France libre, (suite)
Une France patriotique et républicaine.
• La France libre exprime d'abord le rejet patriotique de l'armistice. Un rejet qui provoque, dès l'été 1940, la rupture avec Vichy. Toutefois, le divorce entre les « deux France » se colore de considérations politiques et idéologiques à mesure que les Français libres se posent en défenseurs du patrimoine républicain et démocratique. La prétention du général de Gaulle à rassembler les Français le conduit à se rallier au régime républicain, seul capable, à ses yeux, de satisfaire cette ambition. En outre, la défense des idéaux démocratiques place la France libre et les Alliés sur le même plan idéologique. Enfin, le rapprochement, voulu par de Gaulle, avec une Résistance intérieure fortement enracinée à gauche, ainsi que le ralliement de personnalités telles que Léon Blum ou Pierre Mendès France renforcent cette évolution. La France libre parvient donc à s'imposer à la fois contre Vichy, comme le champion de la cause nationale, et contre les giraudistes, comme l'incarnation de l'idéal démocratique et républicain. De là découlent l'étonnant syncrétisme du nationalisme gaullien ainsi que sa capacité d'attirer des hommes issus d'horizons très divers.
Une reconnaissance difficilement acquise.
• Pour autant, les rapports avec la Résistance intérieure ne sont pas faciles, et il faut attendre 1942 pour que Jean Moulin, délégué du Comité national français, parvienne à engager l'unification de la Résistance intérieure et son ralliement à la France libre, officiellement nommée « France combattante » à partir de juillet. Avec la Grande-Bretagne, les relations demeurent cordiales tant que les prétentions étatiques de la France libre restent discrètes. Mais les affaires de Syrie (1941) ou de Madagascar (1942) soulignent la persistance de vieux antagonismes franco-britanniques. Avec les États-Unis, les relations sont encore plus tendues. En effet, Roosevelt n'admet pas les prétentions gaulliennes, et, par un mélange d'idéalisme et de souci des intérêts américains, il soutient Giraud contre de Gaulle. Les accrochages se répètent à propos du gouvernement provisoire et de la prise du pouvoir à la Libération, au point que les États-Unis ne reconnaissent qu'en octobre 1944 le Gouvernement provisoire de la République française.