nom donné au procès et à la condamnation à mort pour espionnage de Mata Hari, exécutée en octobre 1917.
Margaretha Geertruida Zelle, dite Mata Hari, née le 7 août 1876 en Hollande, défraie à deux reprises la chronique parisienne. Divorcée d'un officier néerlandais, John Rudolf Mac Campbell Leod, avec lequel elle vécut en Indonésie, elle s'installe à Paris comme prostituée de luxe. Entre 1905 et 1910, elle devient célèbre sous le nom de Mata Hari (« œil du ciel », en malais), avec un numéro de « danse sacrée » mêlant exotisme et érotisme. À l'instar de Loïe Fuller et d'Isadora Duncan, son heure de gloire est éphémère. Mais cette mythomane ne se résigne pas à retomber dans l'oubli.
La guerre venue, elle est recrutée par les services de renseignements allemands. Continuant à voyager entre les Pays-Bas, l'Angleterre, la France et l'Espagne, elle propose ses services aux militaires français du 2e Bureau. Manipulée par les uns et par les autres, elle est arrêtée au début de 1917 à Paris, pour espionnage pour le compte de l'Allemagne. Jugée en quarante-huit heures par un conseil de guerre le 24 juillet 1917, sur la foi d'un dossier presque vide, elle est fusillée le 15 octobre suivant. Cette « idole de quelques jours » (l'Éclair du 27 juillet 1917), demi-mondaine scandaleuse et espionne séduisante, est devenue, après sa mort, une figure légendaire du XXe siècle. Au-delà de l'affaire judiciaire, le mythe de Mata Hari révèle une « fascination ambiguë » (A. Dewerpe) envers une femme fatale entourée de mystère, « danseuse aux cent voiles » dérobant des secrets d'État.