Guillaume Ier le Bâtard, (suite)
La conquête de l'Angleterre fait de lui le prince le plus puissant d'Occident. En 1066, en effet, le roi d'Angleterre Édouard le Confesseur meurt, qui a désigné Guillaume comme son héritier. Ce dernier entreprend la conquête du royaume que lui a ravi le noble saxon Harold. Soutenu par Philippe Ier, roi des Francs de 1060 à 1108, et par le pape, il mobilise les nobles normands, ainsi que de nombreux chevaliers bretons, flamands et français, et rassemble une grande flotte de type viking, comme le montre la tapisserie de Bayeux. À la suite de sa victoire à Hastings, le 14 octobre 1066, Guillaume est couronné roi d'Angleterre à Westminster le jour de Noël. C'est surtout la reine Mathilde qui gouverne dès lors la Normandie. Outre-Manche, après une difficile victoire sur la grande révolte anglo-saxonne de 1068-1072, Guillaume entreprend une vaste politique de « normandisation » du pays : il fait construire de nombreuses forteresses, confie toutes les hautes fonctions laïques et ecclésiastiques à des Normands, redistribue l'ensemble des terres à l'aristocratie et aux monastères continentaux, et, enfin, instaure un régime féodal rigoureux qui renforce la puissance royale. Fort de l'appui du pape, Guillaume réforme aussi l'Église d'Angleterre avec l'aide de brillants clercs d'origine italienne formés à l'abbaye du Bec-Hellouin, tels Lanfranc (vers 1005-1089) et Anselme (1033-1109). Même si, à sa mort, la Normandie et l'Angleterre sont de nouveau séparées (et cela jusqu'en 1105), la conquête et la politique de Guillaume ont donné naissance aux liens politiques, sociaux et religieux qui assurent l'unité du monde anglo-normand jusqu'au XIIIe siècle, voire au-delà.