Dreyfus (affaire). (suite)
Mais ce n'est pas reconnaître l'innocence de l'accusé. Aussi, un petit groupe de dreyfusards s'engage-t-il très vite dans la recherche d'un élément nouveau susceptible de relancer l'Affaire, afin d'obtenir la réhabilitation du capitaine. En avril 1903, Jaurès prononce un discours important à la Chambre qui contraint le gouvernement à rouvrir une enquête. La Cour de cassation est une nouvelle fois saisie. Une longue procédure judiciaire s'ensuit. Il faudra attendre le 12 juillet 1906 pour que cette cour reconnaisse, en séance publique, que « de l'accusation portée contre Dreyfus rien ne reste debout », et réhabilite l'officier. Celui-ci est promu chef d'escadron (mais la durée de sa déportation n'est pas comptée comme ancienneté), et décoré de la Légion d'honneur dans la petite cour de l'École militaire, le 20 juillet.
L'affaire Dreyfus constitue un moment clé dans l'histoire de la France contemporaine. Son étude permet de dégager les forces intellectuelles, sociales et politiques qui jouent désormais un rôle nouveau dans la société française. L'enjeu dépasse largement le sort personnel du capitaine : l'affaire Dreyfus traduit une crise globale de la République à la fin du XIXe siècle, à la fois politique, sociale et culturelle. La réhabilitation du capitaine n'y a pas mis un terme : les failles révélées par l'épisode n'ont peut-être pas fini de travailler la société française.