maladie que les rois capétiens avaient la réputation de guérir, depuis le XIIe siècle, au moins.
Souvent associée à une tuberculose génitale, cette affection se caractérise par une inflammation des ganglions lymphatiques, notamment au niveau du cou ; spectaculaire mais rarement mortelle, elle peut être guérie à la suite d'un choc psychologique.
Guibert de Nogent (vers 1053-vers 1124) est le premier à mentionner, à propos de Louis VI le Gros, le rite de guérison des écrouelles par le roi de France, rite qu'il présente comme coutumier depuis le règne de Philippe Ier (1060/1108). Il est possible que la tradition remonte encore plus loin : Helgaud de Fleury, biographe de Robert II le Pieux (roi de 996 à 1031), rapporte les nombreuses guérisons dues à ce souverain, mais rien n'indique qu'elles aient bénéficié à des scrofuleux. Le pouvoir thaumaturgique des Capétiens est évidemment lié au sacre, qui, par l'onction, leur confère une aura surnaturelle. La propagande royale du XIIe siècle utilise sans doute aussi un vieux fonds de croyances populaires concernant les rois magiciens ou les saints guérisseurs, tel Marcoul, dont le culte paraît singulièrement lié aux origines du toucher des écrouelles. À la même époque, les souverains normands, puis les Plantagenêts d'Angleterre, s'affirment aussi guérisseurs d'écrouelles, et prétendent avoir hérité ce pouvoir du dernier roi anglo-saxon, Édouard le Confesseur (1003-1066).
À partir du XIIIe siècle, le rite prend sa forme définitive. Tout en touchant le malade et en faisant un signe de croix, le roi prononce la formule « Le roi te touche, Dieu te guérit ». La pièce de monnaie remise en aumône aux scrofuleux acquiert à son tour des pouvoirs thaumaturgiques. Saint Louis « touche » ainsi tous les jours des malades qui, parfois, viennent de fort loin pour solliciter leur guérison. Malgré les critiques dont il fait l'objet de la part d'une Église gagnée à la réforme grégorienne, et, des siècles plus tard, de la part des philosophes des Lumières (en particulier de Montesquieu dans ses Lettres persanes), le rite de guérison des écrouelles se maintient jusqu'à la Révolution, et même au-delà. Charles X est le dernier roi à s'y prêter, juste après son sacre en 1825, mais la formule qu'il prononce à cette occasion est devenue « Le roi te touche, Dieu te guérisse ». Le roi-guérisseur s'est mué désormais en roi-intercesseur.