chef vendéen (Couffé, Maine-et-Loire, 1763 - Nantes 1796).
Ancien officier de marine, appartenant à une famille de la vieille noblesse, il rompt la vie paisible qu'il menait dans le Marais breton, au sud de Nantes, au début de la Révolution, pour protester contre les changements politiques. Émigré un temps, puis revenu sur ses terres, il est contraint par les ruraux insurgés à prendre la tête d'une de leurs bandes en mars 1793. Remarqué pour ses capacités de meneur d'hommes, il n'est pas pour autant reconnu à sa juste valeur par l'état-major de l'armée d'Anjou. En 1793, il obtient d'ailleurs peu de succès, les généraux républicains Boulard et Beysser gardant le contrôle de la côte atlantique. Il joue les seconds rôles lors du siège de Nantes (29-30 juin), participe à plusieurs offensives générales, et finit par prendre ses distances par rapport à l'armée d'Anjou, dirigée par d'Elbée. Même s'il se bat à Torfou en septembre, il ne se trouve pas à Cholet en octobre ; il s'empare, pour quelques mois, de l'île de Noirmoutier.
C'est en 1794 qu'il s'impose : seul général important à tenir le pays nantais et le haut bocage vendéen, il est d'abord poursuivi par les troupes de Turreau, auxquelles il échappe brillamment, avant de leur infliger des revers. L'abandon des « colonnes infernales » le laisse maître d'un territoire qu'il dirige avec une hiérarchie militaire, entouré d'une « cour » qui lui forge une réputation durable de séducteur. Sa puissance est reconnue en 1795, lorsque l'État signe avec lui le traité de paix de La Jaunaie (17 février), qui accorde à la Vendée des conditions exceptionnelles : liberté religieuse, remboursement des dettes, maintien de ses troupes. La fragilité de ce compromis et le débarquement de Quiberon le lancent à nouveau dans la guerre, alors que le roi, depuis son lieu d'exil, le nomme lieutenant général du royaume. Mais, isolé (il a fait fusiller un général vendéen, Marigny, et se trouve en concurrence vive avec Stofflet, l'autre chef vendéen), non soutenu par le comte d'Artois, il est abandonné peu à peu par ses troupes, dispersées par l'action pacificatrice de Hoche. Blessé, capturé non loin d'Angers, il est fusillé à Nantes, le 29 mars 1796.
La postérité retiendra son panache, sa liberté d'allure, son habileté manœuvrière, sans que sa forte personnalité ait fait l'unanimité dans son propre camp. L'un de ses neveux, Athanase de Charette, jouera par la suite un rôle essentiel dans la défense des États du pape ; il sera l'un des piliers du légitimisme en France.