Armagnacs et Bourguignons,
nom des deux factions qui, sous Charles VI, s'opposent dans une guerre civile de 1407 à 1422. L'assassinat du duc Louis d'Orléans (frère du roi de France Charles VI) par le duc de Bourgogne Jean sans Peur, le 23 novembre 1407, marque le début de la « querelle des Armagnacs et des Bourguignons ».
Conflits de personnes ...
• Mais l'origine de cette querelle est plus ancienne : le roi de France étant frappé de démence depuis 1392, son oncle, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, et son frère, Louis d'Orléans, se disputent le pouvoir. Tout oppose les deux princes : ambitions politiques, intérêts financiers, diplomaties rivales - dans l'Empire et en Angleterre -, divergences sur le grand schisme d'Occident. Le conflit s'aggrave à la mort de Philippe le Hardi, en 1404 : Louis d'Orléans, favorisé par la reine Isabeau de Bavière, détient le pouvoir de 1405 à 1407 et coupe peu à peu les vivres à la principauté bourguignonne. Dès 1405, des clans se forment : celui du duc d'Orléans ayant pris pour emblème un bâton noueux, et pour devise « Je l'ennuie », celui de Jean sans Peur, nouveau duc de Bourgogne, adopte le rabot, et la devise « Je le tiens ».
L'assassinat de 1407 laisse au parti d'Orléans une veuve, Valentine Visconti, et un enfant de 13 ans, le futur poète Charles d'Orléans. Jean sans Peur rentre bientôt en grâce auprès du roi et de la reine : de 1409 à 1413, le gouvernement est bourguignon. Pendant ce temps, Jean, duc de Berry (oncle de Charles VI), assure la défense des intérêts de Charles d'Orléans : à Gien, en 1410, il coalise autour de lui une ligue qui regroupe les ducs de Bretagne et d'Orléans, et le comte Bernard VII d'Armagnac, dont la fille Bonne épouse le jeune prince. Le parti d'Orléans prend le nom des redoutables mercenaires armagnacs qui accompagnent Bernard VII.
... et choix politiques divergents.
• Les principes défendus par les Armagnacs - au moins verbalement - sont les mêmes que ceux des marmousets, vieux conseillers du roi Charles V demeurés dans l'entourage du duc de Berry : un État fort appuyé par des serviteurs zélés, des finances saines, l'indépendance des institutions. Les Bourguignons, au contraire, soutenus par l'Université, tiennent à un idéal politique de réforme - c'est-à-dire, au Moyen Âge, à un retour à des pratiques anciennes, réputées meilleures (antiques franchises urbaines, abolition des impôts). Armagnacs et Bourguignons ont leurs partisans dans la bourgeoisie parisienne : le milieu des changeurs de métaux précieux, qui domine aussi le crédit, soutient les Armagnacs, tandis que la prévôté des marchands, attachée aux libertés parisiennes, rejoint les Bourguignons.
La guerre de Cent Ans en toile de fond.
• Entre 1409 et 1412, Armagnacs et Bourguignons s'affrontent, se promettent la paix, négocient pour obtenir le concours des Anglais contre le parti adverse. À Paris, aux mains des Bourguignons, la guerre civile prend un autre tour après la convocation des états généraux par Jean sans Peur (1413). Le mouvement réformiste est débordé par la révolte cabochienne, et les excès des émeutiers incitent les Parisiens à faire appel aux princes du parti d'Orléans. Sitôt dans Paris, les Armagnacs massacrent les Bourguignons, et Bernard d'Armagnac, devenu connétable en 1415, y exerce une dictature jusqu'en 1418. L'entrée des Bourguignons à Paris, en mai 1418, d'abord perçue comme une délivrance, est marquée par de nouveaux massacres, au cours desquels périt Bernard d'Armagnac. Son parti, que la captivité de Charles d'Orléans depuis Azincourt (1415) prive de chef, se range aux côtés du dauphin Charles (le futur Charles VII), qui se proclame régent du royaume, tandis que Jean sans Peur et la reine Isabeau tiennent le roi Charles VI en leur pouvoir.
C'est durant les négociations entre le dauphin et le duc de Bourgogne, le 10 septembre 1419 à Montereau, que l'entourage armagnac de Charles assassine Jean sans Peur. Ce meurtre relance la guerre civile et précipite les événements : le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, négocie alors avec les Anglais et avec Isabeau de Bavière le traité de Troyes (21 mai 1420), qui déshérite le dauphin et proclame Henri V d'Angleterre héritier du royaume de France. À partir de 1422 (date de la mort de Charles VI), et jusqu'à la réconciliation finale avec le duc de Bourgogne par le traité d'Arras (1435), les Armagnacs seront les partisans du « roi de Bourges ».
Armée révolutionnaire,
armée intérieure, distincte de l'armée régulière, créée en 1793 pour intimider les contre-révolutionnaires et faire respecter les lois sur les subsistances.
Dès l'été 1793, alors que la France en guerre est menacée de l'intérieur par le soulèvement de Vendée et le fédéralisme, de petites armées révolutionnaires apparaissent en province. À Paris, c'est sous la pression de la foule et des cordeliers que la Convention - envahie lors de la journée du 5 septembre 1793 - décrète, en même temps qu'elle met la Terreur à l'ordre du jour, la formation d'une armée révolutionnaire de 6 000 hommes et 1 200 canonniers.
Instrument de la Terreur, cette armée, commandée par le cordelier Ronsin, est composée de sans-culottes urbains, bien souvent enragés et hébertistes. Elle assure, principalement, avec un certain succès, le ravitaillement des villes et des armées, obligeant les cultivateurs à livrer leur production et à respecter la loi du maximum. Elle joue aussi un rôle prépondérant dans le mouvement de déchristianisation durant l'hiver 1793. Ses détachements, parfois accompagnés d'une guillotine ambulante, pourchassent, dans les campagnes, suspects, feuillants, girondins, accapareurs ou ecclésiastiques. Très vite, la Convention s'inquiète de ses initiatives et de ses excès. Le 14 frimaire an II (4 décembre 1793), elle décrète la suppression des armées de province, puis, le 7 germinal an II (27 mars 1794) - trois jours après l'exécution des chefs des cordeliers -, le licenciement de l'armée parisienne.
armées catholiques et royales,
nom donné à des rassemblements, plus ou moins organisés, d'insurgés hostiles à la Révolution.
Même si l'on en rencontre dès 1792 dans le Midi ou dans le Massif central, le terme d'« armée » n'est véritablement revendiqué qu'en Vendée, à partir d'avril 1793. C'est là que de simples bandes rurales, levées depuis mars, sont regroupées autour de noyaux de quelques milliers de soldats permanents (contre-révolutionnaires avérés, aventuriers, déserteurs), sous le commandement de chefs vite promus généraux - Jacques Cathelineau, François Athanase de Charette de La Contrie, Maurice Gigost d'Elbée, Charles de Bonchamps, Sapinaud de La Rairie... Les paysans, levés au son du tocsin, rassemblés derrière leurs « chefs de paroisse », servent de masse de manœuvre efficace. Le médiocre armement initial (faux retournées, fusils de chasse...) est rapidement complété par les armes et canons pris aux républicains. Ces armées, rivales, manquent d'unité et ne sont pas permanentes. Elles sont dispersées ou écrasées pendant la « virée de Galerne » (novembre 1793). Mais elles sont reconstituées, à partir de 1794 et jusqu'à la fin de 1795, autour de Charette et de Jean Nicolas Stofflet.