Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Georges-Pompidou (Centre), (suite)

Visant la rencontre de la culture avec les masses, le décloisonnement des activités culturelles par une pluridisciplinarité militante, mais aussi la création en relation avec les maisons de la culture, le CNAC est très tôt critiqué : outre son gigantisme et son « exhibitionnisme » architectural, on lui reproche d'accentuer la centralisation parisienne et d'être un gouffre financier (son seul budget de fonctionnement représente le double des crédits accordés chaque année à l'ensemble des maisons de la culture). Bref, on lui fait grief de caractéristiques qui signent le « fait du prince ». Pourtant, un vif succès public parle en sa faveur : de grandes expositions, telles que « Paris-Berlin », « Paris-Moscou », ou bien « Paris-Paris », accueilleront plus de 400 000 visiteurs, et la BPI reçoit environ 13 000 lecteurs par jour.

Certes, le Centre Georges-Pompidou, baptisé du nom de celui qui l'a voulu, ouvre l'ère des chantiers présidentiels - dans la grande tradition du mécénat et du volontarisme de l'État monarchique -, mais il est aussi une réponse politique, tout imparfaite, à une demande de formation, d'éducation et d'expression émanant confusément de la société française dans l'après-mai 68.

Gergovie,

place forte tenue par les Arvernes, située près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), et devant laquelle César subit un revers en 52 avant J.-C.

L'identification du site de Gergovie continue à faire l'objet de discussions et de contestations, paradoxalement moins vives que celles relatives à Alésia, dont l'emplacement est pourtant parfaitement établi. Il est vrai que, dans le cas de Gergovie, l'hésitation ne porte que sur deux sites très rapprochés.

Le texte de César mentionne seulement que l'endroit se trouve près de l'Allier, à cinq jours de marche de la confluence entre cette rivière et la Loire, et « sur une montagne très haute et d'accès très difficile » - une façon, pour l'auteur, d'excuser sa retraite. Dès le XVIe siècle, un érudit florentin, Gabriel Simeoni, propose comme localisation le plateau basaltique de Merdogne, près de Clermont-Ferrand, qui sera appelé, à partir du XIXe siècle, « plateau de Gergovie ». De fait, un lieu-dit - Gergoia -, situé dans sa partie sud-est, est mentionné dès le Xe siècle. Néanmoins, les fouilles réalisées sur place, notamment dans les années quarante et cinquante, ont surtout révélé des vestiges d'époque gallo-romaine. Les restes de rempart, en particulier, montrent une construction en pierres sèches éloignée du type du murus gallicus traditionnel, bien attesté sur les oppidums gaulois tel celui du mont Beuvray. Ce rempart inclut d'ailleurs des fragments de tuiles romaines. La porte maçonnée, mise au jour dans les années trente, semble également d'époque romaine, tout comme les bâtiments religieux et artisanaux qui ont été retrouvés à l'intérieur. Le problème est de savoir si ce site, qui paraît avoir été abandonné au début de notre ère, était occupé lors de la guerre des Gaules.

Une autre identification a donc été proposée : celle du plateau des « Côtes de Clermont », qui s'étend quelques kilomètres plus au nord. Ce site a en effet livré des traces, peu nombreuses, d'une occupation gauloise au IIe siècle avant notre ère. Mais son caractère de place forte n'est pas démontré. C'est à l'époque d'Auguste que sera fondée, sur une autre butte volcanique, Augustonemetum, qui deviendra Civitas Arvernorum, chef-lieu des Arvernes, qui se trouve sous l'actuelle ville de Clermont.

Lorsque éclate la révolte gauloise conduite par Vercingétorix, au début de 52 avant J.-C., dans un premier temps César s'empare du pays des Bituriges et prend Avaricum. Puis il se rend chez les Arvernes pour réduire Gergovie. Cependant, il échoue, en particulier à cause de la trahison des Éduens. C'est en remontant vers le nord qu'il sera attaqué par Vercingétorix, près d'Alésia, où il parviendra cependant à encercler l'armée gauloise.

Germain (saint),

évêque (Auxerre, vers 378 - Ravenne, Italie, 448).

Connue par le récit qu'en fit Constance de Lyon vers 470, la vie de Germain est l'un des modèles du genre hagiographique, où la sainteté se manifeste tant dans la vie de l'homme que dans l'exercice de sa fonction.

De haute naissance, Germain est formé aux arts libéraux, puis part étudier le droit à Rome, où il devient avocat et se marie, avant d'être envoyé en Gaule comme administrateur civil et militaire. Alors que rien ne le prédispose à des fonctions religieuses, il est, malgré lui, élu puis consacré évêque d'Auxerre le 7 juillet 418. « Élection divine » et conversion transforment Germain en ascète animé par une ardente ferveur. Après avoir vécu dans l'opulence, il abandonne tous ses biens à l'Église, considère sa femme comme une sœur et s'impose comme un exemple d'humilité et de pauvreté. Il fonde des monastères dans son diocèse et, selon l'hagiographie, accomplit des miracles dans le cadre de son sacerdoce. En 429, il est choisi par le pape Célestin Ier pour mener en Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) la lutte contre l'hérésie pélagienne. Le moine irlandais Pélage a prêché en effet un idéal de perfection morale et ascétique acquis par la seule volonté et le libre arbitre de l'homme, refusant les effets du péché originel, et niant toute action de la grâce divine, qui, pour l'orthodoxie catholique, est seule source de rédemption. Malgré sa condamnation en 411 et la lutte menée contre lui par saint Augustin, le pélagianisme continue à faire des adeptes, tant en Orient qu'aux confins de l'Occident.

Accompagné de Loup, l'évêque de Troyes, Germain fait étape à Nanterre, où, semble-t-il, il rencontre Geneviève et pressent sa vocation, avant de gagner la Bretagne. Alors que la mission bat son plein, les Pictes, alliés aux Saxons, déclarent la guerre aux Bretons, qui implorent l'aide du missionnaire. Germain se proclame alors chef de guerre et recommande à ses troupes de faire retentir une immense clameur à l'approche des ennemis : reprenant avec ferveur les alleluias de Germain, les Bretons auraient terrassé leurs ennemis de leur voix. Cette bataille, dite « de l'Alléluia », couronne sa mission : Germain est à nouveau appelé en Bretagne vers 445, puis en Armorique, pour lutter ici contre les résidus du pélagianisme, et là contre les désordres d'une révolte. Venu à Ravenne pour soutenir auprès de l'empereur la cause des rebelles, il meurt le 31 juillet 448. Son corps est ramené en procession jusqu'à Auxerre et enterré dans l'oratoire qu'il avait fondé pour les martyrs d'Agaune. Sa réputation de sainteté est très vite source de vénération.