Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Viviani (René),

homme politique (Sidi-bel-Abbès, Algérie, 1863 - Le Plessis Robinson, Hauts-de-Seine, 1925).

Fils d'un conseiller général d'Oran d'origine corse, René Viviani commence sa carrière au barreau d'Alger avant de se fixer à Paris. Acquis aux idées socialistes, il est l'avocat des cheminots ainsi que des mineurs de Carmaux et le rédacteur en chef de la Petite République. En 1893, il est élu député de Paris (il sera député de la Creuse de 1906 à 1922) et siège à la Chambre parmi les socialistes indépendants, aux côtés de Millerand et de Jaurès. Défenseur des droits des femmes, il obtient le vote de la loi qui leur permet d'accéder au métier d'avocat (1899) ; anticlérical, il salue la séparation des Églises et de l'État (1905). Mais, aussitôt l'unité socialiste réalisée, il rompt avec la SFIO pour devenir ministre du Travail des gouvernements Clemenceau et Briand (1906-1910). Premier titulaire de ce portefeuille, il fait progresser la législation sociale française (loi sur le repos hebdomadaire de 1906). Après la victoire de la gauche aux élections de 1914, Poincaré l'appelle à la présidence du Conseil : il tente de sauver la paix, mais il doit se résoudre à la mobilisation générale et forme alors le premier cabinet d'« union sacrée ». Après avoir quitté la présidence du Conseil (octobre 1915), il prend en charge la Justice. La paix revenue, il joue un rôle international actif et représente la France à la SDN (1920-1921). Il rejoint le Sénat en 1922, mais sa carrière politique est brisée en juin 1923 par une attaque d'apoplexie qui le laisse paralysé.

Vix (tombe de),

célèbre tombe de l'âge du fer située en Bourgogne et datant d'environ 500 ans avant J.-C. ; on y a mis au jour le plus grand vase en bronze connu datant de l'Antiquité.

La découverte de la tombe, en 1953, appartient à l'épopée de la recherche archéologique française. La sépulture a été trouvée à Vix, commune située à quelques kilomètres au nord de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or), sur les bords de la Seine et au pied du mont Lassois. La chambre funéraire, en bois, mesurait trois mètres de côté et était recouverte d'un vaste tumulus en calcaire, presque arasé, d'une quarantaine de mètres de diamètre. La défunte reposait sur la caisse d'un char en bois rehaussé d'ornements de bronze, dont les quatre roues, démontées, étaient alignées contre la paroi est de la chambre. La « princesse » de Vix, âgée d'environ 30 à 40 ans, portait un torque en or (souvent considéré comme un diadème), terminé par deux boules ornées de petits chevaux ailés. Cet objet n'a pas d'équivalent et est parfois rapproché de l'art scythe. Le reste de la parure (fibules, torque creux en bronze, bracelets, perles) est typique de la fin de la période de Hallstatt dans la région. À côté se trouvait le fameux cratère en bronze, qui mesure 1,6 mètre de haut, pèse 200 kilos et peut contenir 1 000 litres. Il a sans doute été fabriqué dans une ville grecque d'Italie du Sud, à l'usage des Barbares du Nord et à des fins commerciales. Ses deux anses sont ornées d'une Gorgone et ses parois montrent des soldats en armes. Le couvercle pouvait servir de passoire à vin et était surmonté d'une statuette. Au-dessus et à côté se trouvaient encore plusieurs récipients en argent, en bronze ou en céramique, de provenance étrusque et grecque, et datant de la fin du VIe siècle avant J.-C.

De toute évidence, la princesse de Vix, comme les occupants d'autres tombes voisines mais de moindre richesse, appartenait à l'aristocratie qui régnait sur la résidence princière du mont Lassois et tirait son pouvoir du contrôle des échanges entre le monde méditerranéen, le nord de la Gaule et la Grande-Bretagne, par l'axe du Rhône, de la Saône et de la Seine. Les objets de prestige trouvés dans la tombe, liés à la consommation de vin par l'aristocratie, avaient été en partie fabriqués spécifiquement pour cet usage, le monde grec proprement dit n'ayant jamais utilisé de cratères d'une taille comparable. C'est peu après le creusement de la tombe que les résidences princières hallstattiennes furent abandonnées, aussi bien dans l'est de la France que dans le sud de l'Allemagne, tandis que prenait fin, pour un temps, le commerce entre la Méditerranée et l'intérieur.

Vizille (assemblée de),

réunion tenue le 21 juillet 1788 au château de Vizille, près de Grenoble, par des représentants des trois ordres de la province du Dauphiné.

Après la « journée des tuiles » qui a agité Grenoble le 7 juin, l'effervescence politique qui gagne le royaume depuis 1787 s'accroît en Dauphiné, où elle prend un tour nouveau.

Décidée le 14 juin, lors d'une rencontre tenue à l'hôtel de ville de Grenoble, la réunion de l'assemblée de Vizille se veut un acte de résistance positive aux mesures de réorganisation judiciaire et financière prises par l'autorité royale. Constituée de 50 ecclésiastiques, de 165 nobles et de 276 membres du tiers état, l'assemblée reprend les formes archaïques de la société d'ordres, mais la tonalité des propos est inédite. Emmenés par un jeune magistrat, Jean-Joseph Mounier, les représentants de la province réaffirment des exigences traditionnelles (rétablissement des parlements et des états du Dauphiné) mais prennent aussi, dans leur arrêté final, des résolutions novatrices : doublement du nombre des représentants du Tiers dans les états provinciaux, et prépondérance pour les questions fiscales des états généraux du royaume, dont la convocation est demandée. Plus importante encore est l'affirmation d'une solidarité nationale par-delà les particularismes locaux : « Les trois ordres du Dauphiné ne sépareront jamais leur cause de celle des autres provinces et, en soutenant leurs droits particuliers, ils n'abandonneront pas ceux de la nation. » Ce n'est certes pas le serment du Jeu de paume, mais Vizille marque une étape importante dans la constitution du discours politique révolutionnaire. Par cet acte, les Dauphinois recouvrent une partie de leurs droits ; surtout, à quelques mois de l'ouverture des états généraux de 1789, ils font entendre une voix nouvelle qui préfigure celle de la Révolution.