Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Grévy (François Paul Jules),

avocat et homme politique, président de la République de 1879 à 1887 (Mont-sous-Vaudrey, Jura, 1807 - id. 1891).

Venu étudier le droit à Paris, il s'inscrit au barreau et devient un des avocats habituels du Parti républicain, plaidant par exemple, en 1839, pour deux amis de Barbès. En 1848, il est d'abord nommé commissaire du gouvernement provisoire, puis est élu député à l'Assemblée constituante. Vice-président de l'Assemblée, il défend une position restée célèbre contre l'élection du président de la République au suffrage universel : il propose dans un amendement que le pouvoir exécutif soit remis par l'Assemblée à un « président du Conseil des ministres » nommé « au scrutin secret et à la majorité absolue des suffrages ». Mais cet amendement est repoussé à une large majorité le 7 octobre 1848.

Réélu à l'Assemblée législative, Grévy prend parti aussi bien contre les royalistes que contre le président de la République : il est opposé à la loi du 31 mai qui réduit le suffrage universel et appuie la proposition des questeurs qui donnait au président de l'Assemblée le droit de quérir la force publique. Après le coup d'État de décembre 1851, il cesse de participer à la vie publique jusqu'en 1868, année où il est élu au Corps législatif. Il adopte alors une attitude d'opposant sans concession à l'Empire, combattant le plébiscite.

Ce républicain n'est cependant pas un révolutionnaire : le 4 septembre 1870, il fait partie des députés qui se réunissent après l'envahissement du Corps législatif et participe à la délégation qui négocie sans succès à l'Hôtel de Ville avec le gouvernement de la Défense nationale. Partisan de la paix en février 1871, il est élu président de la nouvelle Assemblée, mais démissionne en 1873, contre le souhait de la majorité. Membre de la gauche républicaine, défavorable aux lois constitutionnelles de 1875, il retrouve néanmoins la présidence de la Chambre des députés en 1876. Son combat constant en faveur de la République, allié à sa modération en font le candidat le mieux placé pour succéder à Mac-Mahon : il est élu président de la République par le Congrès à la majorité absolue, le 30 janvier 1879. Intervenant peu dans les affaires de politique intérieure, il adopte une politique de maintien de la paix au plan international, excluant toute revanche sur l'Allemagne. La Chambre le réélit à une très large majorité en décembre 1885, avant de le contraindre à la démission deux ans plus tard après la révélation du scandale des décorations auquel se trouvait mêlé son gendre, le député Wilson.

Griffuelhes (Victor),

syndicaliste (Nérac, Lot-et-Garonne, 1874 - Saclas, Essonne, 1922).

Issu d'une famille pauvre, Griffuelhes, ouvrier cordonnier, s'installe à Paris en 1893, et, très vite, devient un membre actif du syndicat de la cordonnerie de la Seine, puis le secrétaire de l'Union des syndicats de la Seine et de la Fédération nationale des cuirs et peaux. À l'orée du siècle, il apparaît comme une des figures importantes du monde syndical, qui se regroupe au sein de la CGT, dont il est élu secrétaire général en 1901.

Syndicaliste révolutionnaire, Griffuelhes considère que seule l'action syndicale peut libérer la classe ouvrière de l'exploitation capitaliste. Les années qu'il passe à la tête de la CGT sont marquées par l'adoption de la Charte d'Amiens (1906), qui affirme l'indépendance des syndicats à l'égard des partis politiques, et par la pratique de l'action directe contre le patronat. Griffuelhes, très présent auprès des ouvriers grévistes, orchestre notamment la grève générale du 1er mai 1906 pour l'obtention de la journée de huit heures, qui marque l'apogée du syndicalisme d'action directe.

Après sa démission en 1909, provoquée par un conflit de gestion avec le trésorier de la CGT, il s'engage dans une réflexion sur le syndicalisme et écrit pour la Vie ouvrière et la Bataille syndicale. Pendant la guerre, il intervient pour s'opposer au nationalisme guerrier comme au pacifisme. Il meurt en 1922, alors que le syndicalisme révolutionnaire tâche de trouver une place dans un monde syndical déchiré entre une CGT modérée et la nouvelle CGTU, proche du Parti communiste.

Grimoald,

maire du palais d'Austrasie (vers 620 - 662).

Fils de Pépin Ier de Landen, ancêtre éponyme des Pippinides, Grimoald appartient à l'une des plus puissantes familles du royaume d'Austrasie. Mais, à la mort de Pépin Ier, en 640, le roi Sigebert III confie la mairie du palais à une famille rivale des Pippinides. Ce n'est qu'à l'occasion de multiples révoltes, qu'il a lui-même plus ou moins fomentées, que Grimoald peut reprendre cette charge vers 643. Il exerce alors une grande influence sur le roi Sigebert, au point de le convaincre d'adopter son propre fils sous le nom mérovingien de Childebert ; Sigebert n'ayant pas d'enfant, Grimoald espère ainsi faire passer le titre royal dans sa famille. Le fait que le couple royal obtienne enfin l'enfant tant désiré, prénommé Dagobert, ne change rien aux plans de Grimoald : à la mort de Sigebert, en 656, il fait reconnaître comme roi son fils Childebert, qui règne effectivement sur l'Austrasie de 656 à 662, sous la tutelle de son père. En outre, Grimoald a pris la précaution d'exiler le jeune Dagobert dans un monastère irlandais.

Mais une partie des grands, tant en Austrasie qu'en Neustrie, considère que Childebert a usurpé la royauté : ils constituent un parti « légitimiste » qui entend rétablir sur le trône un descendant des Mérovingiens et, surtout, enrayer la montée en puissance des Pippinides. En 662, une faction ennemie livre Grimoald aux Neustriens, qui le jugent et l'exécutent. La première tentative de prise du pouvoir par les ancêtres des Carolingiens se solde par un échec.

grippe espagnole,

épidémie qui a fait au moins vingt millions de morts dans le monde entre août 1918 et le printemps 1919, dont 200 000 à 400 000 en France, parmi lesquels le poète Guillaume Apollinaire.

Les chiffres sont tels que les médecins, les hôpitaux, les morgues et même les cimetières sont rapidement débordés, et qu'on évoque le choléra, la peste ou le typhus, même si tous les symptômes sont ceux de la grippe. La malnutrition liée à la guerre a été également invoquée, mais, si elle a effectivement affaibli les individus en Europe, elle ne saurait expliquer, par exemple, le demi-million de morts aux États-Unis. Si le premier conflit mondial a joué un rôle, c'est plutôt du fait des transports de troupes, qui ont facilité la contagion de continent à continent. En fait, il s'agit là de la dernière des grandes grippes dévastatrices qui se sont succédé à partir de 1530, date à laquelle la première est formellement identifiée, et qui réapparaissent en 1729, 1733, 1782, 1830, 1847 et 1889.