Jean-Marie-Baptiste Vianney (saint),
prêtre français et curé d'Ars (Dardilly, Rhône, 1786 - Ars-sur-Formans, Ain, 1859).
Quatrième enfant d'une famille de cultivateurs, il grandit durant la Révolution dans la ferveur religieuse du catholicisme réfractaire, missionnaire et persécuté. Sommairement instruit, rétif à l'apprentissage du latin, il confie sa vocation au curé d'Écully, Charles Balley, prêtre rigoriste qui sera son maître spirituel. En 1809, il doit abandonner ses études pour rejoindre l'armée d'Espagne, déserte et se cache dans les monts du Forez. Remplacé sous les drapeaux par son frère, il est admis au séminaire Saint-Irénée de Lyon et ordonné prêtre à Grenoble, en 1815. Il devient vicaire à Écully, auprès du curé Balley, afin de parfaire sa formation ecclésiastique. En février 1818, il est nommé chapelain du village d'Ars, dans la Dombe, où il demeurera jusqu'à sa mort, quarante et une années plus tard.
La reconquête religieuse du village est le premier objectif du nouveau prêtre : à la manière du jeune clergé intransigeant de la Restauration, Jean-Marie-Baptiste Vianney réalise une conversion collective, sans écarts ni retours, impose le repos dominical, supprime les bals, organise des confréries, mène ses paroissiens en pèlerinage à Notre-Dame de Fourvière (1823). Cette pastorale rigoureuse est inséparable d'un témoignage religieux empreint de simplicité, de bonté, de ferveur et d'ascétisme, qui prend sens dans un affrontement dramatique avec le « grappin » (diable, en patois). La naissance du pèlerinage d'Ars s'enracine ainsi dans une aura précoce de sainteté. Dès 1823, le curé d'Ars prend part aux missions de la Restauration : il y gagne une réputation de confesseur. Après la révolution de Juillet 1830, il attire à lui de plus en plus de pèlerins. Il développe auprès de ses pénitents une piété à la fois indulgente et intransigeante, et répand le culte de sainte Philomène, importé d'Italie en 1835 par son amie Pauline Jaricot.
Ars, dont le curé est honoré comme un saint vivant, constitue sans doute le premier pèlerinage français au cœur du XIXe siècle, rassemblant de 60 à 80 000 pèlerins par an dans les années 1850. Jean-Marie-Baptiste Vianney, qui a tenté par deux fois (1843 et 1853) de quitter sa paroisse pour se retirer dans la solitude, s'éteint au presbytère d'Ars, le 4 août 1859. Il est béatifié par Pie X en 1905 et canonisé par Pie XI en 1925.
Jeanbon (André),
dit Jean Bon Saint-André, conventionnel (Montauban 1749 - Mayence, Allemagne, 1813).
Né dans une famille protestante convertie de force après la révocation de l'édit de Nantes mais continuant à pratiquer sa religion en secret, il entre au séminaire protestant de Lausanne en 1771 (après avoir été officier au long cours dans la marine marchande) et devient pasteur en 1773, date à laquelle il prend le pseudonyme de Saint-André. Il est nommé à Castres, puis à Montauban (1783). En 1789, il accueille favorablement la Révolution. Entré en 1790 au Club des jacobins de Montauban, qu'il préside en 1791, il est élu officier municipal la même année, puis député à la Convention en 1792. D'abord relativement modéré, il rejoint vite la Montagne : lors du procès du roi, il vote ainsi contre l'appel au peuple, pour la mort, et contre le sursis.
Le 12 juin 1793, il est élu au Comité de salut public, où il se consacre surtout à la marine. Envoyé en mission à Brest et à Lorient pour réorganiser la flotte, il épure le personnel naval et l'administration, nomme Villaret de Joyeuse à la tête de l'escadre, et fait construire de nouveaux navires de ligne. De retour à Paris en janvier 1794, il fait adopter différentes mesures concernant la réorganisation de la marine par le Comité de salut public et par la Convention. C'est ainsi qu'en février 1794, sur son initiative, la Convention décrète que « le pavillon national sera formé des trois couleurs nationales, disposées en trois bandes égales, posées verticalement de manière que le bleu soit attaché à la gauche du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ». De nouveau à Brest en mai 1794, il est ensuite envoyé à Toulon en juillet pour relancer l'effort de guerre : il y reste neuf mois, et n'est donc pas à Paris le 9 thermidor an II.
Arrêté le 9 prairial an III (28 mai 1795) comme membre du Grand Comité de l'an II, il est amnistié par la loi du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). Sous le Directoire, il est nommé consul général à Alger, puis à Smyrne, où il est arrêté par les Turcs lors de l'expédition de Bonaparte en Égypte. Revenu en France en 1801, il est nommé préfet du département du Mont-Tonnerre (préfecture : Mayence). Il est fait officier de la Légion d'honneur en 1804, baron en 1810, mais il ne reniera jamais la Révolution et le Comité de salut public. Il meurt du typhus, victime de son dévouement lors de l'épidémie survenue à Mayence en 1813.
Jean Eudes (saint),
missionnaire et fondateur d'ordres (Ri, Orne, 1601 - Caen 1680).
Frère de l'historien François Eudes de Mézeray, ce fils de chirurgien est l'élève des jésuites de Caen, puis entre à la congrégation de l'Oratoire de Paris en1623, où il devient le disciple de Bérulle. Ordonné prêtre en 1625, il revient à Caen, où il est supérieur de l'Oratoire à partir de 1639. Directeur de conscience recherché et prédicateur célèbre, Jean Eudes attire les foules par son style simple et vivant. Il organise quelque cent quinze missions intérieures, de six à huit semaines chacune, ordonnées autour de la prédication et de la catéchèse des adultes. Quarante-cinq d'entre elles ont pour cadre le diocèse de Coutances, en Normandie, mais Jean Eudes prêche aussi en Bretagne, en Île-de-France, en Bourgogne. Son œuvre s'inscrit dans la volonté tridentine d'enraciner une foi orthodoxe mais qui parle à l'imagination. Soucieux, comme Bérulle, de former les curés, Jean Eudes quitte pourtant l'Oratoire en 1643 pour fonder à Caen la congrégation sacerdotale de Jésus-et-Marie (eudistes), vouée aux missions et à l'œuvre des séminaires. En 1651, il crée l'ordre de Notre-Dame-de-la-Charité pour les pécheresses repenties. Influencée par Marie des Vallées, une paysanne visionnaire, sa spiritualité est marquée par la dévotion à Marie et au Sacré-Cœur ; il est le premier, en 1648, à organiser une liturgie en l'honneur du Sacré-Cœur - qui ne prendra son essor qu'avec les visions de Marguerite-Marie Alacoque. Cet homme rude, d'une énergie inlassable, attira autour de sa personne fidèles mais aussi détracteurs, et ce n'est qu'en 1925 qu'il fut canonisé.