Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Collier (affaire du),

escroquerie scandaleuse qui déconsidère la reine Marie-Antoinette en 1785 et 1786, à la veille de la Révolution.

Elle est le fruit de l'animosité que manifeste la reine envers le cardinal de Rohan et de la crédulité mondaine de ce dernier. En 1784, le cardinal, grand aumônier de la cour, qui était déjà manipulé par le mage Cagliostro, devient la proie d'une jeune aventurière, Jeanne Valois de La Motte, qui se fait fort de lui apporter l'amitié de la reine. D'entrevues nocturnes en faux messages secrets, censés être écrits par la souveraine, la « comtesse de La Motte » extorque d'importantes sommes d'argent au cardinal. Mise en relation avec les bijoutiers Boehmer et Bassenge, elle leur propose de servir d'intermédiaire pour faire acheter à la reine une parure de diamants qu'ils tentent de vendre depuis plus de dix ans dans les cours d'Europe. Elle persuade Rohan de servir de prête-nom et de payer la première traite « du collier », puis s'empare du bijou, qui est mis en pièces par ses complices. L'affaire, dite « du Collier », éclate lorsque les bijoutiers réclament à la reine le reste de l'argent qui leur est dû. Furieuse contre le cardinal, qu'elle croit être à l'origine d'une gigantesque machination, Marie-Antoinette incite Louis XVI à en finir avec cet importun. L'arrestation du grand aumônier, en pleine cour, le 15 août 1785, entraîne un premier scandale, dont la reine est rendue responsable. En effet, le cardinal fait partie du puissant clan de la famille de Rohan et de Soubise, et ces derniers défendent leur honneur bec et ongles. Louis XVI intente à Louis de Rohan un procès devant le parlement de Paris pour crime de lèse-majesté, mais, au fur et à mesure que les complices sont arrêtés, il apparaît clairement que le cardinal s'est laissé berner. Entre août 1785 et mai 1786, l'opinion, déjà prévenue contre la frivolité de Marie-Antoinette, érige tous les complices du scandale en héros populaires. Lorsque, le 31 mai 1786, le cardinal de Rohan est blanchi de toute accusation, la foule lui jette des fleurs à sa sortie du parlement.

Manœuvres des visionnaires et des charlatans qui gravitent autour des aristocrates, ou comédie à la Beaumarchais, le « scandale du Collier » et le procès de Rohan sont les symptômes d'une haine unanime contre la reine Marie-Antoinette, ainsi qu'en témoignent les pamphlets très violents qui la décrivent comme un monstre lubrique. Toutes ces accusations seront reprises lors du procès de la reine en 1793.

Collot d'Herbois (Jean Marie),

homme politique (Paris 1749 - Guyane 1796).

Ce fils de marchand-orfèvre devenu homme de théâtre avant la Révolution a fait l'unanimité contre lui : pour les robespierristes, il est l'un des responsables de la chute de « l'Incorruptible » en tant que président de la Convention au moment du 9 Thermidor ; pour les antirobespierristes, il est l'homme qui a réprimé l'insurrection fédéraliste et royaliste de Lyon à l'automne 1793. Le personnage n'est toutefois pas aussi ambivalent. En 1790, la Fédération lui fournit le thème d'une pièce à succès : la Famille patriote ou la Fédération. SecrétaireAlmanach du Père Gérard, dont le succès lui vaut la notoriété, comprend un éloge du travail des constituants non exempt de critiques, notamment sur l'esclavage colonial et le suffrage censitaire. À l'été 1792, Collot d'Herbois favorise l'entrée des citoyens « passifs » dans les sections et la Garde nationale, fait partie de la Commune insurrectionnelle du 10 août et propose l'abolition de la royauté le 21 septembre. Conventionnel, préoccupé d'abord par la lutte contre l'ennemi intérieur, il est envoyé en mission au moment de la levée des 300 000 hommes et applique des mesures strictes à l'encontre des autorités « modérées », des « suspects » et des « riches ». Son travail politique n'a de cesse, sinon de parvenir « à une égalité parfaite de bonheur », du moins de « rapprocher davantage les intervalles ». Le 15 fructidor an II (1er septembre 1794), Collot démissionne du Comité de salut public après les attaques des thermidoriens « réacteurs ». Lors de son procès, il ne renie en rien son action à Lyon. Il est déporté en Guyane en avril 1795, après les journées des 12 et 13 germinal an III.

Colomban (saint),

missionnaire irlandais (Irlande 543 ? - Bobbio, Lombardie, 615).

Il est à l'origine d'un profond renouveau de la vie monastique et de la spiritualité laïque en Gaule, en Alémanie et en Lombardie. Colomban, formé dans le monastère de Bangor, en Irlande, reçoit une éducation fondée sur un ascétisme très rigoureux et sur la valorisation de l'action missionnaire. C'est ainsi qu'il part pour le continent avec quelques compagnons, et, depuis l'Armorique, gagne la Neustrie, puis l'Austrasie. Ils y fondent le monastère de Luxeuil (vers 590), qui devient bientôt le principal centre du monachisme irlandais en Occident. Cependant, l'action de Colomban se heurte à de nombreuses résistances. La fondation de plusieurs monastères sans autorisation épiscopale et l'attachement vigoureux de Colomban à la liturgie celtique provoquent l'hostilité des épiscopats franc et burgonde. Par ailleurs, la critique sévère des mœurs de l'aristocratie laïque, notamment de la polygamie des souverains, déchaîne la colère de la reine Brunehaut et du roi de Burgondie, Thierry II, qui chasse Colomban de Luxeuil en 610. Ce dernier séjourne alors en Suisse, puis en Lombardie, où il fonde le monastère de Bobbio (vers 612-614), son dernier refuge. En dépit de son échec personnel en Burgondie, il a joué un rôle fondamental dans la christianisation des élites aristocratiques franques et dans le renouveau du monachisme au VIIe siècle.

colonies grecques,

villes fondées par des immigrants grecs, entre le VIe et le IIIe siècle avant notre ère, sur les côtes de la Provence et du Languedoc, et qui eurent une grande importance sur le développement économique et politique du midi de la Gaule.

Dès le VIIIe siècle avant J.-C., des commerçants grecs prospectent les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire, à la recherche de matières premières mais aussi de terres pour une population en surnombre.