Mayenne (Charles de Lorraine, marquis, puis duc de),
chef de la Ligue (Alençon 1554 - Soissons 1611).
Gouverneur de Bourgogne en 1573, Mayenne aurait pu se contenter de combattre les protestants sur le front de la Dordogne mais, à la suite de l'assassinat de ses frères, Henri le Balafré et le cardinal de Guise, il devient le chef de l'opposition face à Henri III puis à Henri IV. Il est proclamé en 1589 lieutenant général du royaume par le conseil municipal parisien des Seize. Il oppose alors au Béarnais huguenot un prince vieux mais catholique : le cardinal de Bourbon (1523-1590), proclamé roi sous le nom de Charles X. Il est cependant battu par Henri IV à Arques-la-Bataille en 1589, puis à Ivry l'année suivante. Après la mort du cardinal, Mayenne ose d'autant moins prétendre à la couronne que les nobles ligueurs sont trois fois moins nombreux que les gentilshommes royalistes ! De surcroît, les premiers « jugent » et pendent à Paris et en Bourgogne les plus modérés d'entre eux : le président Brisson, le conseiller Tardif. Des excès qu'il condamne, car, légaliste, il préfère réunir à Paris les états généraux pour élire un nouveau roi en 1593. Mais Henri IV entre dans la capitale et les Espagnols - alliés des ligueurs - sont défaits. Piètre militaire, rebelle timide, prince vénal, Mayenne négocie alors sa soumission contre de l'argent et le gouvernement d'Île-de-France.
Mayer (Daniel),
homme politique (Paris 1909 - Orsay, Essonne, 1996).
Issu d'une famille juive peu aisée, Daniel Mayer se forme à la politique en autodidacte passionné. En 1927, il adhère à la Ligue des droits de l'homme et aux Jeunesses socialistes et, de 1933 à 1939, est responsable de la rubrique sociale du Populaire. Virulent adversaire du nazisme, il combat les accords de Munich et, après l'armistice, participe à la reconstruction clandestine de la SFIO en fondant, en mars 1941, le Comité d'action socialiste (CAS), dont il est secrétaire général en zone sud. Il contribue également à l'élaboration du programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Quand, en mars 1943, le CAS se transforme en Parti socialiste, il en devient le secrétaire général.
À la Libération, cet homme vif au talent d'orateur, fait figure de poulain de Léon Blum ; avec lui il tente de réformer le parti en y accueillant de nombreux résistants, mais il est rapidement évincé : en 1946, la majorité du Congrès national de la SFIO adopte la motion de Guy Mollet condamnant le « révisionnisme » et le « faux humanisme » de Daniel Mayer. Mollet devenu secrétaire général, Mayer poursuit une carrière de ministre - chargé du Travail et de la Sécurité sociale de décembre 1946 à octobre 1949 - et de député, fonction dont il démissionne en 1958. À cette date, partisan de solutions libérales en Algérie et hostile au ralliement de son propre parti au général de Gaulle, il quitte la SFIO pour fonder le Parti socialiste autonome (PSA), puis le Parti socialiste unifié (PSU), auquel il demeure attaché jusqu'en 1967, avant de rejoindre à nouveau les rangs socialistes en 1970.
Très attentif aux questions d'équité et de liberté, il assure la présidence de la Ligue des droits de l'homme de 1958 à 1975, puis celle de la Fédération internationale des droits de l'homme de 1977 à 1983. François Mitterrand le nomme au Conseil supérieur de la magistrature en 1982, puis au Conseil constitutionnel en 1983. Il en est président pendant trois ans et membre jusqu'en 1992.
Daniel Mayer peut être considéré comme une des hautes figures socialistes de l'après-guerre, dans le droit fil des valeurs humanistes de Léon Blum.
Mayotte,
collectivité territoriale française située dans l'archipel des Comores.
Acquise le 25 avril 1841 par un traité entre le capitaine Passot et un chef sakalave, la petite île est occupée en 1843. D'ambitieux projets de création d'un port de guerre sont rapidement abandonnés, et Mayotte devient une petite colonie sucrière, à la suite de l'immigration de planteurs réunionnais. Son histoire reste liée à celle des Comores jusqu'au référendum d'autodétermination du 22 décembre 1974 : la population se prononce alors contre l'indépendance de l'archipel, et, lors de sa proclamation unilatérale (6 juillet 1975), les élus locaux, soutenus par de nombreux manifestants, réclament le maintien de l'île dans la République française.
Depuis une loi de décembre 1976, Mayotte forme une collectivité territoriale. Elle est représentée au Parlement par un député et un sénateur. La départementalisation est réclamée par les élus et par une grande partie de la population, qui s'élèverait à près de 100 000 personnes. Un projet de référendum sur le statut de l'île a été plusieurs fois ajourné. En 2001, suite à un référendum, Mayotte est devenu une collectivité départementale d'outre-mer.
Mazarin (Giulio Mazarini, dit en français Jules),
cardinal et homme politique français d'origine italienne (Pescina, Abruzzes, 1602 - Vincennes 1661).
L'image de Mazarin dans l'historiographie française est floue, car il a toujours semblé étrange qu'un Italien ait pu gouverner la France, alors qu'il en ignorait presque tout. C'est oublier que l'action monarchique se définissait d'abord à travers une politique étrangère et que Louis XIII, sur les conseils de Richelieu, avait choisi ce prélat romain parce qu'il connaissait bien la carte européenne et les enjeux internationaux. Le reste, c'est-à-dire la capacité à trouver de l'argent pour mener une ambitieuse politique européenne - donc, la manière de gouverner les Français - paraissait accessoire. C'est sur ce point que le subtil Italien rencontra les pires difficultés, faisant l'unanimité contre lui, et les mazarinades, en le prenant comme bouc émissaire, contribuèrent à caricaturer un peu plus sa personne et son action.
L'affaire de Mantoue.
• La famille de Giulio Mazarini, originaire de Ligurie, s'était installée en Sicile, mais son père, Pietro, avait étudié à Rome et fut protégé par les Colonna. Giulio avait fait de bonnes études et, en raison de son charme, avait été bien accueilli dans la société romaine. Il avait fait un long séjour en Espagne et avait tenté une carrière militaire. Il suivit ensuite, comme secrétaire, le nonce à Milan, qui devait s'occuper d'une médiation, au nom du pape Urbain VIII, dans l'affaire du duché de Mantoue. En effet, la France et l'Espagne s'y opposaient sourdement, dans une « guerre couverte », alors que la guerre de Trente Ans faisait rage dans l'Empire : Casal, une forteresse du Montferrat, qui dépendait de Mantoue, contrôlait une route cruciale pour les Espagnols et était défendue par une garnison française. En 1629, Mazarini fut chargé par le nonce de continuer la négociation. Il eut ainsi l'occasion de rencontrer Richelieu, en janvier 1630.