Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Afrique-Occidentale française (A-OF), (suite)

L'A-OF sous la IVe République.

• En 1940, le gouverneur général de l'A-OF, le général Boisson, refuse de se rallier à la France libre. Une tentative de débarquement des forces gaullistes à Dakar est repoussée par les batteries côtières (23-25 septembre 1940). Toutefois, au lendemain du débarquement allié en Afrique du Nord, en novembre 1942, Boisson doit se soumettre aux autorités d'Alger. En 1943, des troupes sont levées, qui rejoignent la France combattante.

Au lendemain du conflit, diverses améliorations sont apportées au statut des autochtones, dans l'esprit de la conférence de Brazzaville : suppression du régime de l'indigénat, abolition de la corvée. Par la suite, les crédits du Fonds d'investissement pour le développement économique et social des territoires d'outre-mer (FIDES) permettent le financement de nombreux aménagements tels que le percement du canal de Vridi, qui dote Abidjan d'un beau port en eau profonde (1951).

La Constitution de la IVe République généralise le principe de la représentation parlementaire des territoires d'outre-mer (anciennes colonies), et l'A-OF se voit alors attribuer 16 députés (élus au suffrage capacitaire et au double collège) et 20 sénateurs. Chaque territoire est doté d'une Assemblée, tandis que le gouverneur général est désormais assisté d'un Grand Conseil, organe de coordination composé de délégués des assemblées territoriales. Lors des premières élections, la victoire revient au Rassemblement démocratique africain (RDA), parti fondé au congrès de Bamako, en octobre 1946, par l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny et le Sénégalais Gabriel d'Arboussier. Cette formation, alors assez proche du parti communiste, est vivement combattue par l'administration et se heurte également à l'opposition des Indépendants d'outre-mer (IOM), regroupés autour de Léopold Sédar Senghor. À partir de 1950, un revirement se dessine dans l'attitude des dirigeants du RDA (qui va subir un sévère échec aux élections de 1951), dont la plupart des membres rompent l'alliance avec les communistes pour se rapprocher d'une formation centriste, l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).

Au printemps 1957, l'entrée en vigueur de la loi-cadre de juin 1956, dite « loi-cadre Defferre », introduit d'importantes modifications institutionnelles : elle instaure le suffrage universel et dote chaque territoire de l'A-OF d'un régime de semi-autonomie, avec une assemblée représentative et un embryon d'exécutif. La structure fédérale se trouve dès lors hypothéquée, et, en dépit des vœux de Senghor, la « balkanisation » de l'Afrique française se profile, due pour l'essentiel aux rivalités entre Senghor et Houphouët-Boigny, aux aspirations à l'indépendance de certains dirigeants locaux et à leurs craintes de subir la domination des élites sénégalaises.

1958 : l'éclatement.

• L'avènement de la Ve- République entérine la disparition de l'A-OF, comme d'ailleurs celle de l'A-ÉF. Lors de sa tournée africaine d'août 1958, le général de Gaulle déclare que les résultats du référendum du 28 septembre seront comptabilisés par territoire, et que tout territoire où le « non » l'emportera accédera aussitôt à l'indépendance, sans aucune garantie de coopération avec la France. Tel est le choix que font les Guinéens, qui, à l'appel du dirigeant local Sékou Touré, votent massivement « non ». Dans les semaines qui suivent, les Assemblées des autres territoires optent pour le statut d'État membre de la Communauté, qui leur est offert par la nouvelle Constitution. Les organes fédéraux et les services du gouvernement général sont mis en liquidation.

Agadir (crise d'),

crise diplomatique qui opposa en juillet 1911 l'Allemagne et la France à propos de la question marocaine.

Celle-ci, restée en suspens depuis la conférence d'Algésiras, met aux prises l'Allemagne, désireuse de préserver le statut international du Maroc, avec la France, qui cherche à y établir un protectorat. Or les ambitions françaises se sont récemment concrétisées avec la pénétration du colonel Lyautey dans la zone des Confins et, en 1908, avec la prise de la plaine de la Chaouïa. Aussi, lorsqu'en juin 1911 l'armée française occupe Fès et Meknès pour secourir le sultan Moulay Hafid attaqué par les rebelles, l'Allemagne décide-t-elle d'intervenir. Le 1er juillet 1911, elle envoie la canonnière Panther devant le port sud-marocain d'Agadir. La réaction française et internationale est immédiate. Tant au sein du gouvernement français (dirigé par le pacifiste Joseph Caillaux) que parmi les chancelleries européennes, les partisans d'une politique de guerre et ceux de la négociation s'opposent, provoquant une crise qui va durer un mois. L'appui résolu de la Grande-Bretagne à la France permet de parvenir à un accord. Par le traité du 4 novembre 1911, l'Allemagne laisse à la France les « mains libres » au Maroc, ce qui aboutira à l'établissement du protectorat français en 1912, et reçoit en échange une partie du Congo français. Cette crise témoigne de l'exacerbation des tensions européennes ; elle a elle-même alimenté la montée des nationalismes en Allemagne et en France, où elle a entraîné la chute du cabinet Caillaux.

âge du bronze,

période de la protohistoire, caractérisée par l'essor de la métallurgie et qui s'étend de 1800 à 750 avant J.-C. environ.

Si la métallurgie du cuivre, la plus ancienne avec celles de l'or et de l'argent, remonte en Europe au Ve millénaire et en France au IVe millénaire, le bronze - un alliage de cuivre et d'étain - n'apparaît en France qu'au début du IIe millénaire. Mais, comme le cuivre, il reste longtemps une matière rare et précieuse qui, plus que d'une révolution technique, témoigne du développement de sociétés hiérarchisées : arme ou bijou, l'objet de bronze est en effet essentiellement un objet de prestige, porté par les individus les plus riches et déposé dans leur tombe à leur mort, ou, parfois, enfoui dans des « cachettes ».

En général, on divise l'âge du bronze en trois périodes. Le bronze ancien, de 1800 à 1500 avant J.-C., est caractérisé par une métallurgie encore rudimentaire, où le bronze proprement dit est assez rare. Les formes des objets métalliques continuent d'imiter celles des objets de pierre ou d'os : haches plates, poignards plats et courts, épingles. De fait, d'un point de vue social et économique, mais aussi technique, cette période ne se distingue guère de la précédente, le chalcolithique. En France, on remarque à cette époque plusieurs « cultures » différentes. Dans l'Est, c'est la civilisation du Rhône, variante régionale de la brillante civilisation d'Un[v]etice, caractéristique de la Bohême et de l'Allemagne du Sud. Dans l'Ouest, on trouve la spectaculaire civilisation des tumulus armoricains, apparentée à la culture britannique du Wessex. Cette dernière est connue par ses tombes, parfois encore de tradition mégalithique, recouvertes d'un tertre de terre (tumulus), dans lesquelles ont été trouvés des parures en or (pectoral plat en forme de croissant), des vases en argent, mais aussi des pointes de flèche en silex d'une très grande finesse, qui représentent paradoxalement l'apogée de la taille de la pierre.