Afrique-Occidentale française (A-OF), (suite)
L'A-OF sous la IVe République.
• En 1940, le gouverneur général de l'A-OF, le général Boisson, refuse de se rallier à la France libre. Une tentative de débarquement des forces gaullistes à Dakar est repoussée par les batteries côtières (23-25 septembre 1940). Toutefois, au lendemain du débarquement allié en Afrique du Nord, en novembre 1942, Boisson doit se soumettre aux autorités d'Alger. En 1943, des troupes sont levées, qui rejoignent la France combattante.
Au lendemain du conflit, diverses améliorations sont apportées au statut des autochtones, dans l'esprit de la conférence de Brazzaville : suppression du régime de l'indigénat, abolition de la corvée. Par la suite, les crédits du Fonds d'investissement pour le développement économique et social des territoires d'outre-mer (FIDES) permettent le financement de nombreux aménagements tels que le percement du canal de Vridi, qui dote Abidjan d'un beau port en eau profonde (1951).
La Constitution de la IVe République généralise le principe de la représentation parlementaire des territoires d'outre-mer (anciennes colonies), et l'A-OF se voit alors attribuer 16 députés (élus au suffrage capacitaire et au double collège) et 20 sénateurs. Chaque territoire est doté d'une Assemblée, tandis que le gouverneur général est désormais assisté d'un Grand Conseil, organe de coordination composé de délégués des assemblées territoriales. Lors des premières élections, la victoire revient au Rassemblement démocratique africain (RDA), parti fondé au congrès de Bamako, en octobre 1946, par l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny et le Sénégalais Gabriel d'Arboussier. Cette formation, alors assez proche du parti communiste, est vivement combattue par l'administration et se heurte également à l'opposition des Indépendants d'outre-mer (IOM), regroupés autour de Léopold Sédar Senghor. À partir de 1950, un revirement se dessine dans l'attitude des dirigeants du RDA (qui va subir un sévère échec aux élections de 1951), dont la plupart des membres rompent l'alliance avec les communistes pour se rapprocher d'une formation centriste, l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).
Au printemps 1957, l'entrée en vigueur de la loi-cadre de juin 1956, dite « loi-cadre Defferre », introduit d'importantes modifications institutionnelles : elle instaure le suffrage universel et dote chaque territoire de l'A-OF d'un régime de semi-autonomie, avec une assemblée représentative et un embryon d'exécutif. La structure fédérale se trouve dès lors hypothéquée, et, en dépit des vœux de Senghor, la « balkanisation » de l'Afrique française se profile, due pour l'essentiel aux rivalités entre Senghor et Houphouët-Boigny, aux aspirations à l'indépendance de certains dirigeants locaux et à leurs craintes de subir la domination des élites sénégalaises.
1958 : l'éclatement.
• L'avènement de la Ve- République entérine la disparition de l'A-OF, comme d'ailleurs celle de l'A-ÉF. Lors de sa tournée africaine d'août 1958, le général de Gaulle déclare que les résultats du référendum du 28 septembre seront comptabilisés par territoire, et que tout territoire où le « non » l'emportera accédera aussitôt à l'indépendance, sans aucune garantie de coopération avec la France. Tel est le choix que font les Guinéens, qui, à l'appel du dirigeant local Sékou Touré, votent massivement « non ». Dans les semaines qui suivent, les Assemblées des autres territoires optent pour le statut d'État membre de la Communauté, qui leur est offert par la nouvelle Constitution. Les organes fédéraux et les services du gouvernement général sont mis en liquidation.