Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

Froissart (Jean), (suite)

La diversité des informations recueillies par Froissart et des positions politiques de ses mécènes (les premiers sont pro-anglais, Guy de Châtillon est pro-français) le pousse à accumuler les faits de manière un peu désordonnée. Mais elle le préserve du fanatisme. Au fond, il n'a qu'un seul parti : la chevalerie, dont les valeurs et les rituels le fascinent. Dans cette mesure, ses Chroniques constituent un très intéressant témoignage sur l'idéologie chevaleresque du XIVe siècle.

Froment (François Marie),

activiste contre-révolutionnaire (Nîmes 1756 - Paris 1825).

Appartenant à la bourgeoisie catholique nîmoise, il est dépossédé de sa charge de procureur, en même temps que sa famille perd prestige et pouvoir, quand la révolution de 1789 permet aux partisans des réformes, appuyés par les bourgeois protestants, de peupler les différentes administrations locales. En réaction, Froment crée, dès octobre 1789, des compagnies de gardes nationaux catholiques, surnommés « cébets » (mangeurs d'oignons), et propose, en janvier 1790, en liaison avec le comte d'Artois à Turin, un plan d'insurrection dans le Midi. En avril 1790, il est le promoteur d'une pétition - la Déclaration des citoyens catholiques de Nîmes - qui réclame la reconnaissance de la religion catholique comme religion d'État et le maintien du pouvoir exécutif entre les mains du roi. Après la mi-juin 1790, lorsqu'il provoque les deux jours de guerre civile qui déchirent Nîmes et font près de 400 morts, dont 300 catholiques, il établit, dans la clandestinité, des réseaux contre-révolutionnaires dans tout le Sud-Est, pour lesquels il reçoit 100 000 livres, et noue des liens avec les réseaux normand et breton. Chargé de nombreuses missions par le comte d'Artois dans toute l'Europe, il se retrouve, en 1814, dans l'entourage royal, où il défend l'ultraroyalisme, au prix de la répression des républicains et des bonapartistes, et du quadrillage de la France par des réseaux royalistes. Son activisme ne lui valut aucun titre, et il demeure confiné au quasi-anonymat de ceux dont le combat perdit sens après 1830.

Fronde

Crise intérieure qui secoua la France de 1648 à 1653 - années d'affrontements politiques et de guerre civile -, la Fronde a été désignée, paradoxalement, par le nom d'un jeu d'enfants, auquel fut associée l'attitude du parlement, qui « faisait comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu'ils voient le lieutenant civil et qui se rassemblent dès qu'il ne paraît plus ».

Les troubles éclatèrent pendant la régence d'Anne d'Autriche, mère du jeune Louis XIV, né en 1638, et devenu roi en 1643. Les temps de régence ont souvent été, dans l'histoire de France, des périodes d'affaiblissement du pouvoir royal : un enfant semblait en effet incapable de trancher entre les rivalités, d'arbitrer entre les intérêts, de résister aux oppositions, aux révoltes ou aux complots. À la mort de Louis XIII, Anne d'Autriche, pour contourner les décisions de son défunt mari, qui avait voulu limiter son pouvoir au sein du conseil de régence, eut besoin du parlement de Paris : ce dernier lui confirma une pleine autorité pour gouverner la France. Cette assemblée « souveraine », cour de justice, cour des pairs aussi, occupait une place singulière par rapport aux autres parlements dans les provinces, en raison, d'abord, de l'étendue de son ressort. Les parlements avaient la tâche d'enregistrer les édits royaux, et éventuellement de proposer à leur sujet des « remontrances ». Le roi pouvait néanmoins passer outre, et même casser toute résistance, en tenant un lit de justice. Comme les parlementaires possédaient leurs offices de justice, charges vénales et héréditaires, ils disposaient d'une grande indépendance vis-à-vis du gouvernement.

La perspective d'une régence avait fait espérer dans le royaume des changements, tant dans la façon de gouverner que dans les choix de politique étrangère. Mais Anne d'Autriche, quoique sœur du roi d'Espagne, poursuivit la politique de Louis XIII et de Richelieu, qui signifiait avant tout la guerre contre les Habsbourg d'Espagne et d'Autriche. C'est dans cet esprit qu'elle avait gardé auprès d'elle, pour gouverner le pays, un cardinal romain, Giulio Mazarini, dont le nom fut francisé en Jules Mazarin. Ce diplomate pontifical avait été remarqué par Richelieu, qui l'avait choisi comme successeur. Mazarin apparaissait alors irremplaçable, parce qu'il connaissait bien l'Europe, la diversité de ses cours, la complexité de sa carte politique. Il sut, malgré les tourments et les tourmentes, conserver la confiance et l'amitié de la reine Anne d'Autriche. Son style de gouvernement trancha sur celui de Richelieu : cet Italien subtil montra une étonnante souplesse - tout en révélant, si nécessaire, sa fermeté. Néanmoins, nombreux furent les mécontents qui souhaitaient mettre fin à la politique brutale et au climat de contrainte qui duraient depuis trop longtemps, et à l'obéissance qui était imposée à la cour et à la noblesse.

La Fronde fut une conséquence indirecte des engagements internationaux de la France. Tout comme Richelieu, dont il était le disciple, Mazarin pensait que le royaume pouvait - et devait - financer la coûteuse politique de guerre. Pourtant, au moment où des résultats tangibles allaient être obtenus - la paix dans le Saint-Empire paraissait possible, et la France en était l'arbitre -, le royaume était à bout de souffle.

Cette guerre interminable avait imposé un effort fiscal accru. Pour les impôts indirects, des financiers avançaient au roi les sommes dont il avait besoin. Ils recevaient l'autorisation de se rembourser en percevant les taxes, qui étaient ainsi affermées. Pour les avances, ils rassemblaient les fonds nécessaires dans la haute noblesse et la riche bourgeoisie. C'étaient donc les élites sociales qui prêtaient de l'argent au souverain, et qui se partageaient les bénéfices de telles opérations. Aux yeux des contribuables, en revanche, les agents des fermiers n'étaient pas au service du roi, et semblaient donc détourner l'argent à leur profit. Et les contrats passés étant désignés comme des « traités » ou des « partis », les financiers étaient appelés traitants ou partisans.