égyptologue (Figeac 1790 - Paris 1832).
Le fondateur de l'égyptologie scientifique est d'abord un élève du lycée de Grenoble qui s'enflamme pour les langues anciennes, apprend le latin, le grec, l'hébreu, l'araméen, le syriaque, l'éthiopien, l'arabe, puis le copte. Il est encouragé par Joseph Fourier, mathématicien et préfet de l'Isère, mais surtout compagnon de Bonaparte en Égypte, ancien secrétaire général de l'Institut du Caire, et préfacier de la Description de l'Égypte. À 16 ans, Champollion présente un Essai de description géographique de l'Égypte avant la conquête de Cambyse à l'académie de Grenoble, qui l'élit comme correspondant. En 1807, à Paris, il suit des cours à l'École des langues orientales et au Collège de France, ébauche un dictionnaire et une grammaire coptes. En 1809, il revient à Grenoble comme professeur suppléant d'histoire à la faculté des lettres : il a moins de 20 ans.
Il s'acharne à comparer les textes grecs, démotiques et hiéroglyphiques des fac-similés de la pierre de Rosette (découverte en 1799 dans le delta du Nil), puis de l'obélisque de Philae. Il accumule les hypothèses hasardeuses, puis comprend que les hiéroglyphes sont tout à la fois idéographiques, symboliques et phonétiques. Des noms de souverains non égyptiens lui permettent d'esquisser un alphabet. Le 14 septembre 1822, le symbole du soleil (« ra », en copte), deux « s », un signe qui, décide-t-il, correspond au « m », lui livrent l'écriture du nom de Ramsès. Les hiéroglyphes mêlent bien idéogrammes et signes phonétiques. Dès le 27, il présente à l'Institut sa Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques. Ce n'est qu'une esquisse et l'on conteste son antériorité et sa méthode, surtout en Angleterre, mais c'est le début du déchiffrement. Champollion prépare alors une grammaire et un dictionnaire (publiés après sa mort) et fait acheter la collection de Salt, ancien consul anglais à Alexandrie, fonds principal du musée égyptien du Louvre, dont il est nommé conservateur en 1826. De 1828 à 1830, il dirige une expédition scientifique en Égypte - où il ne s'était jamais rendu -, entre à l'Institut en 1830 et au Collège de France en 1831.
Au-delà de ses travaux, des honneurs et de sa mort prématurée due à la tuberculose, il est pour la postérité une sorte de mythe, incarnant tout à la fois la volonté de savoir, le travail forcené, l'inspiration géniale, le goût de l'antique, l'exotisme oriental, l'esprit des Lumières.