prévôt des marchands, (suite)
Elle n'a pas, alors, de municipalité bénéficiant d'une charte de commune ou de libertés municipales ; le pouvoir bourgeois se structure donc autour du commerce fluvial. Dès 1171, sous le règne de Louis VII, s'organise la hanse des marchands de l'eau, association de gens de métiers pour qui la navigation sur la Seine est une nécessité. Afin de se protéger de la concurrence des marchands de Rouen, elle établit, avec le soutien du pouvoir royal, un contrôle sur les ports de la région parisienne. Cette surveillance s'étend à la marchandise transportée, notamment le vin et le sel. Bientôt, aucun navire ne peut circuler sur la Seine, à la hauteur de Paris, s'il n'est pas associé à un marchand « hansé ».
La hanse des marchands de l'eau est représentée par des jurés, qui deviendront des échevins, et par un prévôt de la marchandise de l'eau, connu sous le nom de « prévôt des marchands ». Gardien des intérêts de la bourgeoisie parisienne, ce dernier est élu, c'est-à-dire choisi par ses pairs ou coopté par les familles les plus influentes. Depuis 1263, avec Évroïn de Valenciennes (premier prévôt dont le nom a été conservé), ce sont des dynasties parisiennes (Gencien, Pacy, Jouvenel...) ou leurs alliés qui détiennent la charge. « Élu » pour quatre ans et rééligible, le prévôt des marchands doit être né à Paris ; il est assisté de quatre échevins, eux-mêmes élus pour deux ans. Juge des contentieux commerciaux, il gouverne les intérêts économiques de la bourgeoisie parisienne. L'institution tient lieu de municipalité, avec le « parloir aux bourgeois », tribunal municipal de la navigation installé en place de Grève (près de l'actuel Hôtel de Ville) dès le milieu du XIVe siècle. Ce pouvoir bourgeois s'oppose à celui du prévôt de Paris, bailli royal siégeant au Châtelet.
Le prévôt des marchands est un personnage important, ayant rang officiel dans les cortèges, mais il n'a pas, en principe, de pouvoir politique. Il faut les circonstances exceptionnelles de la captivité du roi Jean le Bon pour donner au prévôt (Étienne Marcel) un rôle politique à la fin des années 1350. La prévôté des marchands est ensuite confisquée par le pouvoir royal (1382-1412), en représailles d'une révolte urbaine, puis elle est confiée à un officier royal à partir de 1440. L'institution persiste sous l'Ancien Régime, jusqu'à la Révolution. En 1780, Paris et Lyon sont les deux seules villes de France à disposer d'une prévôté des marchands, dont le titulaire est nommé par le roi.