Comité de sûreté générale, (suite)
Le fonctionnement du Comité est réorganisé à plusieurs reprises, mais, dans les grandes lignes, ses attributions - police et surveillance - ne changent guère de 1792 à 1795 : il doit veiller à la sûreté de la République et des personnes, assure des missions de contre-espionnage, de recherche et de surveillance des suspects, d'exécution de la justice révolutionnaire. Les comités révolutionnaires (ou de surveillance) des communes ou des sections de commune doivent lui signaler les suspects et lui rendre compte de leurs arrestations. Le Comité de sûreté générale procède à des interrogatoires et à des perquisitions ; il décide des mises en liberté ou des envois devant le Tribunal révolutionnaire. Dans leur travail de surveillance, les députés du Comité sont aidés par des employés dont le nombre ne cesse de croître : 92 fin 1793, 122 en avril 1794, 162 en juillet 1794. Parmi ces agents, on peut citer Stanislas Maillard, dit Tape-Dur, un des vainqueurs de la Bastille, présent lors de toutes les journées révolutionnaires. En août 1793, il est chargé d'organiser une police populaire à Paris, où il dirige 68 « observateurs » ayant pour mission « de découvrir et de déjouer les manœuvres des personnes suspectes et étrangères qui travaillent sourdement à troubler l'ordre et la tranquillité publique ».
Sûreté générale et salut public.
• Seul comité de la Convention à jouir d'une certaine autonomie par rapport au Comité de salut public, le Comité de sûreté générale est l'un des rouages du gouvernement révolutionnaire en l'an II. Ses membres sont parfois chargés de présenter des rapports importants aux députés, par exemple quant à l'interdiction des clubs de femmes et à l'exclusion de celles-ci des droits politiques, ou sur l'affaire de la Compagnie des Indes. Et plusieurs des grands discours révolutionnaires de l'an II sont prononcés au nom des deux Comités réunis.
On a souvent souligné les rivalités entre les deux Comités, présentées comme un des facteurs ayant entraîné la journée du 9 thermidor an II : la création d'un Bureau de police générale du Comité de salut public, la loi du 22 prairial (10 juin 1794) relative au renforcement de la justice révolutionnaire, indisposent le Comité de sûreté générale, mis à l'écart. Les allusions à Robespierre (nouveau « Messie ») qui émaillent le rapport sur l'affaire Catherine Théot, prononcé le 27 prairial par Vadier au nom du Comité de sûreté, accroissent les tensions. Sans nier ce conflit et son rôle dans la crise de Thermidor, les historiens tendent aujourd'hui à le relativiser et, surtout, cherchent à l'étudier « en termes plus politiques de divergences au sein même du groupe montagnard » (Françoise Brunel). En effet, les députés qui dénoncent Robespierre le 9 thermidor appartiennent aux deux Comités - ce qui illustre la complexité de l'événement, dont la rivalité entre les deux institutions n'est qu'un des éléments.
Après la chute de Robespierre, les fonctions du Comité de sûreté ne changent pas, mais il est peu à peu entièrement renouvelé, ses anciens membres étant proscrits, emprisonnés ou condamnés à mort. Il est alors composé de députés « thermidoriens », qui s'illustrent par une politique hostile à l'an II. Il est supprimé avec la Convention (26 octobre 1795).