Grande Armée (la), (suite)
Les pertes sévères subies à Eylau (1807), notamment, contraignent Napoléon à compléter ses forces par des levées importantes de conscrits. Au début de 1808, les effectifs restent sensiblement les mêmes que ceux de 1805, mais la composition de la Grande Armée commence à être modifiée : si les trois quarts des hommes sont encore français, les contingents des États alliés sont de plus en plus nombreux. En 1809, il faut recourir à des levées extraordinaires et « rétroactives » (sur les classes de 1806 à 1810) pour compléter les effectifs. La Grande Armée de 1809 possède donc une expérience moins grande que sa devancière. Non seulement le nombre d'unités étrangères augmente en proportion, mais ces dernières font désormais partie du corps de bataille, et non plus des troupes auxiliaires. Le nombre des soldats s'accroît, mais la qualité manœuvrière militaire diminue. Ces tendances vont en s'accentuant dans la Grande Armée de 1812 : à peine la moitié des 600 000 hommes qui la composent sont originaires des cent trente départements « français ». La retraite de Russie oblige Napoléon à faire feu de tout bois pour reconstituer ses forces. Le problème le plus criant n'est pourtant pas celui de la troupe, mais celui des officiers : on intègre des officiers réformés, des élèves des écoles militaires... Ces éléments inexpérimentés résistent mal aux épreuves de la campagne d'Allemagne. En 1814, Napoléon ne peut plus compter que sur des forces limitées. On utilise alors les fameux « Marie-Louise », ces jeunes conscrits levés grâce à un sénatus-consulte obtenu par l'impératrice.
Instrument exceptionnel forgé par la Révolution, la Grande Armée ne résiste pas à la poursuite des guerres napoléoniennes. Cette usure est l'un des facteurs qui expliquent les défaites de la fin du règne.