Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Calmette (Gaston),

journaliste (Montpellier 1858 - Paris 1914).

Après des études de droit, Gaston Calmette entre au Figaro en 1885 ; il est un des premiers journalistes à enregistrer ses interviews à l'aide d'un phonographe. Au moment du scandale de Panamá, il écrit, sous le pseudonyme de « Vidi » (« J'ai vu »), une série d'articles qui provoquent, en 1892, la démission du ministre des Finances Maurice Rouvier. En 1902, Calmette est nommé à la direction du Figaro, dont il fait un des organes de presse les plus influents. En 1913, il déclenche une campagne de presse quotidienne contre Joseph Caillaux, ministre des Finances du nouveau gouvernement formé par les radicaux, l'accusant notamment d'être administrateur de banques étrangères, d'avoir couvert en 1911 des manipulations boursières, puis d'avoir entravé le cours de la justice dans cette affaire, dite « l'affaire Rochette ». Le 13 mars 1914, Calmette publie le passage d'une lettre - datée de 1901 - de Caillaux à sa maîtresse, passage dans lequel le ministre se vantait d'avoir « écrasé l'impôt sur le revenu en ayant l'air de le défendre » (impôt qu'il fait cependant adopter par la Chambre en 1909, et qui sera introduit dans les faits à partir de 1914). Enfin, le 15 mars 1914, l'affaire Rochette rebondit lorsque Calmette promet de publier le rapport Fabre, qui révèle les pressions exercées par le gouvernement afin d'ajourner l'instruction du dossier. Le 16, Mme Caillaux, redoutant, probablement, que Calmette ne publie la correspondance échangée avec son mari, assassine le journaliste dans son bureau « pour réparer l'injustice ».

Calonne (Charles Alexandre de),

homme politique (Douai 1734 - Paris 1802).

Fils du premier président du parlement de Douai, élève des jésuites, Calonne est avocat en 1754, procureur général en 1759, et se fait connaître, en 1765, en instruisant le procès des magistrats du parlement de Rennes qui se sont opposés au roi. Intendant à Metz (1766), puis au siège prestigieux de Lille (1778), il manifeste de grandes qualités d'administrateur. En 1783, grâce au soutien des grands princes de la cour, il devient contrôleur général des finances, alors que le Trésor royal est vide. Pendant trois ans, pourtant, la crise semble miraculeusement écartée : Calonne libéralise le commerce, entreprend de grands travaux, dépense beaucoup, pour relancer la production, seul moyen, à terme, d'accroître les recettes fiscales. En attendant, il compte sur un retour de la confiance pour pouvoir emprunter encore. Las ! en 1786, le déficit est trop patent ; le crédit s'effondre ; la fièvre boursière retombe.

Un projet de réformes ambitieux.

• Calonne présente alors un plan de réformes jugé « révolutionnaire », bien qu'il reprenne des idées émises jadis par Vauban, puis par les physiocrates. D'une part, il veut créer un impôt, prélevé en nature sur la production agricole de toutes les terres, quel qu'en soit le propriétaire : cette « subvention territoriale » est censée remplacer peu à peu tous les autres impôts, et aboutir à alléger le fardeau fiscal en le répartissant plus équitablement. D'autre part, Calonne reprend aussi les idées de Turgot : il entend stimuler l'économie en favorisant la liberté des échanges, notamment du commerce du grain. Enfin, il propose la création d'une pyramide d'assemblées consultatives, municipales et provinciales, élues au suffrage censitaire parmi les propriétaires fonciers, sans distinction d'ordres. La réforme est d'une grande portée sociale, puisque le niveau de richesse, plus que les privilèges, ferait désormais la différence entre individus. Cependant, elle reste modérée, visant à intégrer à l'élite les plus riches propriétaires fonciers du tiers état, sans pour autant ôter à la noblesse ses droits honorifiques.

L'échec face aux privilégiés.

• Mais le roi se refuse à convoquer les états généraux, et les parlements sont, d'emblée, hostiles au ministre comme à sa réforme, car ces nouvelles assemblées réduiraient leur influence politique. D'où l'idée de réunir une assemblée des notables. En fait, prisonnier des préjugés de son ordre, Calonne ne songe pas à en appeler à une quelconque représentation nationale : il s'en remet à des privilégiés nommés par le roi, pensant pouvoir s'assurer de leur vote. Or les notables, emmenés par le clergé, derrière Étienne Charles de Loménie de Brienne, et les parlementaires, repoussent la « subvention territoriale », qui porterait atteinte à leurs privilèges fiscaux, prétextant que seuls les états généraux peuvent consentir à la création d'un nouvel impôt de quotité. Ils refusent également les nouvelles assemblées, parce qu'elles confondent privilégiés et non-privilégiés, mais aussi parce que leur rôle serait purement consultatif : elles ne pourraient décider de l'impôt, mais seulement le répartir. Les notables se méfient donc du réformisme autoritaire d'un ministre si réticent à jouer le jeu de la participation. Calonne voit ainsi se conjuguer contre lui l'opposition des plus réactionnaires et celle des partisans d'un vrai libéralisme politique. Ce refus et la versatilité du roi le perdent : il est limogé, le 8 avril 1787, et s'exile en Angleterre. Quand la Révolution éclate, il rejoint l'entourage des frères du roi, à Turin, puis à Coblence, et soutient très activement la Contre-Révolution, y laissant toute sa fortune. Mais il est bientôt isolé. Brouillé avec tous, il finit sa vie seul, et rentre à Paris pour y mourir.

Calvin (Jean),

de son vrai nom Cauvin, réformateur et théologien (Noyon 1509 - Genève 1564).

Après des études à Paris aux collèges de la Marche et Montaigu, Calvin s'oriente vers un cursus juridique qui le mène aux universités d'Orléans et de Bourges. Sous l'influence de maîtres tels que Melchior Wolmar, il est, entre 1528 et 1534, marqué par un humanisme rhétorique, lequel transparaît dans la publication de commentaires sur le De clementia de Sénèque (1532).

Calvin et Genève.

• Il est difficile de dater l'instant de sa conversio, qu'il qualifiera avec ambiguïté de subita : subite ou subie. Dès novembre 1533, néanmoins, il se voit impliqué dans le scandale déclenché par le discours, jugé hérétique, que prononce, pour la rentrée de l'Université de Paris, le recteur Nicolas Cop. En mai 1534, il doit s'enfuir, résignant ses bénéfices ecclésiastiques, puis erre entre Angoulême, Nérac et Bâle, où il publie en 1536 la première version, latine et encore influencée par Luther, de l'Institution de la religion chrétienne. Cet ouvrage, initialement proposé comme une confession de foi, est remanié et complété à plusieurs reprises, surtout dans le sens d'une plus grande précision dans l'ecclésiologie. Les nombreuses éditions qui se succèdent sont immédiatement traduites par l'auteur en français et bénéficient d'une importante diffusion. En juillet 1536, Calvin est retenu à Genève par le réformateur Farel. « Lecteur en la sainte Écriture », il devient un acteur du changement religieux en rédigeant des Articles qui aideront à structurer l'Église genevoise. Les tensions suscitées par l'imposition de cette discipline débouchent sur le bannissement, en avril 1538, de ses promoteurs. Calvin passe alors trois années à Strasbourg, où il subit l'influence de Bucer et où il épouse Idelette de Bure. L'évolution des rapports de force à Genève entraîne son retour en septembre 1541, année où il promulge ses Ordonnances. Y sont distingués quatre « ordres d'offices » régissant l'Église : les pasteurs administrent les sacrements et annoncent la Parole de Dieu ; les docteurs dispensent un enseignement destiné à la formation des futurs magistrats et ministres ; les anciens veillent au contrôle moral des fidèles, tandis que les diacres sont en charge de l'assistance publique ; le consistoire définit et assure la police doctrinale et morale de l'Église.