, monument dédié à la Grande Armée, inauguré en 1810, au milieu de la place Vendôme, à Paris, à l'emplacement où se trouvait une statue équestre de Louis XIV, détruite le 7 août 1792.
Le projet initial est modifié plusieurs fois. Bonaparte, alors Premier consul, pense d'abord transférer la colonne Trajane de Rome, mais y renonce bientôt. En 1803, il signe un arrêté ordonnant d'élever un monument inspiré de cette colonne triomphale romaine : le fût doit être orné de personnages allégoriques représentant les 108 départements de la République française et surmonté de la statue de Charlemagne (placée sur le tombeau de l'empereur carolingien, à Aix-la-Chapelle). Après la proclamation de l'Empire (mai 1804), on prévoit finalement de coiffer la future colonne d'une statue de Napoléon. La victoire d'Austerlitz (décembre 1805) ayant permis la saisie de nombreux canons autrichiens, le bronze nécessaire à la réalisation du monument est obtenu par la fonte de ces pièces d'artillerie. Le peintre et graveur Pierre Bergeret conçoit les bas-reliefs en spirale, qui rappellent les faits d'arme de la campagne victorieuse de 1805, tandis qu'Antoine-Denis Chaudet crée une statue en bronze de l'Empereur, drapé à l'antique, tenant une Victoire et un glaive.
Le 8 avril 1814, sous la Restauration, la statue est renversée, remplacée par le drapeau blanc à fleur de lys, symbole de la monarchie. Mais, dès son avènement, Louis-Philippe fait retirer le drapeau et décide d'ériger une nouvelle statue de Napoléon. Œuvre de Charles-Marie Seurre, la sculpture développe le thème du « petit caporal », vêtu de son uniforme de soldat, la main dans le gilet : le militaire est glorifié, non l'Empereur. La statue est placée en grande pompe sur la colonne lors du troisième anniversaire de la monarchie de Juillet.
Sous le second Empire, Napoléon III la fait remplacer par une nouvelle sculpture, d'Auguste Dumont, renouant avec la tradition impériale : Napoléon Ier est représenté en César, tenant une Victoire et portant le glaive. Mais les communards, le 16 mai 1871, renversent la statue, « symbole de force brute et de fausse gloire [...], attentat perpétuel à l'un des trois grands principes de la Révolution française, la Fraternité ». La statue est néanmoins restaurée en 1873, et hissée sur la colonne le 27 décembre 1875 par la République naissante. Ayant perdu sa force symbolique, le monument n'est plus aujourd'hui un enjeu politique.