rencontre entre théologiens réformés et catholiques, qui se déroule sous les auspices de la régente Catherine de Médicis du 9 septembre au 14 octobre 1561, dans le couvent des dominicaines de Poissy.
Sur le modèle des colloques de Worms et de Ratisbonne (1540-1541), ce colloque vise à instaurer une concorde « à la française » entre confessions concurrentes, selon une approche nationale et œcuménique audacieuse, à un moment où le pape Paul IV vient d'appeler à une nouvelle session du concile général de Trente.
Le colloque s'inscrit dans le vaste programme de pacification des troubles religieux, lancé au printemps 1560 par Catherine de Médicis et son chancelier Michel de L'Hospital. À la suite des « pourparlers de Paris », conseil élargi à des parlementaires parisiens réuni au début de l'été 1561, la reine mère convoque l'assemblée. Trois groupes y participent : les « moyenneurs », tels que Claude d'Espence, Jean de Montluc et, dans une certaine mesure, le cardinal Charles de Lorraine ; les douze ministres réformés, menés par Théodore de Bèze qu'assiste Pierre-Martyr Vermigli ; les catholiques intransigeants, tels le cardinal de Tournon, le légat Hippolyte d'Este, et Diego Lainez, général de la Compagnie de Jésus. Les « moyenneurs » sont partisans d'un accommodement avec les calvinistes selon la formule d'une présence spirituelle du Christ dans la Cène, telle qu'elle apparaît dans la Confession d'Augsbourg (1530). Mais, dès la séance d'ouverture, Théodore de Bèze proclame que le corps du Christ « est éloigné du pain et du vin autant que le plus haut ciel est éloigné de la terre ». Ce « blasphème », aux yeux des prélats, empêche toute conciliation ultérieure. « Les uns et les autres, écrira le juriste et historien Étienne Pasquier quelques années plus tard, s'en sont alors retournés aussi sages et édifiés comme ils étaient arrivés. » La définition de l'eucharistie et de la transsubstantiation est si cruciale et sensible pour les parties en présence que le projet de concorde semble voué à l'échec. La méfiance est d'ailleurs profonde de part et d'autre. Calvin n'attend rien du colloque, et le Père Lainez rappelle que seul un concile réuni par le pape est apte à trancher des questions de foi. Malgré cet échec, la reine réunit une petite assemblée à Saint-Germain-en-Laye (28 janvier-11 février 1562) pour tenter de résoudre la querelle des images. En vain. Le rêve d'une entente chrétienne semble irréalisable.