Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
B

basoche, (suite)

La basoche reproduit sur le mode parodique les institutions juridiques des différentes cours et les rites de sociabilité des officiers de justice. Le royaume de basoche est ainsi dirigé par un chancelier, élu chaque année par l'ensemble des clercs, et se compose d'une juridiction centrale, formée d'officiers (les princes de la basoche) et de juridictions territoriales qui s'insèrent dans le cadre des prévôtés royales. Les audiences hebdomadaires des cours basochiales, ainsi que diverses fêtes et processions annuelles, sont l'occasion de rites bouffons pastichant les usages et les mœurs des gens de justice. Mais la basoche devient aussi, progressivement, un véritable organe juridictionnel chargé de régler les litiges civils entre les clercs et disposant de larges pouvoirs disciplinaires sur la profession. Ces diverses compétences sont d'ailleurs reconnues par le pouvoir royal en 1528, puis de nouveau en 1604 et 1642. La basoche parvient même à contrôler l'accès à la profession de procureur en détenant le monopole de délivrance des certificats d'ancienneté nécessaires pour obtenir cette fonction. La basoche est ainsi un des exemples les plus significatifs de ces corps à la fois professionnels et sociaux qui organisent la société urbaine d'Ancien Régime.

basque (Pays),

région des Pyrénées occidentales, de langue et de culture basques. Bien que n'ayant jamais véritablement connu d'existence politique indépendante, le Pays basque constitue une entité ethnique et culturelle, caractérisée notamment par une langue dont l'origine n'est pas indo-européenne.

Le peuple basque vient, semble-t-il, de la péninsule Ibérique et s'installe dans les vallées pyrénéennes à partir du VIe siècle. À la suite d'une lente progression du VIe au VIIe siècle, les Basques finissent par occuper l'ensemble des territoires compris entre la Garonne et les Pyrénées, c'est-à-dire l'ancienne province romaine de Novem-populanie, donnant ainsi naissance à la Wasconia, ou Gascogne.

Les Basques refusent cependant de se soumettre à la monarchie franque et entretiennent un climat d'insécurité dans tout le piémont pyrénéen, jusqu'à la vallée de la Garonne. Afin de les contenir dans leurs montagnes, le roi franc Dagobert crée en 629 un royaume d'Aquitaine, avec Toulouse pour capitale, et en confie la charge à son demi-frère, Caribert. Après la mort de ce dernier, Dagobert reprend directement l'offensive contre les Basques, qu'il écrase en 635. Leur soumission aux rois francs reste cependant théorique, car ils bénéficient indirectement de la construction d'une principauté d'Aquitaine, indépendante aux VIIe et VIIIe siècles. Lorsque l'Aquitaine est intégrée au royaume carolingien, entre 760 et 768, les Basques, réfugiés dans les Pyrénées, refusent de nouveau de se soumettre. Ils massacrent ainsi, en 778, au col de Roncevaux, l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne de retour d'Espagne.

La constitution d'un comté de Gascogne au début du IXe siècle et l'essor du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle aux Xe et XIIe siècles assurent enfin l'intégration du peuple basque au monde franc. Durant tout le Moyen Âge et la période moderne, le pays et le peuple basques demeurent toutefois partagés entre la souveraineté des rois de France, des rois de Navarre et des rois de Castille. La fixation progressive de la frontière pyrénéenne entre la France et l'Espagne ne laisse en définitive qu'une petite minorité de la population basque (celle de la Basse-Navarre, de la Soule et du Labourd) sous souveraineté française.

Aux XIXe et XXe siècles, la naissance et l'essor du nationalisme au Pays basque espagnol n'ont que peu d'incidences sur le Pays basque français, qui reste bien intégré à la République. Si un courant nationaliste finit par apparaître dans les années soixante et se double, à partir de 1973, d'un groupe clandestin (Iparretarak, « Ceux du Nord ») lié au terrorisme basque espagnol, le mouvement indépendantiste ne peut compter que sur 5 à 6 % des suffrages aux élections. La singularité basque continue ainsi d'exister en France sans structure politique propre.

Bastiat (Frédéric),

économiste (Bayonne 1801 - Rome 1850).

Ce fils de négociant se tourne très tôt vers l'action publique. Son engagement est dès l'origine marqué par une grande défiance à l'égard de l'État et du rôle que celui-ci entend jouer dans l'économie. Mais, d'un strict point de vue politique, Bastiat est conservateur : il soutient en 1830 un candidat hostile aux « 221 » qui avaient voté l'adresse à Charles X, contre le gouvernement Polignac. Sa pensée économique se structure autour des idées libre-échangistes, influencées par celles de l'Anglais Cobden. En 1844, il envoie au Journal des économistes un article consacré aux tarifs franco-anglais, analyse d'inspiration libérale sur les relations commerciales entre les deux pays, qui connaît un vif succès. Bastiat organise alors la société libre-échangiste à Bordeaux, avant de rejoindre à Paris le duc d'Harcourt, animateur du mouvement. Ses opinions évoluent peu à peu d'une réflexion économique vers un combat politique contre le socialisme, notamment contre Proudhon, auquel l'oppose une polémique restée célèbre sur la légitimité de l'intérêt. Élu député des Landes en 1848, il défend à la Chambre sa conception d'un État cantonné à ses missions régaliennes. De santé fragile, Bastiat meurt laissant inachevé le manuscrit des Harmonies économiques, dont le titre rend compte d'une vision optimiste du libéralisme.

Théoricien plus qu'homme politique, il demeure en France comme l'un des pères de la pensée libérale. En témoigne le regain d'intérêt pour ses idées dans les rangs libéraux au cours des années quatre-vingt.

Bastille,

forteresse militaire édifiée en 1370 dans l'est de Paris, devenue prison d'État au XVIIe siècle, prise d'assaut par les Parisiens le 14 juillet 1789 et rasée peu après.

Histoire et légende.

• Haute de 30 mètres, bordée de larges fossés et flanquée de huit tours massives, la Bastille est une place forte construite lors de la guerre de Cent Ans pour défendre Paris. Elle accueille parfois des prisonniers dès le XVe siècle et devient, sous Louis XIII, l'une des prisons d'État où le roi peut faire enfermer, sur lettre de cachet, toute personne qu'il juge dangereuse pour la sécurité du royaume. D'une capacité d'environ cinquante places, la Bastille reçoit, entre 1659 et 1789, 5 279 prisonniers, hommes ou femmes, dont 80 % font un séjour de moins d'un an et 4 % de plus de cinq ans. Les prisonniers illustres, tels Fouquet, le Masque de fer, Latude, Voltaire, Lally-Tollendal ou Sade, contribuent à la légende d'une prison réservée aux élites, bien que les grands seigneurs ou les écrivains renommés y soient minoritaires.