Académie des sciences,
société savante réunie à Paris en 1666 par Colbert, sous le nom d'Académie royale des sciences, et qui rassemble alors une vingtaine d'hommes de science (astronomes, mathématiciens, physiciens, anatomistes, botanistes, zoologistes et chimistes), parmi lesquels le Néerlandais Huygens et l'Italien Jean Dominique Cassini, attirés à prix d'or. Les besoins en hommes et en moyens financiers de la science expérimentale du XVIIe siècle rejoignent les préoccupations administratives et le désir de gloire de Louis XIV. En échange de rémunérations, d'investissements techniques, et forte du prestige lié à sa reconnaissance par l'État, la compagnie exécute des programmes royaux tels que le relevé des côtes, nécessaire à la sécurité de la marine, ou l'adduction d'eau pour alimenter le château deVersailles et les bassins, fontaines et jets d'eau de son jardin. Cette science appliquée, dont les résultats demeurent confidentiels, est couplée à un effort dans la recherche fondamentale (création de l'Observatoire royal de Paris, missions astronomiques en France et à Cayenne) qui débouche sur des publications par l'Imprimerie royale, mais s'essouffle à la mort de Colbert, en 1683. En 1699, l'Académie s'installe au Louvre, reçoit enfin un statut qui la répartit en sections et hiérarchise ses 70 membres, et voit sa mission redéfinie. Association d'hommes de science plutôt qu'équipe de recherche, elle adjoint à l'expertise administrative un rôle public que symbolise l'habile vulgarisateur Fontenelle, son secrétaire perpétuel de 1699 à 1740. Elle oriente les recherches par les questions de ses concours publics, examine les inventions, rend compte chaque année de ses travaux dans Histoire et mémoires de l'Académie royale des sciences. Ses membres participent également à la rédaction du Journal des savants, fondé en 1665, puis à l'Encyclopédie, dont l'académicien d'Alembert est co-animateur. Réformée en 1785 par Lavoisier, elle bénéficie à la fin de l'Ancien Régime d'une telle renommée que, dans l'Europe des despotes éclairés, des institutions fonctionnant sur son modèle sont créées.
Supprimée par la Convention en 1793 après que ses membres eurent défini le nouveau système métrique, l'institution renaît en 1795. Elle occupe le premier rang en nombre (60 membres) et en prestige au sein du nouvel Institut. Si elle conserve au XIXe et au XXe siècle sa fonction de reconnaissance sociale des activités savantes, l'Académie ne participe plus à l'évolution des sciences par des recherches propres. Elle se contente de susciter les initiatives (par des prix et des bourses), d'appuyer certains scientifiques (en 1865, elle prend parti pour Pasteur dans le débat qui l'oppose à la Société de médecine à propos de la génération spontanée) ou d'enregistrer et de diffuser dans ses Comptes rendus hebdomadaires (publiés depuis 1835) les découvertes et inventions faites dans les laboratoires industriels et d'autres institutions, dont les facultés des sciences ou le CNRS. Réformée en 1975, puis en 2002-2003, elle travaille depuis dans les domaines de l'application des découvertes scientifiques et de l'éducation des sciences, et entend faire figure d'autorité morale.
Académie des sciences morales et politiques,
l'une des cinq académies composant l'Institut de France, créé le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795).
Contrairement aux deux autres classes de l'Institut, celle-ci ne succède à aucune académie d'Ancien Régime. Elle prend la relève de clubs plus ou moins éphémères, dont celui de l'Entresol, auquel appartint Montesquieu, ou s'inspire de l'esprit de certaines académies provinciales. S'inscrivant dans le droit-fil de la philosophie des Lumières, elle œuvre à la promotion, à côté des sciences exactes, des sciences qui s'attachent à l'étude de l'homme, de ses mœurs, de son organisation en société et de son gouvernement. Cependant, par l'arrêté du 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803), Bonaparte restructure l'Institut : les membres de la deuxième classe sont répartis entre les quatre classes nouvellement organisées. Volonté de réprimer la liberté de l'esprit et les Idéologues ou simple réorganisation d'une classe bien hétérogène ? En 1816, Louis XVIII ne restaure pas l'Académie, institution républicaine. Il faut attendre 1832 pour la voir renaître, à l'initiative de Guizot. Sous le Second Empire, elle est un pôle de l'opposition libérale, représentée par Tocqueville, Michelet, Odilon Barrot, Thiers ou Auguste Casimir-Perier. Son activité est alors intense : publication des comptes rendus de séance dans la Revue de l'Académie des sciences morales et politiques, production de nombreux rapports sur l'état social de la France, dont celui de Villermé... Cette activité s'est maintenue même si, au XXe siècle, l'influence de l'Académie sur le monde politique et le mouvement des idées tend à diminuer.
académies protestantes,
instituts protestants d'enseignement supérieur qui prennent leur essor après la proclamation de l'édit de Nantes (1598) et sont supprimés après sa révocation (1685).
Leur finalité principale est la formation de ministres du culte. Des académies protestantes, au nombre de huit, fonctionnèrent à Nîmes, Orthez, Sedan, Saumur, Montauban, Montpellier, Orange et Die. Les trois premières sont créées respectivement par la municipalité, par Jeanne d'Albret et par Henri de la Tour d'Auvergne. Les cinq autres le sont par les autorités synodales. L'académie de Nîmes est à l'origine de ce développement. En 1582, sous l'impulsion de Jean de Serres, le collège de Nîmes devient une haute école d'humanités. Après un cycle obligatoire de huit années, l'élève assiste à des leçons publiques libres de mathématiques et d'histoire, une matière alors nouvelle dans l'enseignement. À l'âge de 20 ans, il étudie le droit, la médecine ou la théologie. Les académies contrôlées par les synodes dispensent, quant à elles, une formation essentiellement pastorale. La dogmatique y tient une place prépondérante. Après un cycle de deux ans à la faculté des arts, les étudiants, alors appelés « proposants », entreprennent un cycle de théologie de trois à quatre années et comprenant quatre enseignements : hébreu, grec, théologie et controverse. À Saumur, l'académie la plus célèbre, on compte trois professeurs de théologie, deux de philosophie, un de grec et un de mathématiques.