Favras (conspiration de),
complot contre-révolutionnaire visant à enlever Louis XVI, découvert en décembre 1789.
Peu après les journées d'octobre 1789, alors que le roi apparaît, aux yeux des royalistes, comme passif et trop conciliant, et que les députés aristocrates (les « noirs ») sont impuissants à la Constituante, un complot est ourdi pour tenter de mettre un terme à la Révolution. Son principal protagoniste, le marquis de Favras, est un ancien officier des gardes de Monsieur, comte de Provence (futur Louis XVIII), dont il est probablement l'agent. Son dessein est d'enlever Louis XVI aux Tuileries et de le conduire à Metz, puis à Péronne, où il dissoudrait la Constituante.
Trop bavard, Favras, qui tente d'obtenir un prêt de deux millions pour le compte de Monsieur, est arrêté le 24 décembre 1789, ayant été dénoncé par des complices qui l'accusent de projeter l'assassinat de La Fayette et de Bailly. Mis en cause par des libelles, Monsieur désavoue aussitôt Favras. Quant au roi, étranger à l'affaire, il se rend le 4 février 1790 à l'Assemblée nationale où, afin d'écarter tout soupçon, il affirme son attachement à la Constitution et désapprouve tous les complots. Condamné à mort par le tribunal du Châtelet, le marquis est pendu place de Grève, après avoir fait amende honorable, le 19 février 1790.
Si Favras, devenu un héros royaliste, a refusé de livrer les noms de ses complices, on sait que l'abbé Maury et le comte d'Antraigues, tous deux députés, ont été compromis dans l'affaire. D'Antraigues, d'ailleurs, émigre dès le 27 février. Cependant, cette conspiration visant à tenter de soustraire Louis XVI à la Révolution, conçue comme une action isolée, ne sera pas la dernière.
Favre (Jules),
avocat et homme politique républicain (Lyon 1809 - Versailles 1880).
Inscrit à la faculté de droit de Paris en 1827 et 1828, Jules Favre obtient sa licence au moment de la révolution de Juillet et rentre à Lyon, où il s'inscrit au barreau. Il se fait alors le défenseur des chefs d'atelier du textile exploités par les fabricants et jugés pour coalition. En 1834, il passe lui-même en jugement pour un article très virulent contre un tribunal qui a sévèrement condamné un jeune étudiant. Un mois plus tard, en avril, il est l'un des défenseurs de six mutuellistes arrêtés lors d'une grève générale, mais le procès est interrompu par l'insurrection ouvrière. L'année suivante, il s'installe dans la capitale, où il assure la défense des insurgés.
Lors de la révolution de février 1848, il devient le secrétaire général de Ledru-Rollin, ministre de l'Intérieur, avant d'être élu député à l'Assemblée constituante. Devenu l'un des dirigeants de l'opposition à Louis Napoléon Bonaparte, il doit se cacher après le coup d'État du 2 décembre 1851. À nouveau élu député en 1857, il prend la tête des « Cinq », noyau d'opposants républicains, et intervient notamment contre les expéditions d'Italie et du Mexique. Lors des élections législatives de 1869, il doit faire face dans le département de la Seine à des candidatures plus radicales, comme celle de Rochefort, et remporte plus difficilement la victoire.
Hostile à la guerre avec la Prusse en juillet 1870, il demande l'armement de la Garde nationale après les premières défaites. À l'annonce du désastre de Sedan, il dépose une proposition de déchéance mais, le 4 septembre, le Palais-Bourbon est envahi avant le vote. Conduisant la foule à l'Hôtel de Ville pour y proclamer la République, Favre constitue le gouvernement de la Défense nationale avec les autres députés de la Seine. En tant que ministre des Affaires étrangères, il tente d'abord, à Ferrières (20 septembre), de concilier fermeté et diplomatie avec Bismarck. Mais il est finalement contraint d'accepter les conditions de la Prusse à la signature de la convention d'armistice (28 janvier 1871), lors des préliminaires de paix (26 février) et, enfin, à la signature du traité définitif à Francfort (10 mai). Démissionnaire trois mois plus tard, Favre siège à nouveau à l'Assemblée jusqu'au vote des lois constitutionnelles, puis est élu sénateur (1876).
fédéralisme,
nom donné par la Montagne aux soulèvements contre la Convention montagnarde qui éclatent dans plusieurs départements entre juin et octobre 1793.
Nombre d'interrogations subsistent à propos de ce mouvement insurrectionnel, qui, loin de former un bloc, a des origines et des significations multiples. Aussi est-il plus juste de parler des fédéralismes. L'accusation de « fédéralisme » portée contre les girondins par la Montagne, et présentée comme un complot contre l'unité et l'indivisibilité de la jeune République qui vise à restaurer la royauté, s'inscrit en fait dans la lutte des partis pour le pouvoir. En effet, il n'existe ni projet ni conspiration tendant à provoquer des sécessions, et les girondins ne sont pas hostiles au centralisme jacobin. Mais il est vrai qu'au lendemain des journées des 31 mai-2 juin 1793, qui voient la chute de la Gironde, ceux des députés girondins qui échappent à l'arrestation appellent les départements à s'insurger contre la Convention, coupable à leurs yeux d'un coup de force contre des représentants du peuple et prisonnière du mouvement populaire parisien.
On compte cinq principaux foyers d'insurrection : Caen, où se sont réfugiés des députés girondins, Bordeaux, Marseille, Lyon et Toulon. Dans les deux premières villes, le soulèvement est une réponse directe aux événements du 2 juin 1793. Mais, ailleurs, il est à la fois le fait de républicains modérés, hostiles aux montagnards, et d'extrémistes partisans de la démocratie directe, souvent infiltrés et relayés par des royalistes. D'anciens conflits politiques, sociaux ou religieux se greffent donc sur un mouvement où domine toutefois une hostilité envers la capitale, réputée autoritaire et subjuguée par les « anarchistes ».
Les révoltés rencontrent souvent des difficultés pour lever des armées départementales. Une partie de la Provence se soulève, mais la jonction avec la région lyonnaise est empêchée par la Drôme, restée fidèle à la Convention. De même, malgré la révolte de Montpellier, Toulouse ou Montauban font obstacle à tout rapprochement entre les insurgés marseillais et bordelais. Les troupes « fédéralistes » de Normandie sont battues dès le 13 juillet ; en Provence, les villes tombent une à une de juillet à août. Lyon capitule le 9 octobre, après un siège de deux mois, et Bordeaux, qui refuse de se joindre à la Vendée, se rend le 16 octobre. L'insurrection, déjà vaincue lorsque Toulon, ville royaliste, est reprise le 19 décembre, est suivie d'une répression féroce, notamment à Lyon. Cette guerre civile, qui s'est ajoutée aux défaites militaires et au soulèvement vendéen, condamne à mort les principaux chefs girondins : le 31 octobre 1793, vingt et un d'entre eux sont exécutés.