Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Vendée (guerre de). (suite)

Les jeux de mémoire ont continué à focaliser sur la région Vendée, aux limites imprécises, des luttes politiques et sociales qui ont façonné une personnalité régionale particulière, marquée par des engagements continuels. Le résultat social aura été la constitution d'une communauté soucieuse de maintenir vivaces ses souvenirs, dans un camp comme dans l'autre, soucieuse également de demeurer ancrée sur sa terre ; si bien que les élites conservatrices peuvent, à la fin du XIXe siècle, orienter la région vers une activité industrielle destinée à fixer la main-d'œuvre locale sur place. Paradoxalement, la guerre de Vendée aura été à la base d'une « invention régionale » tout à fait originale, dont les effets ne sont pas abolis. Des associations de défense du souvenir et certains spectacles ont contribué jusqu'à nos jours à entretenir cette singularité. Et, désormais, la France a intégré l'histoire de la Vendée, au point même que l'historiographie, longtemps hostile, en a fait un des points centraux de la compréhension de l'histoire de la Révolution.

vendémiaire an IV (journée du 13),

insurrection royaliste sous la Révolution (5 octobre 1795), dont la répression place au-devant de la scène le général Bonaparte.

En dépit du succès des armées républicaines face au débarquement de Quiberon (juillet 1795), il apparaît que le danger royaliste ne vient pas seulement de ceux qui combattent les armes à la main : les thermidoriens républicains prennent conscience que les élections qui doivent suivre la mise en place du nouveau régime - le Directoire - risquent de donner un pouvoir légal aux réactionnaires. Les 22 et 30 août 1795 sont donc promulgués des décrets stipulant que les deux tiers des représentants aux Conseils des Anciens et des Cinq-Cents devront être choisis parmi les anciens conventionnels. De surcroît, de nouvelles mesures sont prises contre les émigrés et contre les prêtres, tandis que les sans-culottes recouvrent l'autorisation d'être armés.

Dans la crainte du retour de la Terreur et dépourvus désormais de l'espoir de reconquérir le pouvoir par la voie légale, les royalistes déclenchent l'insurrection : les premiers troubles éclatent à Dreux le 10 vendémaire (2 octobre 1795). Les sections parisiennes favorables au mouvement prennent les armes le lendemain : celle de Lepeletier, qui correspond au quartier de la Bourse, devient le centre actif de la rébellion. Parmi les militaires qui dirigent la répression figure le général Menou, que ses sympathies royalistes empêchent d'agir avec efficacité. Le 13 vendémiaire, Barras, membre de la commission chargée par l'Assemblée de la direction des opérations, confie le commandement des troupes parisiennes à des généraux ayant déjà prouvé leur dévouement à la Révolution. Il désigne ainsi Bonaparte, sans emploi depuis le siège de Toulon. C'est lui qui prend les dispositions essentielles, laissant à Murat le soin de ramener aux Tuileries des pièces d'artillerie prises au camp des Sablons, ordonnant de barrer les avenues qui conduisent au siège du gouvernement : il fait ainsi échouer la tentative des manifestants de prendre le palais en s'infiltrant à la fois au nord et au sud. La mitraillade des derniers insurgés sur les marches de l'église Saint-Roch - épisode souvent mentionné - n'est en fait qu'une légende. La victoire est aisément remportée par les troupes de la Convention, dont l'organisation est de loin supérieure à celle des rebelles. En revanche, le succès est moins net sur le plan électoral : la poussée réactionnaire tant redoutée a lieu. Quant à Bonaparte, il est récompensé de ses services par une nomination, le 17 vendémiaire, aux fonctions de général en second de l'armée de l'Intérieur. Il devient général de division le 24.

Vendôme (colonne)

, monument dédié à la Grande Armée, inauguré en 1810, au milieu de la place Vendôme, à Paris, à l'emplacement où se trouvait une statue équestre de Louis XIV, détruite le 7 août 1792.

Le projet initial est modifié plusieurs fois. Bonaparte, alors Premier consul, pense d'abord transférer la colonne Trajane de Rome, mais y renonce bientôt. En 1803, il signe un arrêté ordonnant d'élever un monument inspiré de cette colonne triomphale romaine : le fût doit être orné de personnages allégoriques représentant les 108 départements de la République française et surmonté de la statue de Charlemagne (placée sur le tombeau de l'empereur carolingien, à Aix-la-Chapelle). Après la proclamation de l'Empire (mai 1804), on prévoit finalement de coiffer la future colonne d'une statue de Napoléon. La victoire d'Austerlitz (décembre 1805) ayant permis la saisie de nombreux canons autrichiens, le bronze nécessaire à la réalisation du monument est obtenu par la fonte de ces pièces d'artillerie. Le peintre et graveur Pierre Bergeret conçoit les bas-reliefs en spirale, qui rappellent les faits d'arme de la campagne victorieuse de 1805, tandis qu'Antoine-Denis Chaudet crée une statue en bronze de l'Empereur, drapé à l'antique, tenant une Victoire et un glaive.

Le 8 avril 1814, sous la Restauration, la statue est renversée, remplacée par le drapeau blanc à fleur de lys, symbole de la monarchie. Mais, dès son avènement, Louis-Philippe fait retirer le drapeau et décide d'ériger une nouvelle statue de Napoléon. Œuvre de Charles-Marie Seurre, la sculpture développe le thème du « petit caporal », vêtu de son uniforme de soldat, la main dans le gilet : le militaire est glorifié, non l'Empereur. La statue est placée en grande pompe sur la colonne lors du troisième anniversaire de la monarchie de Juillet.

Sous le second Empire, Napoléon III la fait remplacer par une nouvelle sculpture, d'Auguste Dumont, renouant avec la tradition impériale : Napoléon Ier est représenté en César, tenant une Victoire et portant le glaive. Mais les communards, le 16 mai 1871, renversent la statue, « symbole de force brute et de fausse gloire [...], attentat perpétuel à l'un des trois grands principes de la Révolution française, la Fraternité ». La statue est néanmoins restaurée en 1873, et hissée sur la colonne le 27 décembre 1875 par la République naissante. Ayant perdu sa force symbolique, le monument n'est plus aujourd'hui un enjeu politique.