Évian (accords d'),
accords de cessez-le-feu, signés le 18 mars 1962 à Évian, qui mettent fin à la guerre d'Algérie, et qui sont complétés par une série de « déclarations gouvernementales ».
Ils sont l'aboutissement de longues négociations, plusieurs fois interrompues et jalonnées par les entretiens de Melun (juin 1960), d'Évian (mai-juin 1961) et de Lugrin (juillet 1961). L'ambiguïté juridique de ces accords, conclus avec le Front de Libération nationale (FLN) et non avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), que la France refuse de reconnaître, n'ôte rien à leur importance : ils posent les bases d'un État algérien indépendant et souverain, et définissent les principes de collaboration entre la France et l'Algérie.
La déclaration générale prévoit, dans un premier temps, l'organisation, dans un délai de trois à six mois, d'un scrutin d'autodétermination. Y sont également précisés le fonctionnement des pouvoirs publics durant la période transitoire précédant ce scrutin et la définition des principes régissant le nouvel État algérien : il s'agissait alors, pour les négociateurs français, d'obtenir des garanties en faveur des Français qui souhaiteraient rester en Algérie après l'indépendance. Les concessions algériennes dans ce domaine sont compensées par des engagements économiques, financiers et culturels de la part de la France : poursuite, pendant une première période de trois ans, de l'assistance consentie à l'Algérie française depuis le plan de Constantine (plan de développement annoncé par le général de Gaulle en octobre 1958) ; intégration de l'Algérie française à la zone franc ; coopération pour l'exploitation des richesses du sous-sol saharien ; envoi de personnel enseignant et de techniciens... Du point de vue militaire, la réduction de l'armée française à 80 000 hommes dans un délai d'un an après le scrutin d'autodétermination doit aboutir à un rapatriement total des troupes dans un délai de vingt-quatre mois.
S'ils mettent fin officiellement à une guerre qui dure depuis plus de sept ans, les accords d'Évian ne brisent pas le cycle des violences. L'Organisation armée secrète (OAS) lance en effet une « offensive généralisée » pour s'opposer à l'application du cessez-le-feu et tenter - en vain - d'entraîner l'armée. Elle multiplie les attentats et interdit aux pieds-noirs de quitter l'Algérie, exposant ces derniers aux représailles du FLN (fusillades, enlèvements de plus de 1 160 personnes). Ce climat d'extrême tension provoque l'exode massif des Européens d'Algérie entre mars et décembre 1962.
En France, les accords d'Évian sont ratifiés par plus de 90 % de « oui » lors du référendum du 8 avril 1962 (pour lequel les suffrages des Européens d'Algérie ne sont pas sollicités). En Algérie, le scrutin d'autodétermination se déroule le 1er juillet 1962 : les résultats sont massivement favorables à l'indépendance (plus de 99 % des suffrages exprimés). Le général de Gaulle reconnaît donc l'indépendance de l'Algérie - Sahara inclus -, laquelle est proclamée solennellement le 3 juillet 1962. Les clauses économiques des accords seront ensuite condamnés comme « néo-colonialistes » par les gouvernements Ben Bella et Boumediene. Mais, si leur application a globalement échoué, les accords d'Évian ont néanmoins permis à la France d'achever la décolonisation et à l'Algérie de recevoir, entre 1963 et 1969, près d'un tiers des crédits français alloués au tiers-monde.
exagérés,
terme désignant, sous la Convention, ceux qui s'opposent aux modérés - les indulgents - et qui estiment que l'Assemblée et les comités ne sont pas assez radicaux.
Le 25 décembre 1793, Robespierre affirme que le gouvernement révolutionnaire « doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l'excès ». « Ce qu'on appelle exagération » pourrait faire expirer la République dans un « mouvement convulsif », quand le modérantisme la ferait « périr de langueur ». En évoquant la mouvance de « l'exagération », Robespierre décrit d'abord un comportement politique : les exagérés sont donc difficilement identifiables.
Qu'est-ce alors que l'excès redouté ? C'est d'abord la déchristianisation violente, orchestrée par Fouché, Chaumette, Léonard Bourdon et les étrangers Anacharsis Cloots, Desfieux, Proli et Pereira. C'est encore la guerre à outrance réclamée par Vincent, Charles Ronsin et Anacharsis Cloots, qui espèrent fonder, grâce à elle, la République universelle. Ce sont enfin ceux qui, comme Hébert et Momoro, réclament l'application la plus rigoureuse de la Terreur, le renforcement du maximum et l'épuration de la Convention.
En ventôse an II (mars 1794), les mêmes proclament la nécessité d'une insurrection aux Cordeliers, où la Déclaration des droits a été voilée en signe de deuil. Mais, le 23 ventôse (13 mars), la riposte est annoncée par le rapport de Saint-Just sur les factions de l'étranger ; le 24, les exagérés sont arrêtés. Dans la charrette du 4 germinal, on les retrouve en compagnie de petits militants populaires, patriotes avancés ou cordeliers.
excommunication,
sentence émise par une autorité ecclésiastique (généralement l'évêque) à l'encontre d'un fidèle ayant prononcé des paroles ou commis des actes jugés irrévérencieux à l'égard de Dieu, et qui met le coupable au ban de l'Église et le prive ainsi de ses droits à la communion des fidèles.
Depuis le XIIIe siècle, le droit canonique distingue nettement l'excommunication mineure de l'excommunication majeure. La première, en privant le fidèle du droit de recevoir les sacrements, s'apparente, dès le début du christianisme, à une pénitence, puisque le but est avant tout de provoquer l'amendement du coupable. L'excommunication majeure est beaucoup plus grave, se confondant avec l'anathème : non seulement le condamné (hérétique, violeur ou incestueux, par exemple) est exclu de tous les rites sacramentels, mais il est aussi privé de sépulture en terre consacrée, et les autres fidèles ont interdiction formelle d'entretenir des relations avec lui sous peine de châtiment. Les portes de l'église et du cimetière comme celles du Ciel lui sont fermées car, s'il ne se rachète pas, il est voué à la damnation éternelle. S'il s'agit d'un clerc, il se voit retirer l'ensemble de ses fonctions et prérogatives. Cette peine n'est jamais définitive, et le pécheur repentant peut toujours être absous et réintégré par l'évêque au sein de l'Église.