royaume mérovingien émergeant au cours du VIe siècle entre Meuse et Rhin.
Des partages qui démembrent à plusieurs reprises le royaume franc au cours du VIe siècle naissent trois ensembles régionaux durables : la Neustrie – ou pays des Francs du Nord –, la Bourgogne et l'Austrasie - pays des Francs de l'Est. La Neustrie est le pays de Clovis, berceau des Francs Saliens, et l'Austrasie celui des Francs du Rhin, vaincus par Clovis mais soucieux de leur individualité.
En 511, Thierry, fils aîné de Clovis, reçoit les terres les plus orientales du royaume, depuis la Champagne jusqu'au-delà du Rhin, future Austrasie. En 561, cet ensemble échoit à Sigebert, petit-fils de Clovis, tandis que son frère Chilpéric reçoit la partie nord du royaume, avec Soissons pour capitale, future Neustrie. Dès ce moment, l'opposition entre les deux royaumes est prévisible. Elle prend corps à l'occasion d'une querelle familiale, lorsque Brunehaut, femme de Sigebert, cherche à venger la mort de sa sœur Galswinthe, épouse de Chilpéric assassinée par la maîtresse de celui-ci, Frédégonde. La reine Brunehaut, qui exerce de 568 à 613 un pouvoir souvent contesté, est confrontée à une lutte acharnée. Sous le règne de Sigebert Ier, son mari, puis sous ceux de Childebert II, leur fils, de ses petits-fils enfin, elle s'oppose à la fois à la Neustrie et à la noblesse austrasienne, qui allie grands propriétaires terriens et hommes d'Église. Vainqueur de Brunehaut en 613, Clotaire II, roi de Neustrie, parvient à réunir la totalité des domaines francs sous son autorité. Pour peu de temps, car les grands d'Austrasie obtiennent, en 623, que Clotaire leur délègue son fils, Dagobert, comme roi. Ce dernier, avant d'être à son tour seul roi des Francs, apprend donc l'exercice de la royauté en Austrasie, sous la tutelle de Pépin Ier de Landen, maire du palais, et de l'évêque de Metz, Arnoul. Leur alliance permet aux descendants de Pépin de s'imposer comme maires du palais aux successeurs de Dagobert à partir de 640. Désormais, les rois mérovingiens sont supplantés par les maires du palais, mais ces derniers reprennent à leur compte la rivalité entre Austrasie et Neustrie. Durant la seconde moitié du VIIe siècle et la première moitié du VIIIe, le pouvoir de la famille des Pépin (les Pippinides), ancêtres de Charlemagne, ne cesse de s'affermir. Pépin II de Herstal l'emporte en 687 sur le maire du palais de Neustrie et reconstitue l'unité du royaume franc autour de l'Austrasie. Sous les Carolingiens, l'Austrasie est le centre de l'Empire, base solide pour les conquêtes de Charlemagne au-delà du Rhin.