Déroulède (Paul), (suite)
La montée en puissance du socialisme provoque chez lui une réaction hostile, et il glisse progressivement du patriotisme républicain vers un nationalisme critique. La crise boulangiste marque une première inflexion dans son itinéraire. Persuadé que la république parlementaire ne permettra pas « la revanche », il souhaite une réforme des institutions et, pour l'obtenir, il apporte au général Boulanger le concours de la Ligue des patriotes ainsi que de son hebdomadaire, le Drapeau. Élu député en 1889, Déroulède jouit alors d'une popularité considérable. Après la mort de Boulanger, il incarne la ligne révisionniste prônant une république plébiscitaire dotée d'un exécutif renforcé. Son antiparlementarisme forcené le conduit à se dresser contre les scandales qui entachent la République. Il franchit un pas supplémentaire au moment de l'affaire Dreyfus en participant aux campagnes antidreyfusardes avec les nationalistes les plus extrémistes. Il a alors acquis la conviction qu'on ne changera pas le régime par la voie légale, et qu'il est légitime de recourir à un coup d'État. Il passe à l'acte en 1899, lors des obsèques du président de la République Félix Faure, mais échoue, le général Roget refusant de le suivre. Arrêté, il est d'abord acquitté, puis, traduit de nouveau devant la Haute Cour, il est condamné à dix ans de bannissement. Réfugié en Espagne, il rentre en France après l'amnistie de 1905. Il demeure jusqu'à sa mort le militant d'un nationalisme intransigeant, même si, peu porté lui-même à l'antisémitisme, il ne partage pas toutes les positions idéologiques des milieux nationalistes.