Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
W

Westphalie (traités de),

traités des 24 et 28 octobre 1648 mettant fin à la guerre de Trente Ans dans le Saint Empire.

Les pourparlers duraient depuis 1644 dans les cités westphaliennes de Münster et Osnabrück. Ils butaient sur la restitution des biens catholiques confisqués par les protestants. Finalement, on s'accorde pour revenir au statu quo de 1624 ; le bénéfice de la liberté religieuse est étendu aux calvinistes allemands. Sur le plan politique et territorial, l'indépendance des Provinces-Unies et des cantons suisses est reconnue ; les princes alliés de la France retrouvent leurs États ; la Suède gagne la Poméranie occidentale et les évêchés de Brême et Verden, le Brandebourg s'empare de la Poméranie orientale, tandis que les négociateurs français (Servien et d'Avaux) obtiennent pour le roi, au détriment des Habsbourg d'Autriche, le landgraviat de la Haute et de la Basse-Alsace et la préfecture de la Décapole (dix villes, dont Colmar), mais pas Strasbourg. Le traité ne prévoit pas une annexion de l'Alsace à la France : son interprétation reste ouverte (« le plus fort l'emportera », selon Volmar, le négociateur impérial). La France contrôle le Rhin en tenant garnison à Philippsbourg et en occupant Brisach sur la rive droite. Cependant, en ménageant la Bavière catholique, qui conserve le Haut-Palatinat, Mazarin a veillé à ne pas déséquilibrer les forces en Allemagne au profit des protestants. Malgré ses possessions en Alsace, la France ne siège pas à la Diète impériale, mais, avec la Suède, elle devient explicitement garante de la paix et des « libertés germaniques » face à l'empereur. L'Espagne n'étant pas concernée par l'accord, la guerre franco-espagnole se poursuit jusqu'au traité des Pyrénées (1659).

Weygand (Maxime),

général (Bruxelles 1867 - Paris 1965).

Saint-Cyrien, il sert dans la cavalerie et effectue presque toute la Grande Guerre sous les ordres du général Foch, devenant major général des armées alliées en mars 1918. Après avoir gagné la Pologne, où il prend part, en 1920, à la bataille de Varsovie contre les forces bolcheviques, il est nommé en 1923 haut commissaire et commandant militaire au Levant. En 1930, il est placé à la tête de l'état-major général de l'armée et, un an plus tard, il prend les fonctions de vice-président du Conseil supérieur de la guerre, ce qui le désigne comme généralissime en cas de conflit. À ce poste, où il demeure jusqu'en 1935, Weygand joue un rôle non négligeable dans la préparation inadaptée de l'armée française à la guerre à venir. Ayant remplacé le général Gamelin à la tête des armées françaises en mai 1940, il essaie d'opposer une résistance sur la Somme et l'Aisne pour arrêter l'avancée des Allemands, mais ne peut empêcher le désastre. Partisan, comme le maréchal Pétain, d'un armistice avec l'Allemagne et l'Italie, cette personnalité réactionnaire et antirépublicaine devient ministre de la Défense nationale dans le premier gouvernement Laval, puis, en septembre 1940, délégué général du gouvernement de Vichy en Afrique du Nord, où il travaille à la réorganisation de l'armée et prend contact avec les Américains. Il est limogé en novembre 1941 sur intervention des nazis, qui l'enlèvent et le déportent en Allemagne en 1942. Déféré devant la Haute Cour de justice au lendemain des hostilités, il bénéficie d'un non-lieu. Au début des années 1960, il s'oppose au général de Gaulle en tant que partisan de l'Algérie française.

Wisigoths,

peuple germain originaire de Scandinavie, ayant établi un royaume en Gaule, au Ve siècle.

Repoussés par les Huns, les Wisigoths s'installent dans l'Empire romain en 376, mais se soulèvent deux ans plus tard et, à la bataille d'Andrinople, écrasent les troupes de l'empereur Valens, qui est tué. Après une longue errance, marquée par le sac de Rome en 410, ils sont conduits par leur chef Athaulf dans la région de Bordeaux, vers 412.

Installés une première fois en Narbonnaise en 413, les Wisigoths, bénéficiaires du statut de peuple fédéré, se voient accorder en 418 un traité particulièrement avantageux : bien que peu nombreux (environ 150 000), ils obtiennent, entre Toulouse et l'Océan, les deux tiers des terres et des biens ainsi que l'indépendance militaire, tout en restant théoriquement sous la tutelle politique de Rome. Théodoric Ier (418/451), tout en renouvelant le traité, se livre à des conquêtes territoriales. S'il échoue devant Arles en 425 et devant Narbonne en 436, il agrandit le royaume au-delà des Pyrénées. Il meurt en 451, aux champs Catalauniques, dans la grande bataille livrée contre Attila par les Romains et leurs alliés barbares. Son fils Théodoric II (453/466), qui monte sur le trône après l'assassinat de son frère aîné Thorismond, est, lui, en mesure d'imposer un empereur : à la mort de Valentinien III, en 455, il fait proclamer empereur à Arles un notable gallo-romain, Avitus, beau-père du poète Sidoine Apollinaire. Bien mieux, il réalise les ambitions de ses prédécesseurs en étendant son royaume jusqu'à la Méditerranée, puis jusqu'au Rhône et en Catalogne. C'est le roi Euric (466/484) qui porte la puissance du royaume à son apogée : tout le sud-ouest de la Gaule, de la Loire au Rhône, et presque toute la péninsule Ibérique sont sous sa domination. En Gaule, Euric occupe le Massif central et l'Auvergne en 475, et met fin à la fiction du traité de fédération en se faisant reconnaître comme roi indépendant.

Les Wisigoths s'efforcent alors d'établir durablement leur royaume. Aidé par des juristes romains, Euric fait mettre par écrit les traditions juridiques de son peuple, que l'on connaît sous le nom de « Code d'Euric ». Ces lois ne s'appliquent qu'aux Wisigoths, les Gallo-Romains étant, eux, soumis aux lois romaines rassemblées dans le Bréviaire d'Alaric, successeur d'Euric. Mais la question religieuse est un obstacle à l'assimilation des Wisigoths en Aquitaine. Convertis au christianisme, au IVe siècle, avant leur entrée dans l'Empire romain, ils embrassent l'arianisme, une hérésie condamnée au concile de Nicée (325). Pour les notables gallo-romains, catholiques nicéens, d'abord prêts à composer, l'opposition entre des barbares ariens et la Rome catholique rend bientôt impossible toute entente, d'autant qu'Euric persécute des évêques nicéens.