Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

franco-soviétique (pacte),

pacte d'assistance mutuelle, signé le 2 mai 1935 à Paris, qui prolonge la politique d'alliances de revers à l'Est, redevenue nécessaire avec la montée du nazisme en Allemagne.

L'idée de négocier une alliance avec l'URSS est proposée par Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Doumergue en février 1934, qui reçoit le soutien d'hommes du centre droit, tels André Tardieu, Paul Reynaud ou Pierre-Étienne Flandin, et de militaires, tels les généraux Gamelin ou Weygand. En revanche, une partie de la droite, et notamment l'Action française, y est hostile, estimant que ce rapprochement augmenterait le prestige de Moscou et encouragerait la « subversion ». Après la mort de Barthou en octobre 1934, Pierre Laval, nouveau ministre des Affaires étrangères, poursuit les négociations avec son homologue soviétique Litvinov, mais sans enthousiasme : une entente avec Rome, voire avec Berlin, lui semble préférable. De fait, le pacte est, selon l'historien Jean-Baptiste Duroselle, un « chef-d'œuvre du galimatias, [où] n'importe quel spécialiste de droit international peut trouver, quelle que soit la situation, vingt échappatoires ». En outre, Laval fait traîner sa ratification, et aucune convention militaire n'est prévue. Les effets concrets du pacte se résument à une déclaration de Staline approuvant le réarmement français, ce qui entraîne aussitôt l'abandon de l'antimilitarisme par les communistes français. De son côté, Hitler, qui prétend que le pacte annule le traité de Locarno de 1925, attend sa ratification par le Parlement français (mars 1936) pour remilitariser la Rhénanie. Pour le reste, ce pacte reste lettre morte. La France accepte que l'URSS soit tenue à l'écart de la conférence de Munich de septembre 1938. Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 sonne le glas du pacte franco-soviétique, qui, bien que dicté par des réalités géostratégiques, avait suscité nombre de méfiances idéologiques, dans une France déchirée entre antifascisme et anticommunisme.

Francs.

Parmi les peuples barbares germaniques qui ont précipité la déliquescence puis la chute de l'Empire romain d'Occident, les Francs, conglomérat de petits peuples installés sur la rive droite du Rhin, sont peut-être ceux dont la mention dans les sources écrites est la plus tardive.

Pourtant, grâce au talent militaire de leurs guerriers autant qu'à la capacité d'adaptation de leurs élites, et notamment des rois de la dynastie mérovingienne, ils ont su fonder l'État barbare le plus puissant et le plus durable d'Occident.

Les origines.

• « Nous avons tué des milliers de Francs et des milliers de Sarmates ; nous avons poursuivi des milliers de Perses ». C'est par cette chanson de marche de l'armée romaine - rapportée dans l'Histoire d'Auguste du IVe siècle, mais qui semble relater des faits survenus aux environs de 240-260 - que le nom « Francs » fait son entrée dans l'histoire. De façon plus factuelle, et par le biais de sources plus proches des événements, on trouve des Francs mêlés à des agressions conduites contre l'Empire romain dans les années 260-280, tant par terre que par mer. Ces éléments indiquent qu'il ne s'agit pas d'un de ces peuples germaniques de vieille souche évoqués par Tacite dans sa Germania. Un peu à l'image des Saxons, signalés pour la première fois au cours du IIe siècle, ou des Alamans, apparus au seuil du siècle suivant, ils seraient plutôt le produit d'un de ces regroupements de peuples que les historiens appellent « confédérations » ou « ligues », sous un nom générique à forte connotation guerrière : « Franc » signifiait en vieux germanique « hardi, courageux ».

Issus non pas de Pannonie - comme l'affirme Grégoire de Tours à la fin du VIe siècle - ou de l'ancienne Troie - comme en répandra l'idée à partir du VIIe siècle un très flatteur récit des origines -, les Francs du IIIe siècle firent leur apparition sur la rive droite du moyen et du bas Rhin, le long de la frontière romaine, là précisément où Tacite et les auteurs des premiers siècles situaient les Chamaves, les Bructères, les Sicambres, les Chatti, les Chattuarii, les Amsivarii et quelques autres. Il semble que la participation à la ligue franque n'ait pas, dans un premier temps, fait disparaître la spécificité de chacune de ces composantes. « Hamavi qui et Franci » (« les Chamaves qui sont aussi des Francs »), disent ainsi des sources des IIIe et IVe siècles ; et, à la fin du VIIe siècle, il serait encore question de Bructères sur la rive droite du Rhin, entre Ruhr et Lippe. Chaque peuple conserva sans doute quelque temps sa propre royauté. Mais il est clair qu'au cours des IVe et Ve siècles, à la faveur de la progression franque dans l'Empire romain, s'organisèrent à l'intérieur de la confédération de nouveaux réseaux, autour de dynasties ambitieuses qui nouèrent un tissu de relations matrimoniales avec les autres royautés, peu à peu réduites à l'état de chefferies tribales. Ce fut en particulier le cas des Saliens, dont on doit peut-être associer le nom au Salland néerlandais, entre IJssel et Vecht, et qui sont cités pour la première fois au temps de l'empereur Julien ; ce fut également celui des Francs Rhénans, plus précisément ceux de la région de Cologne, longtemps appelés à tort ripuaires par extrapolation d'une dénomination qui n'est attestée qu'au cours du VIIe siècle pour désigner les Francs « riverains » du Rhin.

L'expansion.

• La plupart des historiens considèrent la ligue franque des origines comme une ligue à caractère principalement défensif, organisée moins contre Rome que contre des peuples barbares autrement plus puissants qui se pressaient au cœur de la Germanie. Néanmoins, ce sont les multiples agressions contre l'Empire qui ont retenu l'attention des premiers commentateurs romains. En effet, les sources rapportent comment, à la fin du IIIe siècle, des flottes franques parties du delta du Rhin et des actuels Pays-Bas ravagèrent les côtes de la Gaule, remontèrent certaines de ses rivières, et même, poursuivant vers le sud, semèrent le trouble jusqu'en Méditerranée, attaquant les rivages de la Catalogne et de l'Afrique. Mais c'est surtout sur les côtes de la mer du Nord et de la Manche que s'est acharnée la piraterie franque, anticipant - puis participant à - des mouvements de navires que la tradition a plus volontiers considérés comme saxons. Il paraît aujourd'hui acquis que les Francs, tout comme leurs voisins frisons, furent nombreux à prendre part aux migrations vers le sud-est de la Grande-Bretagne, que l'on qualifie généralement d'« anglo-saxonnes ».