Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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FFL (Forces françaises libres), (suite)

Les Forces navales françaises libres (FNFL), commandées par les amiraux Muselier puis Auboyneau, et essentiellement engagées dans la Manche, comptent, au début de 1943, 5 000 marins. Les Forces aériennes françaises libres (FAFL), constituées à l'été 1941, réunissent plusieurs groupes d'aviation, parmi lesquels le fameux Normandie-Niémen, qui combat sur le front de l'Est, aux côtés des Russes.

À l'été 1943, après la création du Comité français de Libération nationale (CFLN), les FFL s'unissent aux forces giraudistes. Certaines unités, comme la 2e DB, demeurent cependant des bastions autant que des symboles du gaullisme.

FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste),

formation créée le 10 septembre 1965, et qui a constitué le pôle de rassemblement de la gauche non communiste, jusqu'à son éclatement en 1969.

Au début des années soixante, face à la nouvelle donne introduite par l'élection du président de la République au suffrage universel, l'opposition de gauche cherche un renouveau. Gaston Defferre échoue toutefois à l'incarner, ne pouvant concilier dans son projet de « grande fédération » les vues antagonistes de la SFIO et des centristes. François Mitterrand reprend l'idée, avec succès : il favorise la création d'une fédération résolument ancrée à gauche, associant la SFIO, la Convention des institutions républicaines (CIR), qu'il dirige, le Parti radical ainsi que divers clubs. S'appuyant sur cette union et fort du soutien communiste, le leader de la CIR contraint de Gaulle à un second tour - inattendu - à l'élection présidentielle (décembre 1965). Après ce premier succès, la FGDS renforce ses positions lors des législatives de mars 1967, qui témoignent de l'assise retrouvée des partis de gauche : la FGDS compte 121 députés, le PC, 73, les gaullistes ne conservant qu'une faible majorité. Mitterrand, président de la coalition, en renforce les structures et engage des négociations avec les communistes.

Les événements de mai 68 vont briser cette dynamique : la gauche se divise, et l'opinion, dans un réflexe de peur, se retourne bientôt vers le parti gaulliste. La lourde défaite aux élections législatives qui s'ensuit au mois de juin provoque une crise dont la FGDS ne se remet pas : François Mitterrand en abandonne la présidence en novembre ; la dissolution survient l'année suivante.

Fiches (affaire des),

scandale suscité par la révélation, en 1904, d'un système de renseignement sur les convictions politiques et religieuses des officiers de l'armée.

Au lendemain de l'affaire Dreyfus, les républicains se méfient de l'armée, apparue comme un État dans l'État, et bien peu républicaine. Sous le ministère Waldeck-Rousseau, Galliffet, le ministre de la Guerre, fait passer l'avancement des officiers supérieurs sous son contrôle direct. Dans le gouvernement Combes, son successeur, le général André, veut bloquer la carrière des éléments les plus réactionnaires et favoriser celle des républicains. Il accepte la proposition du Grand Orient, dont les loges maçonniques créent un réseau d'information dans les villes de garnison. 18 818 fiches sont ainsi rédigées. Mais un responsable franc-maçon en rupture de ban révèle l'affaire aux chefs de la Ligue antimaçonnique. Une campagne de presse commence, suivie d'une interpellation à la Chambre le 28 octobre 1904. André nie être au courant, puis Combes le force à démissionner, croyant sauver son ministère, qui est pourtant renversé le 18 janvier 1905. On a souvent retenu le côté mesquin de nombre de fiches (« Va à la messe avec un gros livre sous le bras », « A assisté à la messe de première communion de sa fille » ou « Quand on porte un nom pareil, on ne peut pas être républicain »). C'est du « jésuitisme retourné », lance Clemenceau au Sénat. De fait, Jean Jaurès, qui tente jusqu'au bout de sauver le gouvernement du Bloc des gauches, dénonce la « paralysie de mémoire » et rappelle que peu de temps auparavant c'étaient les officiers républicains qui étaient brimés pour leurs idées.

fidélité (serment de),

promesse solennelle faite par le vassal à son seigneur après le rite de l'hommage, et qui crée une subordination.

Prêté sur des reliques ou sur les Évangiles, le serment de fidélité engage donc le salut de l'âme de celui qui le prononce, et place les obligations vassaliques dans la sphère du religieux. Il contribue à christianiser les relations d'homme à homme, demeurées, sans doute jusqu'au Xe siècle, largement hors du contrôle de l'Église.

Du serment résultent des obligations négatives : ne pas nuire au seigneur, c'est-à-dire ne pas participer à une action qui pourrait porter atteinte à sa personne, à ses biens, à son honneur. Au XIe siècle, toutefois, les seigneurs s'efforcent de transformer cet engagement en une obligation positive de servir. En témoigne une lettre que Fulbert, évêque de Chartres, adresse au duc d'Aquitaine Guillaume V en 1024. Répondant au duc pour l'aider à résoudre un cas concret difficile, Fulbert définit les droits et devoirs nés du contrat vassalique. Il recommande une étroite subordination : selon lui, en effet, le vassal ne doit pas seulement s'abstenir de nuire, il lui faut également faire le bien, c'est-à-dire obéir scrupuleusement aux ordres du seigneur, participer activement à son conseil et au service militaire.

Si, en théorie, du moins, et dans quelques cas très particuliers, l'hommage peut être brisé, le serment de fidélité est, en revanche, irrévocable. Selon Fulbert, tout refus de remplir les obligations positives inhérentes au serment est assimilable à un parjure. L'évêque exprime ainsi le désir de la haute aristocratie de se donner les moyens juridiques de commander à des hommes extrêmement turbulents et portés à l'insoumission ou à la révolte. La fidélité confirme l'inégalité de principe induite par la cérémonie de l'hommage, où le vassal fait don de soi-même au seigneur. La relation dissymétrique ainsi établie constitue le fondement même du système féodal : elle permet d'exiger du vassal un dévouement sans limites, que le seigneur n'est pas tenu de récompenser d'une façon particulière, puisque le fief rémunère par avance tous les services.