Coligny (Gaspard de Châtillon, sire de),
amiral de France (Châtillon-sur-Loing, aujourd'hui Châtillon-Coligny, Loiret, 1519 - Paris 1572).
Élevé dans la religion catholique, Gaspard de Coligny jouit d'abord d'une grande faveur à la cour d'Henri II : homme de guerre aux qualités éprouvées, il participe en 1544 à la victoire de Cérisoles, remportée sur les Impériaux, et devient amiral de France en 1552. Gouverneur de Picardie (1555), il défend la ville de Saint-Quentin assiégée par les Espagnols en 1557. À l'instar d'une fraction notable de la noblesse française, il se convertit à la Réforme en 1558 : il est alors, avec Louis Ier de Condé, le principal chef du parti huguenot. Il n'en reste pas moins favorable à la négociation et se rallie à la politique de conciliation menée par Catherine de Médicis, œuvrant, à ses côtés, à la préparation du colloque de Poissy. Lorsque, en 1562, éclate la première guerre de Religion, il rejoint l'armée de Condé à Orléans, et prend part aux batailles de Dreux (1562) et Saint-Denis (1567). Devenu, après la mort de Condé à Jarnac (1569), le chef de guerre le plus en vue du parti protestant, il échoue, la même année, devant les troupes du duc d'Anjou, à Moncontour. En dépit de sa défaite, il obtient la paix de Saint-Germain (1570), qui assure à ses coreligionnaires quatre places de sûreté. Membre du Conseil privé de Charles IX en 1571, il prend sur le monarque un ascendant qui inquiète Catherine de Médicis et suscite le mécontentement croissant des catholiques. Pensant qu'une guerre aux frontières saura ressouder l'unité nationale, il presse le roi d'intervenir aux Pays-Bas, aux côtés des protestants de Guillaume d'Orange, contre le roi d'Espagne Philippe II. Mais il rencontre l'opposition conjuguée de la reine mère et des principaux membres du Conseil, qui ne veulent pas s'engager dans un conflit avec l'Espagne. Blessé le 22 août 1572 par Maurevert, dont les Guises et peut-être Catherine de Médicis ont armé le bras, il est assassiné deux jours plus tard durant la nuit de la Saint-Barthélemy, dont il est l'une des premières victimes. Le 25 août, le peuple traîne son cadavre dans les rues et le mutile avant de le pendre au gibet de Montfaucon. La mort de Coligny marque l'échec d'une politique trop louvoyante et ambivalente pour qu'elle puisse résister longtemps à la radicalisation des antagonismes confessionnels. Gaspard de Coligny est le frère du cardinal Odet de Coligny (1517-1571), évêque qui rallie le camp huguenot en 1563, et de François, seigneur d'Andelot (1521-1569), l'un des principaux chefs de guerre du parti protestant pendant les trois premières guerres de Religion.
Collaboration,
politique menée par le régime de Vichy à l'égard de l'occupant nazi entre 1940 et 1944. La collaboration d'État se distingue du « collaborationnisme », phénomène essentiellement parisien, fondé d'abord sur des affinités idéologiques avec le national-socialisme.
La collaboration d'État.
• L'armistice du 22 juin 1940 impose au gouvernement français de mettre en œuvre une collaboration entre les services administratifs français et les autorités militaires allemandes en zone occupée (article 3). Mais, dès l'été 1940, le régime de Vichy cherche à nouer avec l'Allemagne nazie des relations qui dépassent cette collaboration technique. Le choix de la collaboration d'État se fonde sur trois postulats : le régime de Vichy est un État souverain ; la victoire allemande est certaine ; en négociant avec le vainqueur, la France peut espérer une amélioration de son sort durant la guerre, et un « traitement » privilégié dans le « nouvel ordre européen » en gestation. Les motivations idéologiques ne sont pas absentes : fascination diffuse pour la puissance nazie ; anglophobie attisée par le drame de Mers- el-Kébir ; volonté de profiter de la défaite pour imposer un nouveau régime. Sur ce dernier point, la collaboration d'État apparaît comme le prolongement diplomatique de la « révolution nationale », chère au maréchal Pétain.
Le 30 octobre 1940, une semaine après son entrevue à Montoire avec Hitler, Pétain officialise l'entrée de la France dans « la voie de la collaboration ». L'Allemagne a déjà violé l'armistice à plusieurs reprises, mais le gouvernement de Vichy veut croire aux vertus de cette politique, surtout à un moment où le Führer a besoin de sa neutralité face à l'Angleterre. Vice-président du Conseil, Laval s'engage alors dans la voie de la collaboration économique en autorisant les entreprises françaises à signer des contrats avec les Allemands. Après son renvoi (13 décembre 1940), la collaboration d'État connaît de nouveaux progrès, sous l'impulsion de Darlan (février 1941-avril 1942). En juin 1941, l'essayiste Jacques Benoist-Méchin, admirateur du IIIe Reich, est chargé des relations franco-allemandes. En signant les protocoles de Paris le 28 mai 1941, Darlan accepte le principe d'une collaboration militaire pour l'utilisation des bases coloniales. Ce projet n'aboutit pas, mais, à partir de l'été 1941, le ministre de l'Intérieur, Pierre Pucheu, étend la collaboration à la répression et à la politique antisémite déjà mises en place de manière autonome par Vichy depuis 1940.
Le retour de Laval.
• Revenu à Vichy, en tant que « chef du gouvernement » le 18 avril 1942, Laval déclare ouvertement, le 22 juin, qu'il souhaite la victoire de l'Allemagne. Vichy gère les exigences toujours plus pressantes de l'Allemagne, tout en s'efforçant de préserver sa capacité d'initiative. Laval s'engage dans des marchandages sur le sort des juifs, qui facilitent la déportation des étrangers et des dénaturalisés sans éviter celle des juifs français. Les « accords » conclus entre René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy (avril 1942-décembre 1943), et le général SS Oberg scellent la collaboration des polices. La police française procède ainsi à l'arrestation de 13 000 juifs, les 16 et 17 juillet 1942, lors de la rafle du Vel'd'hiv'. Tous sont déportés. La collaboration économique s'intensifie aussi avec « la relève », qui prévoit le retour d'un prisonnier de guerre moyennant le départ de trois travailleurs français en Allemagne.