Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
N

Nostradamus (Michel de Nostredame, dit),

médecin et astrologue (Saint-Rémy-de-Provence 1503 - Salon 1566).

Issu d'une famille juive convertie au christianisme, il fait des études de médecine à Avignon et à Montpellier, et acquiert une réputation de praticien efficace - notamment dans sa lutte contre la peste - avant même d'être reçu docteur en médecine (1529). Ami de l'humaniste italien Scaliger, il séjourne quelque temps à Agen, puis se fixe définitivement à Salon, où il fait un riche mariage, en 1545. À partir des années 1550, il se consacre à la rédaction d'almanachs, qu'il signe sous le nom de Nostradamus. En 1555 paraît à Lyon son premier livre de Prophéties, ensemble de quatrains énigmatiques, groupés par centaines appelées « centuries ». Le succès de l'ouvrage est considérable, et la renommée de Nostradamus s'étend rapidement. Catherine de Médicis, en 1556, le fait venir à la cour pour dresser l'horoscope de ses fils et le comble de faveurs. Lorsque Henri II, en 1559, meurt à l'issue d'un tournoi, sa fin tragique semble annoncée, aux yeux du plus grand nombre, dans un quatrain des Prophéties (« Le lyon jeune le vieux surmontera... »). En 1564, Charles IX, visitant la Provence, lui confie la charge de médecin ordinaire du roi.

Encensé par nombre d'hommes de son temps - dont Ronsard -, le personnage de Nostradamus a soulevé des polémiques qui n'ont cessé de rebondir au fil des siècles ; ses détracteurs n'ont pas manqué de souligner le caractère abscons de prophéties que chacun, grâce aux ressorts de l'imagination, peut interpréter à sa guise.

Notre-Dame de Chartres.

Point central de la Gaule, le territoire des Carnutes est à l'origine du nom donné à la cité romaine de Chartres (IIIe siècle).

La ville devient un évêché important au IVe siècle. Sur cet ancien lieu de réunion des druides gaulois, les premiers sanctuaires chrétiens se succèdent jusqu'au XIIe siècle. La cathédrale actuelle de Notre-Dame de Chartres, entreprise dès 1194 et achevée en partie en 1220, est en effet construite sur au moins quatre églises successives. Une suite d'incendies est à l'origine de la destruction de la première d'entre elles en 743 ; en 962 et en 1020, le feu ravage l'église édifiée par l'évêque Fulbert de Chartres (vers 960-1028). Cette église épiscopale est le centre de rayonnement de l'école de Chartres, qui réintroduit en Occident la pensée néoplatonicienne de la connaissance. Reconstruite en partie, puis modifiée après un nouvel incendie partiel en 1134, l'église de Fulbert est elle-même entièrement détruite le 10 juin 1194. L'essor du culte marial du XIIe siècle, attesté dès le VIIe siècle à Chartres, contribue alors à l'édification d'une église dont la dédicace à Notre-Dame est solennellement effectuée le 26 octobre 1260. Merveille d'équilibre entre la lumière et la pierre, son architecture est un témoin de l'art gothique français à son apogée. Les tribunes - formant un étage surplombant les bas-côtés - se trouvent pour la première fois abandonnées, et les fenêtres hautes ouvrent sur des vitraux à l'exceptionnelle étendue où prédomine le « bleu de Chartres », bleu pâle utilisé par les verriers dès le XIIe siècle (au total cent cinquante verrières représentant une surface de 2 600 mètres carrés). Ces innovations architecturales concourent à une élévation que n'ont pas manqué de décrire certains écrivains, tel Joris-Karl Huysmans dans la Cathédrale (1898).

La dévotion à la relique de la tunique ou de la chemise de la Vierge donnée au IXe siècle par Charles le Chauve (823-877) est à l'origine d'un premier pèlerinage médiéval, très fréquenté au début du XIIIe siècle ainsi que l'atteste le « livre des miracles de Notre-Dame ». À partir du XVIe siècle, une Vierge noire, statue de bois sombre donnée à la cathédrale, a fait l'objet d'une vénération que perpétuent encore les dévots. La tradition de ce pèlerinage a d'ailleurs été renouée au début du XXe siècle, en grande partie sous l'impulsion de Charles Péguy. Quant au pèlerinage des étudiants à Chartres, fondé en 1935, il continue aujourd'hui de témoigner de la vigueur de la dévotion à la Vierge chartraine.

Notre-Dame de Paris.

C'est la seule cathédrale dont on peut dire qu'elle a abrité, par fragments, toute l'histoire de France.

L'île de la Cité a toujours accueilli un sanctuaire. Un autel gallo-romain en l'honneur de l'empereur Tibère indique l'existence d'un temple païen dès le Ier siècle. Une église mérovingienne érigée au VIe siècle et faisant partie, avec l'église Saint-Étienne, d'un groupe cathédral occupe ensuite le site. Lorsque l'évêque de Paris, Maurice de Sully, décide de construire une nouvelle cathédrale en 1163, il est probable que l'église initiale, rebâtie au IXe siècle, soit alors complètement détruite. La décision de l'évêque d'adopter un style nouveau (appelé ultérieurement « gothique ») relève d'un choix politique autant qu'esthétique : elle est une manière d'affirmer un prestige au moins égal à celui de la cathédrale de Saint-Denis, édifiée vers 1140 par le tout-puissant abbé Suger au moment où la monarchie capétienne choisit Paris comme résidence royale. Trois phases de constructions successives concourent à la réalisation du chef-d'œuvre gothique qu'est Notre-Dame de Paris : 1160-1180 pour le chœur, 1180-1200 pour le haut de la nef, 1200-1220 pour les trois dernières travées de la nef. Véritable « somme » de pierre à l'iconographie dotée d'un sens spirituel, la cathédrale est à l'image de la complexité de la pensée théologique et du rayonnement de l'Université de Paris au XIIIe siècle.

Étant sacrés à Reims et enterrés à Saint-Denis, les rois de France ne franchissent qu'occasionnellement les portes de Notre-Dame, notamment lors de circonstances hautement symboliques. La cathédrale accueille, par exemple, les premiers états généraux réunis par Philippe le Bel, en 1302, contre le pape Boniface VIII. Au XVe siècle, on y célèbre les victoires de Charles VII sur les Anglais, marquant le lien qui unit la cathédrale au sort du pays. En 1638, après la naissance de son fils, Louis XIII décide de consacrer la France à Notre-Dame par un vœu. La Révolution française met un terme à ce lien entre le roi, la nation et la cathédrale. La Galerie des rois est détruite et les statues de la façade sont décapitées. Notre-Dame est fermée au culte en novembre 1793 puis choisie comme temple de la Raison. Rendue officiellement au culte catholique en 1802, l'église accueille bientôt le sacre de Napoléon Bonaparte (1804), comme pour marquer la restitution de sa fonction nationale. Elle est restaurée de 1845 à 1864 par Viollet-le-Duc. À la Libération de Paris en 1944, les Te Deum chantés à Notre-Dame illustrent encore le lien qui unit la cathédrale au pays. Les funérailles de grands hommes d'État (comme celles de François Mitterrand, en 1996) s'y déroulent encore.