homme politique (Saint-Jean-Chambre, Ardèche, 1756 - Paris 1826).
Avant la Révolution, ce protestant, avocat au parlement de Paris, déploie ses talents littéraires en tant que membre des académies de Lyon et de Nîmes, et correspondant de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Il est élu député aux états généraux pour la sénéchaussée d'Annonay en 1789, puis représente l'Ardèche à la Convention, où, jusqu'au 9 thermidor an II (27 juillet 1794), il intervient très peu à la tribune. Ses écrits des premiers temps révolutionnaires ne correspondent pas à l'image de modéré que l'historiographie lui a faite : en 1791, contre l'abbé Raynal et avec Robespierre, il soutient la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (1789), ainsi que ce « moyen violent » qu'est l'insurrection, puisque l'on doit « tout détruire afin de tout recréer ».
Après la chute des robespierristes, il devient l'une des figures centrales du « moment thermidorien ». Membre du Comité de salut public (décembre 1794), il est président de la Convention lors de la dernière grande insurrection populaire du 1er prairial an III (20 mai 1795). C'est lui qui, dit-on, salue respectueusement la tête tranchée du député Féraud ; un geste de courage qui lui vaut, au XIXe siècle, une grande popularité auprès des conservateurs. En 1795, il reprend les arguments de Raynal, qu'il a pourtant combattus quatre ans plus tôt. En l'an III, il ne s'agit plus, pour lui, de défendre la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, mais d'en stigmatiser le danger : le peuple risque à tout moment de réclamer ses droits et de plonger l'État dans l'anarchie, dont la période de la Terreur est, à ses yeux, emblématique. Boissy d'Anglas est l'un des auteurs de la Constitution de 1795, substituée à celle de 1793 par un coup d'État parlementaire, et dont il résume l'enjeu dans cette phrase demeurée célèbre : « Un pays gouverné par les propriétaires est dans l'ordre social ; celui où les non-propriétaires gouvernent est dans l'état de nature. » Ce n'est plus le droit naturel à l'égalité qui doit gouverner les rapports entre citoyens dans l'état social, mais la propriété. Le suffrage censitaire est rétabli ; la référence aux droits naturels, jugée subversive, disparaît de la Déclaration. Parallèlement à cette justification d'une République des propriétaires, il développe une conception colonialiste des rapports d'échange. Élu au Conseil des Cinq-Cents, membre du Tribunat, sénateur et comte d'Empire, il se rallie ensuite à la Restauration.