frère cadet de Louis XIII, appelé, pour cette raison, « Monsieur » (Fontainebleau 1608 - Blois 1660).
Duc d'Anjou jusqu'à la mort, en 1611, du deuxième fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, puis duc d'Orléans (1626), Gaston d'Orléans reçoit une instruction soignée. Protecteur d'hommes de lettres - tels les poètes Voiture, Saint-Amant, Tristan L'Hermite ou le grammairien Vaugelas -, il est aussi amateur d'art, grand collectionneur de livres, tableaux, monnaies et antiques. Son esprit vif, ses manières séduisantes, s'accompagnent cependant d'un caractère inquiet, pusillanime, et ses contemporains lui font grief d'abandonner ses amis compromis dans ses intrigues. Son goût des plaisirs le conduit à s'entourer d'une petite cour de débauchés, qu'il nomme ses « vauriens ». En 1626, il épouse Marie de Bourbon, la riche duches-se de Montpensier, qui mourra l'année suivante en donnant le jour à une fille, Anne Marie Louise (la future Grande Mademoiselle). Louis XIII, dont l'union reste stérile jusqu'en 1638, veut casser le mariage secret contracté par Gaston d'Orléans avec Marguerite de Lorraine en 1632, et qui ne sera reconnu en France qu'en 1643.
L'action politique de Gaston d'Orléans est autant marquée par une volonté de s'affirmer face à un frère condescendant que par une hostilité à la tyrannie de Richelieu et par une préférence pour une monarchie tempérée, associant les grands au pouvoir. Le manifeste qu'il publie en 1631 montre qu'il est soucieux des misères du peuple et désireux de réduire la pression fiscale. Il est mêlé à plusieurs conspirations contre Richelieu, notamment celle du comte de Chalais, maître de la garde-robe de Louis XIII, condamné à mort en 1626. En 1631, il entraîne dans sa rébellion les états du Languedoc, dont le gouverneur, Henri II de Montmorency, est exécuté en 1632. Retiré à Bruxelles, Gaston d'Orléans négocie une réconciliation avec son frère, et regagne la France en 1634. Il sert avec honneur lors de l'invasion espagnole de 1636, mais est à nouveau compromis dans le complot de Cinq-Mars et de François de Thou (1642), et doit s'humilier devant le roi et le Cardinal en livrant le nom de ses complices.
La mort de Richelieu (décembre 1642) et de Louis XIII (mai 1643) lui permet enfin de participer pleinement aux affaires. Lieutenant général du royaume pendant la régence d'Anne d'Autriche, il joue, grâce à sa popularité et à ses relations au parlement de Paris, un rôle de médiateur au début de la Fronde. S'il est ensuite de tous les partis et lasse ses alliés par son indécision (« Il pensait tout et il ne voulait rien », écrit Retz), il se tient en retrait des emportements de sa fille ou des excès de Condé. Exilé dans son château de Blois, pour lequel François Mansart commence une aile admirable, il revient à la piété. Le religieux qui prononce son oraison funèbre voit en lui, non sans raison, le « médiateur entre le roi et ses sujets », une « heureuse alliance de la souveraineté du monarque avec la liberté des peuples ».