Eugénie (Eugenia Maria de Montijo de Guzmán, comtesse de Teba, dite), (suite)
L'impératrice est-elle influente ?
• Pendant la guerre d'Italie contre l'Autriche (1859), elle assume la régence et prend goût à la politique. Elle est de nouveau régente en 1865, lors du voyage de Napoléon III en Algérie. La maladie de son époux accroît ses ambitions en lui laissant une certaine marge de manœuvre, certes faible. Eugénie intervient en faveur du pouvoir temporel du pape et de la présence française au Mexique ; elle s'allie à Eugène Rouher pour s'élever contre la libéralisation du régime. À la fin de 1869, elle inaugure - seule - le canal de Suez. La guerre contre la Prusse, à laquelle elle s'est montrée favorable, lui permet de redevenir régente, le 27 juillet 1870. À l'annonce des premières défaites, elle remplace, le 9 août, le ministère Ollivier par un cabinet dirigé par le très conservateur comte de Palikao. Cependant, le régime se délite, et, presque abandonnée de tous, elle doit fuir, le 4 septembre. Elle se réfugie en Angleterre, où l'empereur déchu la rejoint : ils séjournent à Camden Place, près de Chislehurst, dans le Kent. C'est là que Louis Napoléon Bonaparte décède, le 9 janvier 1873. Quelques années plus tard, Eugénie est profondément affectée par la mort de son fils, tué le 1er juin 1879, alors qu'il participait à une guerre de la Grande-Bretagne contre les Zoulous. À l'issue de la Première Guerre mondiale, Eugénie sort de sa réserve, pour aider Clemenceau à persuader les Alliés de restituer l'Alsace-Lorraine à la France : elle communique, en effet, une lettre de Guillaume Ier de Prusse datée de 1870 et faisant état des motivations purement militaires de l'annexion de ces territoires.
L'action de l'impératrice Eugénie a été jugée avec sévérité, tant par ses contemporains que par les historiens. Elle a participé amplement de cette « légende noire » qui a longtemps pesé sur le Second Empire. Toutefois, même si les choix politiques d'Eugénie apparaissent assez malheureux, il est peu probable qu'elle ait véritablement orienté la politique de Napoléon III, farouche adepte du gouvernement personnel.