Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Vallès (Jules Louis),

journaliste et écrivain (Le Puy-en-Velay, Haute-Loire, 1832 - Paris 1885).

Fils d'un instituteur devenu agrégé de grammaire, Vallès est élève au lycée de Nantes, où il se lie aux révolutionnaires locaux, avant de s'enthousiasmer en 1848 pour la IIe République. Il s'installe alors à Paris, tente de résister au coup d'État de 1851, et doit se réfugier chez son père, qui le fait déclarer fou et interner quelques mois. Une fois bachelier, il regagne Paris, conspire contre l'Empire, mène une vie de journaliste bohème, puis en 1857 publie l'Argent, manuel du spéculateur en bourse, avec une préface sarcastique dédiée au financier Mirès. C'est le vrai début de sa carrière : il écrit pour le Figaro, le Progrès, l'Époque, etc., et, malgré la surveillance dont il est l'objet et les foudres de la censure, crée en 1867 la Rue, journal vite interdit. Les trois années suivantes sont jalonnées par plusieurs passages en prison et une sévère défaite aux législatives de 1869, face au républicain modéré Jules Simon.

À la chute de l'Empire, Vallès se retrouve chef d'un bataillon de la Garde nationale et participe, dès octobre 1870, à une tentative de sédition contre le gouvernement de la Défense nationale. En février 1871, il lance un journal, le Cri du peuple, bientôt interdit. Emprisonné, libéré en mars quand Paris s'insurge, il ressuscite avec succès son journal, est élu au Conseil de la Commune, au sein duquel il s'occupe d'enseignement puis des relations extérieures, plaidant toujours pour la liberté d'expression. Durant la Semaine sanglante, il se bat sur les barricades, mais parvient à échapper aux versaillais. Une condamnation à mort est prononcée contre lui en 1872, pendant son exil en Angleterre, où il commence, avec l'Enfant (1879), une trilogie semi-autobiographique. Après l'amnistie de 1880 et son retour en France, suivent le Bachelier (1881) et l'Insurgé (posthume, 1886), tandis que reparaît le Cri du peuple (1883), ouvert aux socialistes de toutes nuances. Lors de ses obsèques, 60 000 personnes suivent le cercueil, la cérémonie donnant lieu à une manifestation houleuse.

La postérité a retenu de Vallès sa trilogie, et surtout le premier volume, très dur pour ses parents, pour la petite-bourgeoisie soucieuse du qu'en-dira-t-on, pour une éducation fondée sur la répétition de modèles antiques. Il y met l'ironie au service d'une révolte moins intellectuelle qu'instinctive, manifeste sa tendresse pour les déshérités et sa nostalgie du monde rural, et témoigne de son époque et de son itinéraire, de l'enfance à la Commune, dans une langue chaleureuse, efficace, ennemie des rhétoriques traditionnelles.

Valmy (bataille de),

première victoire remportée par la France révolutionnaire sur la coalition austro-prussienne (20 septembre 1792).

L'armée prussienne de Brunswick se met en marche en juin 1792. Malgré la guérilla des paysans qui la harcèle sur ses arrières, elle s'empare de Longwy le 23 août : la route de Paris est ouverte. Le général Dumouriez, commandant l'armée française, décide d'arrêter Brunswick en l'obligeant au combat à Valmy, près de Sainte-Menehould. La bataille se résume en fait à une longue canonnade qui fait peu de victimes. Les troupes françaises, dirigées par Kellermann et composées de soldats de l'ancienne armée royale et de deux bataillons de volontaires, tiennent le choc sous les feux de l'artillerie ennemie. La résistance des Français - encouragée par Kellermann qui brandit son chapeau au bout de son sabre en leur faisant crier « Vive la nation » - étonne les Prussiens, qui rebroussent chemin. L'attitude des Français n'est pas la seule explication de cette retraite : les Prussiens sont décimés par la dysenterie et leur roi est plus motivé par le partage de la Pologne que par le sort de la France.

Certains historiens ont voulu minimiser la portée de la bataille de Valmy, expliquant soit que la victoire aurait été le fait de la ci-devant armée royale et non des volontaires, soit qu'elle aurait été « achetée » par Danton avec la complicité de son « frère » en maçonnerie Brunswick. Que Valmy ait été une grande victoire militaire ou non importe peu. Elle est une victoire politique et surtout psychologique immense, la première de la République.

Valois,

dynastie qui régna sur la France de 1328 à 1589.

Elle est issue de Charles, comte de Valois, frère du capétien Philippe IV le Bel. La lignée directe des Capétiens s'éteint en 1328, quand meurt, sans héritier mâle, le dernier fils de Philippe le Bel, Charles IV. Le cousin de ce dernier, Philippe de Valois (1293-1350), se fait alors reconnaître comme roi par les grands du royaume, et règne sous le nom de Philippe VI. Il est choisi parce qu'il est l'aîné des mâles de sang royal et « natif du royaume » : sont donc écartés de la succession Philippe d'Évreux (1301-1343), autre neveu de Philippe le Bel, et Édouard III d'Angleterre (1312-1377), petit-fils du même Philippe le Bel, mais en ligne féminine. L'ordre successoral n'est pas contesté dans l'immédiat, mais il servira bientôt de prétexte au déclenchement de la guerre dite « de Cent Ans », entre la France et l'Angleterre. Après la mort de Philippe VI, se succèdent de père en fils : Jean II le Bon (1350/1364), Charles V le Sage (1364/1380), Charles VI le Bien Aimé ou le Fol (1380/1422), Charles VII (1422/1461), Louis XI (1461/1483) et Charles VIII (1483/1498). La branche directe des Valois s'éteint donc à la septième génération, en 1498, lorsque Charles VIII meurt sans héritier.

La couronne revient alors au plus proche parent en ligne masculine du roi défunt, le duc Louis II d'Orléans, qui règne sous le nom de Louis XII : il est en effet le chef de la branche des Valois-Orléans, son grand-père étant Louis Ier d'Orléans, second fils du roi Charles V et frère puîné du roi Charles VI. La lignée royale des Valois-Orléans est éphémère, puisque Louis XII meurt en 1515, sans laisser de fils.

Son cousin et gendre François Ier (1494-1547), fils de Charles d'Angoulême, lui-même petit-fils du duc d'Orléans Louis Ier, devient roi de France. Cette ramification de la famille des Valois, dite « branche des Valois-Angoulême », se maintient jusqu'en 1589, le trône étant occupé successivement par le fils de François Ier, Henri II (1547/1559), puis par les trois fils que ce dernier a eus avec Catherine de Médicis : François II (1559/1560), Charles IX (1560/1574) et Henri III (1574/1589), tous décédés sans laisser de fils. Henri III mourant désigne expressément comme son successeur Henri de Bourbon, roi de Navarre, son cousin au vingt-deuxième degré, qui se trouve être le premier prince du sang (il appartient à la lignée fondée par Robert de Clermont, l'un des fils du roi capétien Saint Louis) selon les règles de dévolution de la couronne, et qui règne sous le nom d'Henri IV.