Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Tolentino (traité de),

traité signé le 19 février 1797 par Bonaparte et par le cardinal Mattei, représentant du pape Pie VI.

Quoique officiellement neutres, les États de l'Église entretiennent de très mauvaises relations avec la République française, dont ils condamnent les mesures antireligieuses. En 1796, le Directoire veut profiter du succès foudroyant de la campagne d'Italie pour faire « chanceler la tiare ». Bonaparte envahit les territoires pontificaux et occupe les Légations (Bologne, Ferrare et Ravenne). Le pape Pie VI signe aussitôt l'armistice de Bologne (23 juin) et entame des négociations. Après leur rupture, Bonaparte conquiert en quelques jours la Romagne, le duché d'Urbino et la marche d'Ancône (février 1797), et peut alors imposer au souverain pontife un traité très dur, signé à Tolentino le 19 février : Pie VI reconnaît l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin, cède les Légations et Ancône, ainsi qu'un lourd tribut de 20 millions et quantité d'œuvres d'art. Il doit en outre fermer ses ports aux Anglais.

Première atteinte grave à la souveraineté temporelle du pape, ce traité laisse cependant intacts le rôle et le prestige spirituels du pontife. En effet, Pie VI ne cède rien sur ce plan et ne revient pas sur sa condamnation de la Constitution civile du clergé. Mais l'année suivante, les Français occuperont la Ville éternelle, proclameront la République romaine (15 février 1798) et contraindront le pape à l'exil.

Toulon (siège de),

bataille menée en 1793 par les troupes de la Convention pour reprendre Toulon occupé par les Anglais.

En juillet 1793, une insurrection fédéraliste éclate à Toulon. Les notables de la ville se soulèvent contre la Convention montagnarde : les autorités municipales sont dissoutes, la société populaire est interdite, les jacobins les plus engagés et les représentants en mission de la Convention sont emprisonnés, des dirigeants révolutionnaires sont exécutés. Comme dans bien d'autres cas - à Lyon, notamment -, le mouvement est progressivement « récupéré » par les royalistes. À la fin du mois d'août, ceux-ci entrent en contact avec l'amiral Hood, commandant des forces anglaises, et lui remettent la ville. La Convention réagit au début du mois de septembre : les représentants en mission, dont Barras, Louis Fréron et Augustin Robespierre, font encercler Toulon par les troupes placées sous le commandement du général Carteaux. Mais les puissantes fortifications toulonnaises, et notamment le fort du « petit Gibraltar », au sud-ouest de la rade, retardent les opérations. Au mois de décembre, Dugommier adopte le plan proposé par le capitaine d'artillerie Bonaparte, qui se distingue en prenant le « petit Gibraltar » le 17. Le lendemain, les Anglais abandonnent précipitamment la ville, laissant derrière eux une partie de leurs « alliés » royalistes. La répression qui s'ensuit fait environ un millier de victimes. Le siège de Toulon contribue à la popularité naissante de Bonaparte, qui est nommé général de brigade dès le 22 décembre.

Toulouse (comté de),

comté médiéval du sud de la France qui a progressivement unifié le Languedoc féodal.

Maintes fois conquis et reconquis, le Toulousain, poste avancé du royaume franc, est érigé en comté par Charlemagne, en 778, afin de protéger l'Aquitaine des invasions. Le comté devient héréditaire avec Frédelon, investi par Charles le Chauve, en 849, et premier comte de Toulouse connu. Dès lors, à la faveur du déclin des Carolingiens, la dynastie de Toulouse, peu soumise à l'influence franque, devient peu à peu l'une des plus puissantes maisons féodales du royaume. À la fin du Xe siècle, les comtes de Toulouse, suzerains des comtes de Foix et de Carcassonne, sont maîtres du Toulousain, du Quercy et de l'Albigeois. En 1066, par héritage, le comté de Rouergue et le marquisat de Gothie (littoral méditerranéen des Pyrénées jusqu'au Rhône) passent sous la suzeraineté de Raimond IV, futur comte de Toulouse (1088/1105), qui les adjoint au comté, ainsi que le comté de Gévaudan, le pays d'Uzès et Narbonne. En 1125, Alphonse Ier (1112/1148) augmente le domaine comtal du marquisat de Provence (nord de la Provence, dont Avignon et le Comtat Venaissin). Enfin, après que Raimond V (1148/1194) eut renforcé l'unité de ses États, Raimond VI (1194/1222) acquiert par mariage l'Agenais (1198) et la mouvance des comtés gascons d'Armagnac et d'Astarac. Puissante principauté comptant de nombreux vassaux, le comté est, au XIIe siècle, l'un des six grands fiefs relevant de la couronne de France. Sa prospérité excite la convoitise de ses voisins, les ducs d'Aquitaine, auxquels succèdent les rois d'Angleterre et les comtes de Barcelone, qui tentent à plusieurs reprises de le conquérir. Mais ses plus grands rivaux sont les rois capétiens, qui, cherchant à assujettir les grands seigneurs féodaux et à étendre leur domaine, profitent de la condamnation par le pape de l'hérésie cathare, tolérée par les comtes de Toulouse : lancée en 1208 par le pape Innocent III, qui excommunie Raimond VI, la croisade contre les albigeois est féroce et dévastatrice. D'abord vaincu, Raimond VI reconquiert Toulouse (1217) puis presque tous ses États. Mais son successeur, Raimond VII, s'incline après l'intervention du roi de France et signe le traité de Meaux-Paris (1229), qui donne la moitié orientale de ses États à Louis IX et impose le mariage de sa fille Jeanne avec le frère du roi, Alphonse de Poitiers. Héritier de ce qu'il reste du comté à la mort de Raimond VII (1249), le comte Alphonse, qui n'a pas de descendant, lègue au roi Philippe III le Hardi ses terres, dès lors réunies au domaine royal (1271).

Touraine,

ancienne province dont les limites correspondent à celles de l'actuel département d'Indre-et-Loire. Conquise par les Romains au Ier siècle avant J.-C., la Touraine est, à l'origine, le territoire des Celtes Turones. Elle est incluse, à la fin du IVe siècle, dans la Lyonnaise IIIe, vaste province de la Gaule romaine, dont Tours (Civitas Turonum ou Caesarodunum) devient la capitale.

Prospérité et rayonnement spirituel.

• La Touraine est déjà un centre important lorsque saint Martin, évêque de Tours, fonde le monastère de Marmoutier, en 372, créant ainsi l'un des deux foyers de l'expansion du christianisme dans la Gaule du Ve siècle. Envahie par les Wisigoths en 475, la Touraine passe sous la domination des Francs après la victoire de Clovis à Vouillé en 507, qui porte un coup mortel au royaume wisigoth de Toulouse. La province est alors à la croisée de routes commerciales et l'une des clés reliant le Nord au Sud, tandis que Tours, qui abrite le tombeau de saint Martin, devient le premier lieu de pèlerinage de la Gaule mérovingienne, l'un des plus fréquentés de l'Occident chrétien. Sous les Mérovingiens, la Touraine, dont le gouvernement est confié à des comtes, est bien souvent morcelée et partagée entre les héritiers francs du royaume de Neustrie, au nord, et de celui d'Aquitaine, au sud. En 806, lorsque Charlemagne décide qu'à sa mort son Empire sera divisé entre ses trois fils, elle est rattachée à la Neustrie. Sa prospérité et sa situation stratégique font d'elle une province convoitée, tant par les princes francs que par les Sarrasins, dont la progression est stoppée au VIIIe siècle, ou par les Normands, qui entreprennent de nombreuses incursions au IXe siècle. Et c'est naturellement que Tours, où le chapitre de l'abbaye Saint-Martin bat monnaie (d'où le nom des deniers « tournois »), s'affirme comme l'un des centres de la renaissance carolingienne.