chimiste (Dijon 1737 - Paris 1816).
Avocat à Dijon en 1756, avant d'exercer comme avocat général du roi à partir de 1762 (charge dont il s'acquitte jusqu'en 1782), Guyton ne s'intéresse à la chimie qu'après sa réception à l'académie de Dijon en 1764. En 1768, il installe un laboratoire chez lui, et se consacre dès lors à cette discipline. Cet autodidacte étudie particulièrement les phénomènes de combustion et de calcination. D'abord adepte du phlogistique, il se rallie à la théorie antiphlogistique, après sa rencontre avec Lavoisier dans les années 1770, et commence à élaborer un nouveau système de nomenclature, qui aboutit en 1787 à la publication, de la Méthode de nomenclature chimique, cosignée par Lavoisier, Berthollet et Fourcroy. En outre, il collabore à l'Encyclopédie méthodique, réalisée de 1774 à 1832 sous la direction de Charles Joseph Panckoucke, dont il rédige la partie consacrée à la chimie. Mais, à cette époque, il doit sa notoriété à son intérêt pour l'aérostation, car il réussit une ascension en ballon en 1784.
Partisan de la Révolution, il est nommé procureur général syndic de la Côte-d'Or en 1790, puis est élu à l'Assemblée nationale en 1791, et à la Convention l'année suivante. Dès lors, il demeure à Paris, où il joue un rôle important dans la participation des savants à l'effort de guerre. Président du Comité de salut public du 6 avril au 11 juillet 1793, il se consacre surtout à la fabrication d'armes et de poudre. Il poursuit son action à d'autres postes : en mai 1794, il part en mission dans le Nord, et assiste le 26 juin à la bataille de Fleurus dans un ballon captif, afin d'observer les mouvements des ennemis. Il est de nouveau membre du Comité de salut public d'octobre 1794 à février 1795, puis participe à la fondation de l'École polytechnique. En septembre 1795, il entre au Conseil des Cinq-Cents. Comme la plupart des scientifiques de sa génération, il soutient l'Empire, dont il est fait baron en 1811, après avoir exercé diverses responsabilités. Rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, il n'est pas inquiété lors du retour des Bourbons.
Même si son œuvre théorique n'a guère laissé de traces, Guyton de Morveau apparaît surtout comme un homme de son temps, dont les intérêts, les engagements et la carrière reflètent ceux de nombre de savants du XVIIIe siècle qui ont connu l'épisode révolutionnaire.