Carnot (Lazare Hippolyte),
homme politique (Saint-Omer 1801 - Paris 1888).
Héritier du républicanisme de Lazare Carnot, son père, qu'il a suivi en exil jusqu'en 1823, cet ancien saint-simonien prend part à la révolution de 1830. Élu député en 1839, il considère la république comme un idéal ... hélas, lointain. En 1847, dans les Radicaux et la Charte, il limite ses requêtes à la responsabilité ministérielle et à une réforme électorale tendant au suffrage universel. Surpris mais enthousiasmé par 1848, il devient ministre de l'Instruction : il entend faire des instituteurs ruraux les propagandistes de l'idée républicaine, crée une éphémère École nationale d'administration et introduit l'enseignement agricole à l'école primaire, qu'il voudrait gratuite, obligatoire, voire laïque. Mais, début juillet, tenant cette dernière proposition pour trop avancée, l'Assemblée constituante obtient sa démission. Élu député de Paris en mars 1850, lors de partielles qui effraient le parti de l'Ordre, il participe avec Victor Hugo et Victor Schœlcher au comité qui souhaite soulever Paris contre le coup d'État de 1851 - et doit s'exiler. Réélu en 1852 et en 1857, il démissionne plutôt que de prêter serment à l'Empereur. Il ne participe à la vie parlementaire que sous l'Empire libéral, après son succès de 1864, et soutient le programme décentralisateur des oppositions et les projets de Victor Duruy. En 1869, il est battu par Gambetta, puis par Rochefort. Réélu en 1871, devenu sénateur inamovible en 1875, il représente toutefois une génération de républicains qui s'efface au moment où la République se met en place.
Carnot (Marie François, dit Sadi),
homme politique, président de la République du 3 décembre 1887 au 25 juin 1894 (Limoges 1837 - Lyon 1894).
Quand le président Jules Grévy démissionne en 1887, Clemenceau, qui veut empêcher l'élection de Ferry, hostile aux radicaux, et dont le succès pourrait déclencher une émeute à Paris, met en avant Sadi Carnot : ce polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, député de la Côte-d'Or depuis 1871, s'est illustré par son intégrité comme ministre des Finances en refusant les recommandations du gendre de Grévy. Clémenceau le considère comme réactionnaire - il n'est pas anticlérical - et peu intelligent - la légende lui fait dire : « Je vote pour le plus bête. » Mais il ajoute que ce candidat porte « un beau nom républicain » : il est en effet le petit-fils de Lazare Carnot et le fils de Lazare Hippolyte Carnot. En l'élisant, la République s'offre une dynastie et un président respectueux des prérogatives du Parlement, sans être pour autant inexistant : en politique extérieure, il facilite l'alliance franco-russe ; sur le plan intérieur, il préside aux cérémonies de 1889, armes symboliques pour la République face au danger représenté par le général Boulanger, et inaugure la pratique des voyages en province, y faisant applaudir davantage le régime que sa propre personne. Pourtant, il incarne une République désormais conservatrice : celle de la fusillade de Fourmies. C'est pour avoir refusé la grâce à des anarchistes condamnés à mort - Ravachol et Auguste Vaillant, dont la bombe lancée en plein Parlement n'avait tué personne - qu'il est assassiné à Lyon par un jeune Italien, Sante Caserio. Ses cendres seront transférées au Panthéon.
Carolingiens.
La dynastie des Carolingiens (de Carolus, « Charles », par référence à Charlemagne) a régné sur le royaume des Francs du milieu du VIIIe au Xe siècle.
Son histoire se divise en deux périodes. La première (vers 750-vers 830), qui culmine avec la restauration de l'Empire au profit de Charlemagne le 25 décembre 800, est celle de la construction d'une monarchie sacrée, soucieuse d'étendre les limites de la Chrétienté et de mettre en ordre la société Chrétienne. La seconde est marquée par des guerres fratricides, puis par le dépeçage de l'héritage impérial, qui aboutit à l'apparition de plusieurs royaumes - dont la Francia occidentalis (ancêtre de la France) et la Francia orientalis (ancêtre de l'Allemagne) -, dans lesquels les plus grandes familles de l'aristocratie disputent et, finalement, enlèvent le pouvoir à des Carolingiens affaiblis : en France, c'est chose faite en 987.
Les Pippinides, ou les origines d'une fortune familiale
Les ancêtres des Carolingiens sont mentionnés dans les textes au cours de la première moitié du VIIe siècle. À cette époque, le royaume des Francs est rituellement partagé entre les héritiers mérovingiens, et l'Austrasie (« royaume de l'Est », situé en fait au nord-est de la Gaule) se singularise par son propre palais, dont les plus hautes familles de l'aristocratie régionale se répartissent les charges. Parmi elles, les Pippinides (du nom de Pépin), tout-puissants dans le bassin de la Meuse, et les Arnulfides (du nom d'Arnoul), implantés dans la vallée de la Moselle : leur force réside dans leur fortune foncière, le réseau d'églises qu'ils ont fondées et le nombre de leurs fidèles armés, engagés à leur côté par les liens de la vassalité. Sous les règnes de Clotaire II (roi de Neustrie - le « royaume du Nord-Ouest » - de 584 à 629, puis d'Austrasie de 613 à 629) et de Dagobert (629/639), qui marquent l'apogée de la puissance mérovingienne, un Arnoul est évêque de Metz, et un Pépin (Pépin Ier, dit l'Ancien) est major domus, c'est-à-dire qu'il occupe la mairie du palais d'Austrasie ; ses descendants tentent de rendre cette charge héréditaire au moment où commence à se déliter le pouvoir des rois, dans la seconde moitié du VIIe siècle. Cette situation profite moins au fils de Pépin, Grimoald, qu'à son petit-fils, Pépin II, dit de Herstal, lequel, né du mariage de Begga, fille de Pépin Ier, et d'Ansegisel, fils d'Arnoul, cumule ainsi la fortune de ses deux grands-pères. Maire du palais d'Austrasie vers 680, à une époque où cette fonction a éclipsé une royauté devenue purement nominale, il vainc à Tertry (687), avec une armée de fidèles, son rival, le maire du palais de Neustrie. Il refait ainsi, à son avantage, l'unité de la Gaule du Nord, et entreprend bientôt (vers 690-695) la reconquête du delta du Rhin, occupé par les Frisons païens. Pour les convertir, il s'associe à des missionnaires anglo-saxons qui agissent en concertation avec la papauté : c'est là l'occasion d'un premier rapprochement entre les Pippinides et le siège romain, qui n'avait guère eu, jusqu'alors, d'influence sur les églises de Gaule.