Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

charbonnerie, (suite)

À la suite du retour des ultraroyalistes au pouvoir (1820), la charbonnerie connaît un nouvel essor, sous la direction d'une vente suprême comprenant La Fayette, Voyer d'Argenson, Manuel, Barthe, Mérilhou ; elle recrute parmi les étudiants (Buchez, Bazard), les militaires et les classes moyennes urbaines. En 1821-1822, ses tentatives d'insurrections (le colonel Caron, à Colmar ; le général Berton, à Saumur) échouent. La répression s'abat contre ses membres : les quatre sergents de La Rochelle liés au complot du général Berton sont guillotinés, à Paris, en septembre 1822. Coupée des masses populaires, absente du jeu parlementaire, la charbonnerie disparaît de la culture politique française après 1830.

Charcot (Jean Martin),

fondateur de la neurologie moderne et clinicien (Paris 1825 - près du lac des Settons, Nièvre, 1893).

Interne en 1848 et chef de clinique en 1853, Charcot se consacre très tôt à la physiologie et à l'anatomie pathologique. Toute sa carrière se déroule à l'hôpital parisien de la Salpêtrière. En 1860, il est reçu à l'agrégation. À partir de 1866, Français et étrangers affluent pour assister à ses prestigieuses « leçons de clinique neurologique », où il éclaire d'un jour nouveau les maladies du système nerveux et met en évidence le phénomène des localisations cérébrales. Il fonde la très renommée « école de la Salpêtrière ». D'éminentes personnalités - l'empereur du Brésil, la reine d'Espagne ou les grands-ducs de Russie - viennent le consulter. Ses travaux sur les arthropathies liées à l'ataxie locomotrice progressive (1868), sur les localisations dans les maladies du cerveau et de la moelle épinière (1876-1880), ses recherches sur les amyotrophies primitives ou spinales et sur la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot), jusqu'alors confondues sous le nom d'« atrophie musculaire », complètent les recherches pionnières de Duchenne de Boulogne, auquel il ne cesse de rendre hommage. Il est le premier à décrire la destruction des ligaments dans la maladie dite « de Charcot-Marie ». De ces affections, il donne une classification restée classique. De même, il éclaire la confusion des diverses maladies nerveuses rangées sous la dénomination d'« hystérie ». Ses travaux sur l'aphasie et l'hypnotisme intéressent les philosophes, et jusqu'à Freud qui vient spécialement à Paris pour suivre son enseignement.

Charette de la Contrie (François Athanase de),

chef vendéen (Couffé, Maine-et-Loire, 1763 - Nantes 1796).

Ancien officier de marine, appartenant à une famille de la vieille noblesse, il rompt la vie paisible qu'il menait dans le Marais breton, au sud de Nantes, au début de la Révolution, pour protester contre les changements politiques. Émigré un temps, puis revenu sur ses terres, il est contraint par les ruraux insurgés à prendre la tête d'une de leurs bandes en mars 1793. Remarqué pour ses capacités de meneur d'hommes, il n'est pas pour autant reconnu à sa juste valeur par l'état-major de l'armée d'Anjou. En 1793, il obtient d'ailleurs peu de succès, les généraux républicains Boulard et Beysser gardant le contrôle de la côte atlantique. Il joue les seconds rôles lors du siège de Nantes (29-30 juin), participe à plusieurs offensives générales, et finit par prendre ses distances par rapport à l'armée d'Anjou, dirigée par d'Elbée. Même s'il se bat à Torfou en septembre, il ne se trouve pas à Cholet en octobre ; il s'empare, pour quelques mois, de l'île de Noirmoutier.

C'est en 1794 qu'il s'impose : seul général important à tenir le pays nantais et le haut bocage vendéen, il est d'abord poursuivi par les troupes de Turreau, auxquelles il échappe brillamment, avant de leur infliger des revers. L'abandon des « colonnes infernales » le laisse maître d'un territoire qu'il dirige avec une hiérarchie militaire, entouré d'une « cour » qui lui forge une réputation durable de séducteur. Sa puissance est reconnue en 1795, lorsque l'État signe avec lui le traité de paix de La Jaunaie (17 février), qui accorde à la Vendée des conditions exceptionnelles : liberté religieuse, remboursement des dettes, maintien de ses troupes. La fragilité de ce compromis et le débarquement de Quiberon le lancent à nouveau dans la guerre, alors que le roi, depuis son lieu d'exil, le nomme lieutenant général du royaume. Mais, isolé (il a fait fusiller un général vendéen, Marigny, et se trouve en concurrence vive avec Stofflet, l'autre chef vendéen), non soutenu par le comte d'Artois, il est abandonné peu à peu par ses troupes, dispersées par l'action pacificatrice de Hoche. Blessé, capturé non loin d'Angers, il est fusillé à Nantes, le 29 mars 1796.

La postérité retiendra son panache, sa liberté d'allure, son habileté manœuvrière, sans que sa forte personnalité ait fait l'unanimité dans son propre camp. L'un de ses neveux, Athanase de Charette, jouera par la suite un rôle essentiel dans la défense des États du pape ; il sera l'un des piliers du légitimisme en France.

charivari,

à la fin du Moyen Âge, tumulte rituel organisé par l'entourage d'un veuf ou d'une veuve qui se remarie.

Aux XIVe et XVe siècles, peu avant le mariage de l'un d'eux, ses parents, amis et voisins rassemblés imitent des cris d'animaux et dansent sous ses fenêtres en criant des chansons parfois obscènes. Cet étrange concert de bruits discordants est une sévère critique émise par la société - en particulier les plus jeunes - à l'égard des couples mal assortis et des conjoints qu'une grande différence d'âge sépare. Mais, selon des études historiques récentes, ce rituel a aussi pour but d'annuler symboliquement le premier mariage de l'un des conjoints. Après le charivari, qui se déroule généralement le jour des fiançailles ou le lendemain, on considère que le veuf (ou la veuve) est, en quelque sorte, revenu(e) dans le monde des célibataires, et le remariage peut alors être célébré.

À la fin du Moyen Âge, les autorités ecclésiastiques condamnent - sans pouvoir l'empêcher - le charivari, parce qu'il tourne en dérision le sacrement du mariage, même s'il apparaît comme un moyen populaire de respecter la monogamie imposée par l'Église. Dans certaines régions, on continue à accompagner les cortèges de noces de bruits de casseroles et autres chahuts, qui représentent un lointain héritage du charivari, rituel vidé de son sens depuis la fin du Moyen Âge.