duc de Bourgogne de 1419 à 1467 (Dijon 1396 - Bruges 1467).
Fils unique de Jean Sans Peur et de Marguerite de Bavière, Philippe le Bon devient duc de Bourgogne à l'âge de 23 ans, après l'assassinat de Jean Sans Peur à Montereau, le 10 septembre 1419, au cours de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Pour venger son père, il s'allie avec les Anglais et signe le traité de Troyes de 1420 qui consacre le démembrement du royaume, dont la partie orientale est contrôlée par la Bourgogne, la partie occidentale et Paris, par les Anglais. Le dauphin Charles, déshérité par le traité, se réfugie à Bourges. Espérant prendre part au gouvernement du royaume après la mort de Charles VI, en 1422, Philippe le Bon marie sa sœur Anne au duc de Bedford, régent en France pour Henri VI d'Angleterre. Mais ce dernier n'entend pas partager le pouvoir et le duc de Bourgogne se rapproche bientôt du « roi de Bourges », comme on appelle alors Charles VII, en quête de légitimité. D'abord neutre - il laisse passer la chevauchée de Jeanne d'Arc et du roi vers Reims, en 1428 -, Philippe le Bon entame à partir de 1432 les négociations qui aboutissent en 1435 au traité d'Arras, marque de la réconciliation franco-bourguignonne. Philippe le Bon est, sa vie durant, dispensé de l'hommage au roi de France.
Ainsi émancipé, le duc se consacre à étendre ses États, faisant basculer l'État bourguignon vers la Flandre. Il recueille les fruits de la politique matrimoniale et territoriale de ses prédécesseurs : le comté de Namur en 1421, le duché de Brabant avec Anvers et Malines en 1430, le Hainaut, la Hollande, la Zélande et la Frise de 1428 à 1432, le Luxembourg en 1433, Utrecht et Liège en 1455. Philippe le Bon est alors maître de toute la façade de la mer du Nord et d'un arrière-pays incomparable. Son territoire commence à s'étendre vers Thionville et lorgne sur la basse Lorraine, région intermédiaire entre ses domaines flamands et bourguignons. Ses possessions, qui abritent 5 à 7 millions d'habitants, font de lui le « grand duc du Ponant ». Ses États s'organisent : universités, chambres des comptes et cours de justice s'implantent dans la partie flamande comme dans la partie bourguignonne. La cour du duc se veut aussi le reflet de sa grandeur : il crée en 1430 l'ordre de la Toison d'or, destiné à rassembler dans un idéal chevaleresque les principales personnalités flamandes et bourguignonnes. Amateur de luxe et de faste, il entretient des artistes tels Jan Van Eyck ou Rogier Van der Weyden. Le « vœu du faisan », le 17 février 1454, reflète les goûts du duc pour le faste et la chevalerie : au cours d'un banquet à Lille, qui rassemble la cour et la Toison d'or, il s'engage avec son fils à délivrer Byzance tombée aux mains des Turcs.
Les dernières années de son règne sont marquées par un déclin, et ses rapports avec Charles VII s'aigrissent. Il protège le futur Louis XI en lutte contre son père, mais abandonne bientôt les rênes du pouvoir à son fils Charles. À sa mort, le plus grand des ducs de Bourgogne laisse à Charles le Téméraire la perspective d'une couronne que lui a refusée, en 1453, l'empereur Frédéric III de Styrie. La survie de l'État bourguignon dépend alors de ce que saura en faire son héritier.