promesse solennelle faite par le vassal à son seigneur après le rite de l'hommage, et qui crée une subordination.
Prêté sur des reliques ou sur les Évangiles, le serment de fidélité engage donc le salut de l'âme de celui qui le prononce, et place les obligations vassaliques dans la sphère du religieux. Il contribue à christianiser les relations d'homme à homme, demeurées, sans doute jusqu'au Xe siècle, largement hors du contrôle de l'Église.
Du serment résultent des obligations négatives : ne pas nuire au seigneur, c'est-à-dire ne pas participer à une action qui pourrait porter atteinte à sa personne, à ses biens, à son honneur. Au XIe siècle, toutefois, les seigneurs s'efforcent de transformer cet engagement en une obligation positive de servir. En témoigne une lettre que Fulbert, évêque de Chartres, adresse au duc d'Aquitaine Guillaume V en 1024. Répondant au duc pour l'aider à résoudre un cas concret difficile, Fulbert définit les droits et devoirs nés du contrat vassalique. Il recommande une étroite subordination : selon lui, en effet, le vassal ne doit pas seulement s'abstenir de nuire, il lui faut également faire le bien, c'est-à-dire obéir scrupuleusement aux ordres du seigneur, participer activement à son conseil et au service militaire.
Si, en théorie, du moins, et dans quelques cas très particuliers, l'hommage peut être brisé, le serment de fidélité est, en revanche, irrévocable. Selon Fulbert, tout refus de remplir les obligations positives inhérentes au serment est assimilable à un parjure. L'évêque exprime ainsi le désir de la haute aristocratie de se donner les moyens juridiques de commander à des hommes extrêmement turbulents et portés à l'insoumission ou à la révolte. La fidélité confirme l'inégalité de principe induite par la cérémonie de l'hommage, où le vassal fait don de soi-même au seigneur. La relation dissymétrique ainsi établie constitue le fondement même du système féodal : elle permet d'exiger du vassal un dévouement sans limites, que le seigneur n'est pas tenu de récompenser d'une façon particulière, puisque le fief rémunère par avance tous les services.