Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Pache (Jean Nicolas),

homme politique, (Paris ? 1746 - Thin-le-Moutier, Ardennes, 1823).

Issu d'une famille suisse au service du maréchal de Castries, Jean Nicolas Pache reçoit une solide éducation. Il sert l'administration en qualité de premier secrétaire du ministre de la Marine, puis de contrôleur de la Maison du roi, avant de s'établir en Suisse.

Au début de la Révolution, il rentre à Paris, puis, dans les premiers mois de 1792, rencontre le ministre de l'Intérieur Roland, dont il devient le collaborateur. Lorsqu'il faut remplacer Servan au ministère de la Guerre, les girondins pensent trouver en Pache un fidèle allié et le font élire par la Convention le 3 octobre 1792. Mais les partisans de Brissot sont vite déçus. En effet, Pache se rapproche des montagnards, réorganise le ministère, épure le personnel et s'entoure de sans-culottes affirmés. Il tente de contrôler les achats de subsistances en créant le Directoire des achats, surveille les généraux et envisage l'unification de l'armée.

Les girondins, soutenus par des généraux mécontents, tel Dumouriez, s'acharnent alors contre le ministre de la Guerre. Ils obtiennent son remplacement par Beurnonville, dès le 4 février 1793. Mais Pache a conquis l'estime des Parisiens. Le 11 février, à une forte majorité, il est élu maire de Paris. À ce poste, il participe à la lutte contre la Gironde et fait inscrire sur les bâtiments publics la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Lié aux cordeliers, Pache est arrêté le 21 floréal an II (10 mai 1794). Les thermidoriens le libèrent après l'amnistie de brumaire an IV (octobre 1795). Il se retire dans les Ardennes, et se consacre à des travaux littéraires jusqu'à sa mort.

pacifisme.

Ce terme n'est pas d'un usage commode : utilisé pour caractériser des attitudes très différentes, il est souvent employé - à tort - pour désigner les sentiments d'une « opinion publique » qui n'est jamais clairement cernée.

Il convient, à notre sens, de le réserver à ceux qui s'engagent pleinement et durablement pour la paix. Parmi ces militants, l'historiographie anglo-saxonne (Martin Ceadel, notamment) distingue les « pacifistes », qui se définissent par le refus absolu de toute guerre entre les nations, et les « pacificistes », qui acceptent la guerre en dernier recours. Ce dernier courant correspond, en France, aux associations pour la paix fondées dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui, tout en déclarant la « guerre à la guerre », s'accordent sur la nécessaire défense de la patrie et refusent les atteintes à la conscription (ainsi l'Association de la paix par le droit, dirigée par Théodore Ruyssen et Jules Prudhommeaux). Les premiers - les pacifistes proprement dits - s'affirment principalement après la Première Guerre mondiale, dans l'Internationale des résistants à la guerre ou, plus encore, dans la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP), créée en 1931 et animée par Victor Méric puis René Gerin. Pour rendre compte de cette évolution, l'historien Norman Ingram préfère distinguer le pacifisme « ancien style », né au XIXe siècle, et le pacifisme « nouveau style », de l'entre-deux-guerres.

Enjeux et débats au temps de la « paix armée ».

• Depuis le XIXe siècle, les militants de la paix ont élaboré et proposé une identité alternative ; ils ont essayé d'imposer de nouvelles références dans l'éducation et les comportements de leurs contemporains : épuration des textes scolaires de tout nationalisme, création d'enseignements spéciaux en faveur de la paix, suppression des jouets de guerre pour les enfants, apprentissage de langues universelles (tel l'espéranto)... Souvent, cet engagement a permis à des groupes dominés (femmes, jeunes...) d'intervenir sur la scène publique. Les premières sociétés pour la paix apparaissent en France dans les années 1860, bien après leurs équivalents anglo-saxons. Animées par des républicains (hommes politiques, juristes, enseignants ou économistes, tel Frédéric Passy), elles se structurent en réseaux nationaux et internationaux, et agissent notamment par le lobbying en faveur de l'arbitrage entre nations. À la fin du siècle, de nouveaux militants s'opposent aux pères fondateurs et prônent une action plus large et plus radicale.

Avant 1914, l'engagement des associations pour la paix se différencie de l'antimilitarisme, qui est l'apanage d'une partie du socialisme et de l'anarchisme. Une concurrence concernant un même enjeu les oppose. Au sein de la SFIO, les principaux dirigeants, tout en menant le combat pour la paix, refusent l'antipatriotisme et adoptent, en 1914, l'attitude que Jaurès a définie : lutter pour la paix mais défendre la patrie une fois que la guerre a éclaté. La concurrence au discours de Jaurès est portée par le courant de Gustave Hervé, antimilitariste et antipatriotique. C'est sur la question de la paix, notamment, que ce groupe « dominé » affirme nettement son identité.

Le pacifisme à l'épreuve de deux guerres.

• Pendant le premier conflit mondial, « union sacrée » aidant, l'engagement pour la paix perd de sa légitimité. Toutefois, des actions sont encore menées par des anarchistes et des syndicalistes. Le rejet de la guerre s'accentue en 1917, et, au sein de la SFIO, une minorité, dont l'identité se fonde sur un discours pour la paix s'affirme. La création du Parti communiste s'appuie sur ce rejet de la guerre. L'immédiat après-guerre est une période de fondations et d'engagements autour du thème porteur de la paix, d'autant qu'il y a désormais des millions d'anciens combattants, dont beaucoup affichent leur refus de la guerre. « Pacificistes » et pacifistes multiplient les congrès à la fonction incantatoire, et appellent, avec bien des nuances, au rapprochement franco-allemand.

À partir des années 1924-1925, la lutte pour la paix trouve d'importants relais gouvernementaux auprès des partisans d'Aristide Briand. Mais le pacte Briand-Kellogg de 1928, qui « met la guerre hors la loi », illustre la nécessité de percevoir le discours sur la paix en termes d'enjeu : il est tout autant le produit de stratégies diplomatiques et politiques complexes que celui d'une profonde « idéologie de la paix ».