deux pays, il obtient de demeurer ambassadeur en Suisse, alors qu'une partie des cantons ne reconnaît pas le gouvernement révolutionnaire. Il traverse ainsi la Terreur et, même si une partie des thermidoriens le juge trop indulgent envers les émigrés, il figure au centre des négociations avec la Prusse et l'Espagne en 1795, qui s'achèvent par les traités de Bâle. Il acquiert ainsi une réputation durable d'« homme de la paix », qu'il conforte en négociant l'échange de Madame Royale contre des révolutionnaires prisonniers des Autrichiens (ce qui lui vaut d'être soupçonné de participer à des intrigues royalistes).

La majorité royaliste modérée issue des élections de l'an V le fait élire directeur en 1797. Il s'oppose alors aux mesures trop révolutionnaires, sans pour autant mener une action très efficace. Victime du coup d'État de fructidor (4 septembre 1797), il est déporté à Cayenne sans avoir été jugé. Il s'évade vers la Guyane néerlandaise cinq mois plus tard, se réfugie aux États-Unis, puis en Angleterre. Mal accueilli, il gagne Hambourg, où il rejoint un groupe d'émigrés fidèles à Louis XVIII.

Au lendemain du 18 Brumaire, Bonaparte le fait rentrer et le nomme sénateur dès 1800. Resté fidèle, malgré la mort de Pichegru et l'exécution du duc d'Enghien, il devient comte d'Empire et entre à l'Institut en 1808. Nommé président du Sénat en 1814, il fait voter la déchéance de Napoléon, est nommé sénateur à vie par Louis XVIII, puis pair de France. Absent pendant les Cent-Jours, il est fait marquis héréditaire, après avoir voté la mort de Ney, en 1818. Retiré de la vie politique lors du ministère Decazes, il rédige alors ses Mémoires.

Barthou (Louis),

homme politique (Oloron-Sainte-Marie, Pyrénées-Atlantiques, 1862 - Marseille 1934).

Parlementaire pendant quarante-cinq ans, douze fois ministre, une fois président du Conseil, Louis Barthou est un des hommes clés de la IIIe République. Après des études de droit, ce brillant jeune Béarnais, d'origine modeste, est élu député républicain progressiste des Basses-Pyrénées. À Paris, il se fait vite connaître par ses dons d'orateur et ses interventions minutieusement préparées. À 33 ans, il est au centre de l'éventail politique, apparaît comme un des chefs des républicains progressistes et entre dans le second cabinet Dupuy, au poste stratégique de ministre des Travaux publics (mai 1894-janvier 1895). Il détient ensuite cinq portefeuilles ministériels jusqu'en mars 1913, date à laquelle le président Poincaré le choisit comme président du Conseil (mars-décembre 1913). Il se manifeste alors comme un fervent patriote et fait voter la « loi des trois ans » sur le service militaire. En 1917, il est ministre d'État, puis des Affaires étrangères. Après guerre, il est plusieurs fois ministre dans des cabinets de droite, mais c'est au Quai d'Orsay, dans le gouvernement d'« union nationale » de Doumergue, qui suit le 6 février 1934, qu'il donne toute sa mesure : il tente d'isoler l'Allemagne nazie en constituant un système de sécurité collective en Europe centrale, auquel il souhaiterait voir se joindre l'URSS et l'Italie. Mais il meurt à Marseille le 9 octobre 1934 dans l'attentat commis par un nationaliste croate contre le roi Alexandre Ier de Yougoslavie.

Barthou avait su engager une politique à la fois réaliste et visionnaire, qui fut, selon l'historien Jean-Baptiste Duroselle, « une brève période d'incontestable redressement sur le chemin de la décadence ».

Basch (Victor),

philosophe et président de la Ligue des droits de l'homme (Budapest ? 1863 - Neyron, Ain, 1944).

Né dans une famille juive de Hongrie, Victor Basch, après son succès à l'agrégation d'allemand, enseigne à l'université de Nancy, puis à Rennes. Ses thèses sur Schiller et sur l'esthétique de Kant soutenues, il arrive en Sorbonne (1906), où il obtient une chaire d'esthétique. Toutefois, son renom tient avant tout à son itinéraire d'intellectuel engagé. L'affaire Dreyfus provoque chez lui une prise de conscience : il fonde la première section provinciale de la Ligue des droits de l'homme (LDH), et transforme son domicile en véritable quartier général du camp dreyfusard lors du procès de Rennes. Entré au comité central de la LDH en 1907, il en devient le président en 1926. Ses combats au sein du mouvement socialiste et de la LDH le conduisent d'abord à stigmatiser la responsabilité de l'Allemagne dans la Première Guerre mondiale, puis à renouer un dialogue avec elle. Son pacifisme ne l'empêche pas de combattre le fascisme avant 1933. Et, sans engager la Ligue, il devient le président du Comité national du rassemblement populaire. Puis ses relations avec le gouvernement de Front populaire se distendent quand il préside le Comité d'aide à l'Espagne républicaine. Son antifascisme en fait l'adversaire résolu des accords de Munich et le conduit à dénoncer le pacte germano-soviétique. Après la victoire allemande, il se réfugie à Lyon. Le 12 janvier 1944, lui et sa femme sont abattus par la Milice.

basoche,

terme utilisé pour désigner les communautés de clercs de procureurs des cours souveraines (parlements, chambre des comptes, cour des aides, cour des monnaies, châtelet), et en particulier du parlement de Paris, de la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècle) au XVIIIe siècle.