Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Thibaud IV,

dit le Chansonnier, comte de Champagne de 1201 à 1253, roi de Navarre de 1234 à 1253 sous le nom de Thibaud Ier (Troyes 1201 - Pampelune, Espagne, 1253).

Fils posthume de Thibaud III de Champagne et de Blanche de Navarre, Thibaud IV est comte dès sa naissance. Élevé en grande partie à la cour du roi Philippe Auguste, avec Blanche de Castille et Arthur de Bretagne, il règne sur la Champagne à partir de 1214, avec l'aide de sa mère, et épouse en 1220 Gertrude de Metz, puis en 1223 Agnès de Beaujeu.

Sa politique est faite d'indécision et de volte-face. S'il accompagne le roi Louis VIII dans sa campagne contre les Anglais (1224), il l'abandonne néanmoins lors du siège d'Avignon (1226), et on l'accuse même d'avoir empoisonné le roi, mort peu de temps après. En 1227, il prend la tête de l'opposition baronniale contre la régente Blanche de Castille, puis se rallie à elle : attaqué par ses anciens alliés, il lui doit la défense de la Champagne. Pour quelques années, il semble lui rester fidèle : il mène campagne contre les Anglais (1228), sert de médiateur dans les négociations avec le comte de Toulouse Raimond VII (1229), et épouse en 1232 Marguerite de Bourbon. Mais un nouveau revirement intervient en 1235, lorsqu'il prend la tête d'une rébellion contre la régente et le roi Louis IX, avant de se soumettre en 1236, ayant promis de se croiser. De fait, Thibaud IV prend part à la cinquième croisade (1239), dite « croisade des barons ». Mais il ne s'attarde pas en Terre sainte et revient en France dès 1240, assiste Louis IX aux batailles de Taillebourg et Saintes (1242). On sait encore de lui qu'il effectue un pèlerinage à Rome (1245), sans doute pour se faire pardonner son inconstance. Dès 1234, il devient roi de Navarre, succédant à son oncle Sanche IV, mort sans héritier.

Bien plus que par sa vie politique, Thibaud IV se distingue par sa vie littéraire, qui fait de lui un personnage exceptionnel. Trouvère apprécié de son vivant, il a laissé plus de soixante-dix pièces de poésie, dont plus de la moitié consacrées à l'amour courtois : la dame de ses poèmes serait Blanche de Castille - thèse que réfutent certains spécialistes -, à qui il aurait voué une passion fort complexe. Si cette dernière n'a jamais cédé à son prince charmant, comme l'auraient voulu les calomnies qui s'abattirent sur elle, il est probable qu'elle a tiré le meilleur parti politique des sentiments qu'elle pouvait inspirer. Cela expliquerait certains des brusques revirements de Thibaud de Champagne en faveur de la régente.

Thibaudeau (Antoine Claire),

homme politique, figure emblématique du révolutionnaire pour les historiens du XIXe siècle (Poitiers 1765 - Paris 1854).

De son arrivée à Paris (1789) à sa nomination au Sénat par Napoléon III (1852), il suit une longue et tortueuse carrière. Son père, René Thibaudeau, avocat comme lui, ayant été élu député du Tiers du bailliage de Poitiers, il l'accompagne aux États généraux, et assiste aux débats de la Constituante. Si son père assume ensuite des fonctions locales, lui-même, lié aux milieux jacobins, est élu à la Convention, où il réussit à ne pas être inscrit dans une faction. Il vote la mort du roi, puis obtient que ses parents ne soient pas considérés comme girondins, même s'ils ont participé à la révolte fédéraliste de la Vienne. Il se consacre ensuite aux travaux du Comité d'instruction publique et garde une attitude neutre lors de la journée du 9 thermidor an II. Pendant le soulèvement royaliste de vendémiaire an IV (octobre 1795), il apparaît comme un révolutionnaire déterminé à lutter contre toutes les factions. Élu au Conseil des Cinq-Cents, il s'oppose à la gauche de l'Assemblée, sans être considéré comme royaliste. Proche des frères Bonaparte, il devient préfet de la Gironde (1800), puis des Bouches-du-Rhône (1803), et est fait comte d'Empire (1809). Révoqué par Louis XVIII en 1814, il siège à la Chambre des pairs durant les Cent-Jours, et doit s'exiler lors de la seconde Restauration. Il réside successivement dans plusieurs pays d'Europe, publie ses Mémoires, puis revient en France en 1830, mais se tient écarté de la vie politique sous la monarchie de Juillet avant de se rallier à Napoléon III.

Thibaud le Grand,

comte de Blois de 1102 à 1152 sous le nom de Thibaud IV, et comte de Champagne de 1125 à 1152 sous le nom de Thibaud II (1093 - Lagny, près de Meaux, 1152).

Fils d'Henri-Étienne de Blois et d'Adèle d'Angleterre, Thibaud est, par sa mère, petit-fils de Guillaume le Conquérant. Puissant vassal du roi Louis VI, il est en conflit avec lui pendant la majeure partie de son règne, notamment lorsqu'il rassemble une vaste coalition en 1111, dont Louis VI a raison en 1112. Revenu à de meilleurs sentiments, il répond en 1124 à l'appel du roi contre l'invasion de l'empereur Henri V. L'année suivante, lorsque son oncle Hugues décide de devenir templier et lui abandonne tous ses biens champenois, Thibaud IV de Blois devient Thibaud II de Champagne ; ses possessions enserrent alors le domaine royal.

À la mort du roi Henri Ier Beauclerc d'Angleterre (1135), Thibaud le Grand soutient avec succès son frère Étienne de Blois, qui dispute la couronne à Mathilde, fille d'Henri et épouse de Geoffroi Plantagenêt. Protecteur des mystiques, dont Bernard de Clairvaux, il bénéficie du soutien de ce dernier dans le conflit qui l'oppose en 1142 au roi Louis VII, à propos des investitures ecclésiastiques. Le roi, qui a envahi la Champagne et fait incendier l'église de Vitry-le-François, au prix de 1 300 victimes, est désavoué par Suger et par Bernard de Clairvaux et se réconcilie avec son adversaire.

À la mort de Thibaud, ses possessions sont partagées entre ses fils. L'aîné, Henri Ier le Libéral, obtient le riche comté de Champagne et ses foires prospères ; le cadet, Thibaud V, conserve le fief patrimonial de Blois.

Thierry Ier,

roi des Austrasiens de 511 à 533 (avant 484 - 533).

Thierry est le fils aîné que Clovis a eu d'une épouse austrasienne, avant son mariage avec Clotilde. À la mort de son père, lors du partage de 511, il s'arroge la part du lion : il hérite d'un bon tiers de la Francie, entre Loire et Rhin, et de toutes les terres au-delà du Rhin, ainsi que d'un bon tiers de l'Aquitaine (l'Auvergne, qu'il avait lui-même conquise en 508, et le Limousin). Mais, dans un esprit de collaboration avec ses frères, il fixe sa résidence à Reims, à proximité des autres royaumes, et cherche à étendre son influence en priorité en Germanie. En revanche, il refuse de s'associer à la campagne menée par ses frères en Burgondie. En 531, avec son frère Clotaire Ier et avec l'aide des Saxons, il monte une expédition contre les Thuringiens, qui sont vaincus sur l'Unstrut : leur roi Herminefrid doit payer un tribut aux Francs et, en 533, lors d'une visite qu'il rend à Thierry, il est précipité du haut des murailles de Tolbiac (Zülpich). La Thuringe passe alors sous le contrôle direct des Francs.