nom utilisé pour désigner le clan aristocratique issu de Robert le Fort (mort en 866) jusqu'à ce que son descendant Hugues Capet devienne roi en 987.
À la fin du IXe siècle, les Robertiens apparaissent comme la plus puissante famille de Neustrie et se posent en rivaux des souverains carolingiens dans le royaume de Francie. Ils dominent entièrement les régions comprises entre la Seine et la Loire. Dès l'époque de Robert le Fort, ils sont comtes de Tours et d'Angers et reçoivent le titre de marchio (« marquis ») de Neustrie. En 882-883, ils acquièrent le comté de Paris et, au Xe siècle, les comtés d'Orléans, de Blois et du Mans, ainsi que plusieurs comtés bourguignons. En outre, ils multiplient les alliances avec les autres grandes familles de Neustrie, en particulier celle de Vermandois, et s'attachent un vaste réseau de fidèles, qu'ils placent à la tête de leurs cités comme vicomtes ou qu'ils nomment aux sièges épiscopaux. Ils contrôlent, enfin, de très nombreuses abbayes, en particulier l'abbaye royale de Saint-Martin-de-Tours et celle de Saint-Denis, acquise en 891. En 914, le roi est contraint de reconnaître la transmission héréditaire de tous leurs honores, titres, droits et domaines : ils sont désormais des princes territoriaux indépendants. L'adoption précoce d'une structure lignagère patrilinéaire et de la règle de la primogéniture accroît encore leur puissance. Plusieurs membres du clan parviennent à devenir rois à la faveur des invasions normandes et des difficultés des souverains carolingiens : Eudes, fils de Robert le Fort, est ainsi élu, couronné et sacré roi en 888 (il en sera de même pour son fils Robert Ier, en 922). En 936, Hugues le Grand est reconnu par le roi carolingien Louis IV comme le second personnage du royaume et reçoit le titre de « duc des Francs », porté jadis par Charles Martel et Pépin le Bref. En 937, Hugues s'intitule « duc des Francs par la grâce de Dieu ». Il entreprend une politique matrimoniale de prestige avec les Otton, rois de Germanie, et exerce une véritable tutelle sur Louis IV (mort en 954), qu'il retient même prisonnier quelques mois en 945. Son fils Hugues Capet recueille cet héritage et parvient, grâce aux réseaux de fidélité qu'il a su constituer en Lorraine et grâce à l'appui de l'archevêque de Reims, Adalbéron, à être élu roi en 987, après la mort du dernier souverain carolingien, Louis V. À la Noël de la même année, le couronnement et le sacre de son fils Robert (futur Robert II le Pieux, qui est donc associé au trône du vivant de son père) font définitivement entrer la couronne dans le patrimoine de son lignage.